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Kédougou : Retour sur les circonstances de la mort du prisonnier Mamadou Doudou Diallo tué d'une balle à la nuque

Exécuté froidement par un garde pénitentiaire le 27 septembre 2014, le détenu Mamadou Doudou Diallo a été enterré hier au cimetière musulman de Kédougou. Si sa famille, qui n'a pas vu son certificat de genre de mort, a tout de même procédé à son inhumation, le voile de mystère qui a entouré sa mort tragique commence, lui, à se lever. Grandement.


Rédigé par leral.net le Jeudi 2 Octobre 2014 à 14:01 | | 2 commentaire(s)|

Kédougou : Retour sur les circonstances de la mort du prisonnier Mamadou Doudou Diallo tué d'une balle à la nuque
Les vrais faits

C'est dans son village de Sinthiou Roudji, situé à 8 kilomètres de la commune de Kédougou, que le chauffeur de taxi, Mamadou Doudou Diallo, a été tué. Pourtant, le garçon qui a été abattu était élevé au rang des détenus de confiance par ses propres bourreaux, il y a juste quelques mois. "C'est le chef du village (de Sinthiou Roudji) qui a porté plainte contre lui pour vol de trois moutons. La valeur des agneaux lui a été remboursée, ce qui ne l'a pas empêché de maintenir sa plainte", se désole Vieux Bâ, le grand frère du défunt. Malgré tout, Mamadou Doudou Diallo a tenu à faire amende honorable en prison. L'année qu'il devait tirer à la Mac de Kédougou, le garçon a tout fait pour qu'elle ne soit pas difficile. Il s'y est très tôt bien comporté et a attiré le respect de l'Administration pénitentiaire locale qui lui a conféré le droit de rendre parfois visite aux siens. A charge pour lui de revenir avant la tombée de la nuit.

Mais, pour sa dernière permission, Mamadou Doudou Diallo, 23 ans, célibataire et père d'un enfant, n'a pas respecté le deal avec les gardes pénitentiaires. Il n'est pas retourné à la prison comme convenu. Pis encore, l'ex-détenu avait repris ses activités de chauffeurs. Ce qui a poussé les autorités de la prison de Kédougou d'aller le chercher pour le faire revenir manu militari. Ce jour-là, les deux gardes pénitentiaires arrivent dans le village et trouvent le fugitif en train d'arbitrer un match de football sur un terrain vague. Mais, avant même qu'ils n'aient le temps de lui signifier l'objet de leur visite à Sinthiou Roudji, Mamadou Doudou Diallo, qui n'avait aucune envie de retrouver la rigueur carcérale, prend ses jambes à son cou. Il tente de se faufiler, mais les gardes pénitentiaires, eux non plus, n'avaient aucune intention de le laisser s'échapper. Sachant que le détenu avait l'intention de faire échouer leur mission, l'un d'eux (qui se révélera être l'agent Salif Diouf) sort son arme de service et lâche un tir de sommation. Ce qui n'arrête pas le détenu qui voulait coûte que coûte réussir à s'enfuir. "Après le seul tir de sommation, le garde l'a abattu par balle. Le projectile est entré par sa nuque et il est tombé, gisant dans son sang", raconte Vieux Bâ. La partie du corps atteinte n'a laissé aucune chance de survie au fugitif. Le chauffeur de taxi rend l'âme avant même son évacuation au district sanitaire de Kédougou. Un homicide volontaire qui a occasionné des émeutes dans le village. "C'est l'intervention des autorités locales qui a calmé les jeunes du village", explique encore le grand frère du défunt.

L'enterrement

Après des jours à la morgue, ce n'est qu'hier, vers 10 heures, 96 heures après son assassinat, que Mamadou Doudou Diallo a été inhumé. Le retard de son enterrement est à mettre sur le compte du refus de la famille de mettre en terre son fils sans connaitre les causes du décès de leur fils. Finalement, ils se sont résignés à procéder au rituel funéraire après avoir jeté un œil sur le certificat de genre de mort. "Nous n'avons pas vu le certificat de genre de mort. Les autorités n'ont pas voulu nous remettre le document. C'est le commandant de la gendarmerie qui nous a lu le certificat. Il disait dans sa lecture que Mamadou a été tué par balle à la nuque, occasionnant une plaie de 5 milimètres. Si ça ne dépendait que de moi, on n'allait jamais l'enterrer sans disposer de ce document. Mais, la famille est composée principalement de femmes et elles ne pouvaient pas supporter cette situation encore longtemps", soutient le porte-parole de la famille. Mais, même si son fils a été porté en terre hier, la famille ne compte pas laisser ce meurtre impuni. Vieux Bâ explique qu'ils feront tout pour apporter toute la lumière sur cette affaire afin que le coupable, l'agent Salif Diouf, qui croupit à la prison de Kédougou, soit sévèrement puni pour que l'âme de Mamadou Doudou Diallo repose en paix. Éternellement.

L'Observateur