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« Karimix », blablateurs stériles ! - Par Alioune Badara Niang

Rédigé par leral.net le Jeudi 8 Janvier 2015 à 11:06 | | 0 commentaire(s)|

« Karimix », blablateurs stériles ! - Par Alioune Badara Niang
Par ce néologisme « karimix », vous l’aurez certainement deviné, je veux désigner péjorativement toutes ces personnes versatiles (Politiciens, Personnalités étrangères, Droit de l’Hommistes, Chefs religieux et tout le bataclan), à la mémoire courte, auto-proclamées fans de Karim Wade, le voyoucrate junior, et qui cherchent par leur insipide sérénade « Libérez Karim ! Libérez Karim ! » à enfumer les Sénégalais, ignorant coupablement tout ou presque, de ce qui l’a mené à sa situation actuelle.

En fait, je peux déjà commencer par ça : Affirmer que la mise en scène est rodée. Et le message adressé à l’opinion est clair : Karim est blanc comme neige ! Oui, vous avez bien lu. Ce n’est pas tout : Il est seulement emprisonné, pour avoir commis le « crime d’être le fils d’Abdoulaye Wade son père ». Et voilà, le petit pas est franchi et le pari lancé, pour en faire un « machin » politique avec effet boule de neige. De quoi, en toute ironie, ouvrir une « Blanchisserie Karim » !
Mais fort heureusement, depuis que le bourdonnement (plutôt le buzz pour être à la page) pour une liberté provisoire du prince et ancien ministre du ciel et de la Terre, est diffusé sur nos écrans médiatiques, la réalité rattrape la fiction. La décision de la CREI (Cour de Répression de l’enrichissement Illicite) est passée par là. Karim reste en prison. La raison est restée aux commandes. Il vaut mieux. Je le dis tout de go : c’est un fiasco. Les « karimix » voient leur petite fusée piquer du nez à peine les moteurs enclenchés. Déjà !

Alors, il faut les entendre mettre en cause les autorités, les militants d’autres partis, les simples citoyens. C’est trop mignon. Aujourd’hui, ils essaient de bafouiller la justice. Notre vaillante justice ! Une thèse débile, comme si le dernier refuge pour faire de la politique était l’enceinte d’un tribunal ! Et ce show « karimix », qui confine au Grand Guignol, veut faire sa tournée dans le temps et dans l’espace. Faudrait-il ne laisser s'exprimer sur ce sujet que ceux qui aboient ? Pour que les voleurs à la petite semaine trinquent plus que les escrocs de haut vol ?

Soyons objectifs. La reddition des comptes est une exigence de bonne gouvernance. Je dirais même que c’est une commande publique des Sénégalais et le président de la République et son équipe, se sont foncièrement engagés dans cette voie. L’épisode des biens mal acquis est un énième cliché de l’album-photos de la voyoucratie qui prévalait sous le voyoucrate Abdoulaye Wade, et surtout de l’immixtion fracassante de son fils dans la marche de l’Etat. Et par lien de cause à effet, Karim, rejeté par le vrai peuple comme une vilaine musaraigne, est soupçonné, à juste titre, de posséder un patrimoine qui comprendrait des sociétés à Dakar et à Malabo et des propriétés immobilières, qui lui auraient permis de se bâtir une vaste fortune. N’est-ce pas là une belle occasion pour lui, de démonter toutes ces suppositions ?
Mais revenons un peu en arrière afin d’examiner la trajectoire publique de Karim Wade, qui doit l'essentiel de sa jeune carrière politique à son patronyme.

C’est en 2002 qu’il est officiellement arrivé à la présidence de la République, comme Conseiller de son père, chargé de la mise en œuvre des « grands projets » ???? Deux années plus tard, en 2004, il prend du galon et il est nommé au poste de président de l’Agence nationale pour l'Organisation de la conférence islamique (ANOCI) avec pour mission de préparer et d'organiser le XIe sommet de l’OCI, en remplacement du ministre des Affaires étrangères, pourtant le plus indiqué avec ses services pour assurer la tutelle directe d’un évènement diplomatique de cette ampleur. Les résultats plus que décevants, sans compter des nébuleuses notées par ci et par là, n’étaient réellement pas une surprise. D’aucuns voyaient à travers cette nomination, la volonté du père d’offrir au fils, grâce aux nombreux travaux d’infrastructures qui étaient prévus dans Dakar et aux financements subséquents, une vitrine et des moyens pour accéder à la mairie de Dakar, préalable à un plus ambitieux destin. Mais sa défaite lors des élections locales du 22 mars 2009, dans son propre bureau de vote à Dakar, au Point-E, voit le rêve de la mairie de Dakar, marchepied vers le sommet, s’effondrer.

Toujours en 2009, Karim Wade est fait ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’énergie. Une première de voir dans notre pays, la descendance d’un chef d’Etat en exercice dotée d’un portefeuille ministériel. Avec un tel super ministère, Karim empiétait sur les plates-bandes du ministère des affaires étrangères que gérait le très compétent Cheikh Tidiane Gadio. Il intervenait aussi dans l’aménagement du territoire pour mieux « organiser » des projets scandaleux comme Jafza avec la Zone économique d’aménagement concertée de Ndiass et s’occuper surtout du foncier et du domaine national à côté du cadastre. Avec les infrastructures, il pilotait la planification et la construction des routes sur l’ensemble du territoire national. Les transports aériens et l’énergie, qui sont des secteurs stratégiques lui revenaient également. Pour parler simple, Karim était le Ministre du ciel et de la Terre, un super homme quoi ! La triade magique père-fils-pouvoir et la sagesse pleine de bon sens d'un Confucius ("quand père et fils sont d'accord, la famille prospère"), peuvent bien s'appliquer aux Wade.
Mais malgré les nombreux tremplins qui lui ont été offert par son pater, Karim Wade a échoué du fait de ses propres incapacités. Il ne s’est jamais fait un prénom. Vraiment ! A l’inverse, ne s’est- il pas amusé avec les ressources de l’Etat, tout comme ses amis ? La réponse est (un peu) dans la question !

On se rappelle de ses longs périples sur la planète en jet privé – Falcon 50, aux charges exclusives du contribuable sénégalais, de la nomination de ses amis à des postes souvent fictifs mais bien rétribués, de la création de sociétés écrans et j’en laisse. Aussi, de ses désidératas de prince avec l’information relayée en son temps par « le Point » en 2010, et faisant état d’achat dans une boutique parisienne de sacs en peau crocodile pour un montant ahurissant de 40 750 Euros(26 millions CFA) par Wade fils. Quelle frénésie !

Sans oublier qu’il a mis à genou des entreprises nationales comme Jean Lefebvre pour juste combattre un certain Bara Tall, qui refusait de rentrer dans ses sales combines. Aussi, Karim a cherché à « éteindre » une sommité internationale en la personne de Youssou Ndour, un self made man qui incarne, à son corps défendant, son parfait contre-exemple , lui qui n’est pas né avec une cuillère à la bouche et à force d’efforts répétés, est devenu aujourd’hui une personnalité adulée et respectée de par le monde. Allez demander au Président Obama qui est tombé sous le charme du parcours du dandy de la musique mondiale et non moins ministre !

Je peux continuer à citer des exemples qui justifient l’opportunité de la décision de la CREI de rejeter les demandes de liberté provisoire concernant le voyoucrate junior. Même ses avocats qui dénoncent une démarche politique, «un dossier monté de toute pièce» sont loin d’être convaincus de son innocence. A plus forte raison les Sénégalais sensés. Par conséquent, je trouve vraiment méprisable cette manière des karimix de leurrer sans le faire. Mais peu importe avec quelle distance elle s’inspire du réel, cette fiction-là est à traiter comme toute fiction. On peut estimer qu’il n’y a là qu’opium du peuple, leurre visant à détourner des «vrais problèmes», et y rester indifférent.

Aussi, ont-ils du rire, lorsqu’ils affirment que leur mentor est une menace pour Macky en 2017 ? Au nom de quoi le serait – il ? Quel mérite aurait Karim Wade pour présider aux destinées des millions de Sénégalais, si ce n’est être le fils du voyoucrate Abdoulaye Wade ?

Tant et tant de sinueux attentats aux évidences (parmi lesquels, la posture présidentielle taillée à Karim restera comme l’un des plus symboliquement misérables), tant et tant de mensonges nous l’ont rendue irréelle. Et on sent bien pour les karimix que « Karim Président » n’est pas leur langue maternelle, qu’ils la parlent avec un gros, très gros accent. Il faut les comprendre : ils s’accrochent à ce mirage exactement comme le naufragé à une planche de bois pourrissante et qui menace à tout instant de le céder à la puissance des flots.

Ces blablateurs devraient regarder de plus près leurs fils de commentaires, où les messages d’encouragement ont parfois du mal à rivaliser avec les insultes et les moqueries. Les grands mots deviennent petits quand ils sont démentis par les actes. Si être le "fils de" confère incontestablement des privilèges, parfois exorbitants, et fournit à qui veut la saisir une courte échelle vers les sommets, il faut aussi avoir le courage d’en supporter le côté moins lustre.

Je n’en veux pas personnellement à Karim Wade. Je souhaite que justice soit rendue. Que la justice fasse son travail de manière juste et impartiale.C’est une question de principe. Ce qui est certain, c'est que la CREI dira le droit et ne sera jamais une caisse de résonnance à la remorque du pouvoir. Il faut que les karimix fassent preuve de bon sens, mais surtout d'humilité. On me dira comment ? Eh bien, il faut déjà arrêter la transgression, la désinformation et laisser la justice faire son travail. Toute autre posture serait une manière volontaire d’entretenir inutilement une tension.
La vérité en définitive dans ce procès, c’est que Karim Wade doit apporter les preuves de la licéité de son insolente fortune. Seulement et rien d’autre ! C’est à ce prix uniquement qu’il pourra éviter un verdict goût jus de citron.

badaraniangjunior@gmail.com