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Khadim Gaydel Lô: ” Macky devrait s’occuper du malade et non du cout des ordonnances “, J’ai eu un tête-à-tête en wolof avec Karim en prison”.

Ce Bagdad n’est pas en Irak, mais c’est un patelin perdu à l’arrière commun de Thiès. Son fondateur : Serigne Khadim Lo Gaydel, un jeune chef religieux, d’une quarantaine d’années dont la notoriété dépasse aujourd’hui les frontières. Récemment, il est entré dans le bureau honni par la superstition du nouveau maire de Thiès Talla Sylla pour y prier ALLAH. Cet ami « revendiqué » de Karim Wade et de Macky Sall porte un regard lucide, mais engagé de l’actualité, froid mais rugueux sur les misères des Sénégalais, la traque des biens mal acquis, le statut spécial de Touba et la division des Sénégalais sur les fêtes religieuses….


Rédigé par leral.net le Samedi 16 Août 2014 à 16:57 | | 0 commentaire(s)|

Khadim Gaydel Lô: ” Macky devrait s’occuper du malade et non du cout des ordonnances “, J’ai eu un tête-à-tête en wolof avec Karim en prison”.
Récemment vous êtes entre dans le bureau du maire de Thiès longtemps fermé pour des causes de superstition pour y effectuer des prières. Pourquoi avoir accepté et comment ca s’est passé ?
Il faut ramener les choses à leur juste proportion. Le préfet de Thiès avait convoqué des chefs religieux pour les sensibiliser sur la maladie mortelle d’Ebola. Et DIEU sait que cela fait un moment que je n’ai pas mis les pieds dehors. Alors à l’occasion de cette convocation du préfet de Thiès a la mairie, j’ai eu l’occasion de voir le nouveau maire Talla Sylla qui a sollicité auprès de moi et de Khalifa Kebe, le représentant de la famille Tidiane que nous entrions dans son bureau. Et clairement, il nous a signifié qu’il souhaitait en faire son bureau. Il a raconté les histoires douloureuses qui auraient un lien avec ce bureau. Je lui ai alors signifié qu’il n’y avait eu égard à tout ce qu’on peut dire sur ce bureau que DIEU et rien d’autre. Certes, il y’a des événements tragiques, des histoires connues, mais il n’ya que Dieu. C’est sur place que nous avons tendu nos mains à Dieu qu’IL apporte paix et quiétude pour le propriétaire du bureau. Parce que le prophète Ibrahim a connu l’épreuve du feu et Dieu a adjoint le feu d être doux. C’est ce que nous avons demandé à Dieu dans ce bureau. Parce que si l’on pousse le bouchon trop loin sur ces histoires de superstition, nous risquons de plus croire en Dieu.

Est-ce à dire qu’un musulman ne doit pas croire à la superstition ?
Ma ferme conviction est qu’un musulman ne doit pas croire à la superstition. Quand j’ai eu l’intention de fonder cette cité, des personnes âgées sont venues m’en dissuader. Elles m’ont carrément fait savoir que je courais le risque de perdre la vi, si je m’obstinais à vouloir habiter le coin. Car leurs ancêtres sérères y avaient fait un certain nombre de choses. Ce qui fait que l’endroit n’est plus habitable. Pourtant, je suis toujours là et la cité connait une croissance notable. C’est Dieu qui met un terme à tout, comme il le dit dans le Saint Coran.

Les histoires qu’on raconte dans ce bureau sont tout de même tragiques, mais le fait de rappeler qu’un tel maire est décédé, alors qu’il occupait le bureau, qu’un autre est tombé gravement malade, puis décédé, est ce que le fait de rappeler ces histoires ne finisse pas par installer un climat de panique ?

C’est vrai que le fait d’en parler comme ca peut susciter des commentaires. Mais à la longue, si l’on continue d’en parler comme ca, cela va nous conduire à associer Dieu. Et cela est un grand péché. Des genres d’histoires, nous devons y voir la main divine et pas autre chose. Un humain doit faire comme les humains et ne pas se mettre à faire ce qui relève de la compétence exclusive de Dieu.

Avez-vous parlé au maire TALLA SYLLA pour le rassurer ?
Je n’ai pas eu le temps de parler au maire Talla Sylla. Il a juste sollicité que nous fassions des prières. Mais ce que vous ignorez également, c’est que je suis le marabout du nouveau maire. Même si je n’ai pas pour habitude de me qu’un tel est mon disciple (talibé). Mais la cérémonie de sensibilisation sur le virus d’Ebola a pris fin, il a sollicité que je puisse prier dans son bureau. J’aurais pu en faire autrement pour un autre. Il n’ya pas eu d’eau bénite (safara) de ni cornes (Béjeunn), nous n’avions ni creusé ni enfoui des gris-gris, nous avons juste récité es versets du Saint Coran. C’est Dieu qui dit dans le Coran qu’il est capable de trouver une terre morte et la ressusciter jusqu’à ce que les humains puissent en jouir et vice-versa. Dieu est seul à même de donner la vie et de la ôter.
Et si aujourd’hui le maire Talla Sylla tombait malade, est-ce ce que ca ne va pas susciter un mystère chez les gens ?
Vous savez, il y’a un grand «érudit qui a dit que le hasard n’existe pas, mais un autre philosophe arabe a ajouté que la coïncidence restait une grande équation à son niveau et qu’il ne savait que faire de ce mot. Et il est presque certain que la coïncidence parfois peut être assimilée à un décret divin. Aujourd’hui donc, s’il y avait coïncidence, on dirait que c’est Dieu qui en a décidé. Nous ne sommes pas en mesure de penser que certaines pratiques païennes peuvent expliquer certaines choses. Nous croyons en Dieu et cela nous suffit largement.

Vous êtes le marabout du maire Talla Sylla, pourquoi avez-vous choisi d’être en retrait de la chose politique ?
Je parle parfois de le chose politique, lors de certaines de mes manifestations. Comme à l’occasion du Magal de Touba, je fais une déclaration destiné à mes disciples sur l’actualité nationale. Et puis dernièrement quand le président de la république Macky Sall est venu à Thiès pour le conseilles ministres décentralisé, j’ai eu à lui parler de vive voix. Parce que c’est un ami de plus de 20ans. La politique au Sénégal est entourée par un voile de mensonges et d’ombres. Ce qui fait que quand vous êtes un homme de vérité vous avez du mal à y trouver votre place. Je ne suis de ceux qui parlent en tout circonstances. Je ne suis pas de ceux qui sont capables de jeter des fleurs à quelqu’un et s’ils sont à court d’argent de dire le contraire. Je ne marchande jamais avec ma dignité. Mais je suis pour ce qui fait marcher le pays. le président Macky est un ami, mais s’il y ‘a des difficultés dans le pays, je le dis. Karim Wade est aussi un ami.
« Macky est un ami, il me tend l’oreille, mais je ne peux pas en dire autant d’IdrIssa Seck » qui, Idrissa Seck qui habite la même ville que vous ?
Nous nous connaissons très bien, nous avons des rapports respects, de considération, mais Idrissa Seck n’est pas mon ami. Il vient me rendre visite, mais nous n’avons pas des rapports si poussés qui peuvent m’inciter à dire que nous somme des amis. Alors que Macky s’est déplacé pour me voir, je lui ai rendu la pareille et il me tend l’oreille quand je lui parle.
Vous avez parlé tantôt parlé de difficulté du pays, quels sont les problèmes que vous avez recensés dans la gouvernance de Macky Sall
Aujourd’hui la demande sociale est toujours prégnante, la vie est chère et les sénégalais n’ont les moyens de faire face. Les paysans sénégalais ont attendu en vain la pluie qui a tardé se manifester et cela a semé le désastre chez les paysans qui sont menacés par la famine. Certains paysans ne peuvent plus manger de la bouillie de mil. Parce qu’ils avaient du crédit pour acheter des semences et la pluie n’a pas été au rendez vous et tardivement. ils manquent de tout : des semences, des machines adéquates du lait provenant du cheptel.
Que préconisez vous
Je n’ai pas un remède miracle. Mais j’estime que les autorités devraient être plus visibles dans le monde rural. Il faut que toute les autorités étatiques soient sur le terrain, quelles puissent se mélanger aux populations. Ce serait bien de mettre à jour les tournées économiques dans les villages des profondeurs comme le faisait le président Senghor pour s’imprégner des véritables problèmes des paysans.
Karim Wade votre ami est en prison, Abdoulaye Baldé est en passe de l’être, est ce que la traque des biens mal acquis ne risque pas d’être l’essentiel du bilan de Macky ?

Si j’avais pris l’argent du contribuable sénégalais, je devrais en toute honnêteté aller rendre ça aux sénégalais. Si le pouvoir estime que Karim a pris de l’argent du pays et que Karim lui-même reconnait qu’il a pris l’argent du pays, il devrait rendre cet argent. Il n’ya aucune difficulté à ça. Maintenant, je suis pour que les anciens ministres et autres personnalités soient jugés par la haute cour de justice. Il faut aussi donner à toutes les personnes épinglés par la Cour de répression de l’enrichissement illicite les moyens de se défendre. Et je dis toujours que le président Macky Sall a trouvé des urgences dans ce pays. Mais au lieu de régler le patient très mal-en-point, il est en train de calculer le montant des ordonnances prescrites. Le problème des ordonnances est entrain d’occuper tout le règne car la pharmacien ne s’occupe que de ça, alors que le malade Sénégal est en entrain de mourir. Il n’ya qu’un seul métier qui marche au Sénégal : le “griotisme” . Pourtant, le Président avait suscité beaucoup d’espoir. Mais deux ans durant on ne nous parle que de Karim Wade

« Les Sénégalais sont fatigués et Macky le pharmacien devrait s’occuper du patient et non pas du coût des ordonnances »

Avez-vous été en prison pour rendre visite à Karim Wade?

J’ai été le voir en prison et je lui ai rappelé ce que je lui disais quand il était tout puissant ministre d’État .Je suis à l’aise pour le dire, car je n’ai reçu aucun franc Cfa venant de lui. Mais il venait me voir et je lui disais ce que je pensais. Je lui avait conseillé de pouvoir résister aux chocs et à l’échec. A cause de ce qu’il avait pris comme responsabilités étatiques et ce que son père espérait de lui. Que s’il n’avait pas assez de force pour amortir les chocs, il n’irait pas loin. Donc j’ai été le voir non pas pour parler de son dossier, mais de son état de santé.

Qu’est-ce que vous vous êtes dits et sur quelles langue avez vous communiqué?

Durant tout notre tête-à-tête, Karim parlait Wolof et je crois que c’était nouveau. Cela m’a beaucoup surpris qu’il puisse parler Wolof alors qu’il n’était pas comme ça avant d’aller en prison.

Les Sénégalais ont encore fête dans la désunion l’Eid El Fitr, est-ce que cela n’écorne pas l’image de l’islam sénégalais?

Cela ternit l’image de la religion. Et ce qui la ternit d’avantage c’est dire un tel est un Tidiane, un autre est Mouride, ou Khadre… C’est ce que je déplore en premier au Sénégal. Nous n’avons qu’une seule Fatiha (Sourate de l’ouverture), une seule Mecque et croyons au dernier des Prophètes, Mouhamad. Ce que je regrette quelque part, c’est la sortie du Président de la République lors de la fête de Korité, parce que nous pensions que l’état pouvait aider à régler ce problème une bonne fois pour toute. Il a reconnu de manière implicite qu’il ne peut rien faire à son niveau, mais qu’il laissait la possibilité aux religieux de régler ce problème. Alors que des années durant, nous sommes incapables de régler ce problème. Je considère que c’est l’état qui peut aider à résoudre ce problème, parce qu’il choisit parmi les gens de la météo, l’on choisit également des astrologues parmi les religieux, et que ces gens puissent renforcer l’existant en incluant tout le monde dans tous les milieux religieux.

Êtes-vous pour une suppression de la commission du croissant lunaire ?

Il faut en tout cas qu’il y ait des jeunes capables d’observer, et des gens dont la science en matière de lune et d’étoiles ne souffre d’aucune contestation pour former une nouvelle commission. Maintenant , c ‘est l’état par le biais du ministère de l’intérieur qui pourra décider qu’à partir d’une telle période on pourra scruter la lune, mais on ne donne à personne le soin de décider du croissant lunaire qui aura pris en compte toutes les sensibilités religieuses. Si le Président avait convoqué toutes les sensibilités religieuses pour qu’une commission nationale puisse parler d’une même voix, je crois qu’il n’y aurait pas cette désunion. Il faut que le président de la république sache qu’on lui a donné un pays, et ça englobe tous les marchés, les mosquées…

Serigne Touba m’a soufflé le nom de Bakhdad donné à cette cité
Qu’est-ce qui explique le nom de Bagdad donné à cette cité ?
Un jour, j’ai vu en songe Serigne Touba qui m’a demandé de l’eau à boire, il m’a ensuite demandé si c’est ce coin qui s’appelait Bagdad. Le matin, je me suis réveillé avec l’intention d’aller raconter ce que j’avais vu en songe à Serigne Saliou Mbacké de son vivant. Arrivé à Touba, il m’a alors demandé l’état d’avancement des travaux de la cité ; je lui ai répondu qu’on était à l’étape de fondations. Il m’a alors dit que si ça ne dépendait que de lui la cité allait porter le nom de Bagdad en raison du fait que Serigne Abdou Khadre Mbacké avait beaucoup contribué à nous rapprocher lui et moi. Donc à mon avis ; Bagdad serait le nom idéal. A Thiès aujourd’hui, tout le monde connait le quartier Bagdad.
C’est courant de voir des religieux dire qu’ils ont vu en songe tel marabout ou de gausser d’avoir en songe tel autre guide religieux, peut-on vous accuser de faire comme les autres ?
Si vous aviez fait une petite enquête auprès de mes événements religieux, cette question n’aurait pas de sens. Parce que je dis toujours a mes disciples que l’Islam va de paire avec les pratiques religieuses, la prière en particulier. On ne peut pas se dire musulman sans prier. Dieu a tant donné de responsabilité à un humain que les futilités et autres plaisirs doivent nous distraire. L’humain est responsable devant Dieu pour se consacrer à lui, mais nous sommes responsables devant nos parents pour les honorer. Je pense que tout ce qu’un chef religieux doit faire c’est d’éviter de raconter des mensonges pour se vanter. Parce que malheureusement, il y a des marabouts qui s’adonnent à ça pour faire de la propagande ou pour se faire un nom. Or, cette vie fugace d’ici bas n’en vaut pas la peine.
On vous surnomme le marabout des jeunes, comment expliquez-vous cette frange de la population, notamment chez les Dakarois ?
C’est Dieu qui a décidé qu’il en soit ainsi. Pourtant, je n’ai même pas de maison à Dakar. C’est en 2008 que j’ai fait à Dakar plus de 10 jours. Mais Dieu a fait que je reçois beaucoup de jeunes dakarois qui viennent me voir et cela, je ne me l’explique pas. D’ailleurs, je considère que j’ai plus de disciples à Dakar qu’à Thiès.
Si l’on vous demandait de vous présenter aux sénégalais qui ne vous connaissent pas, que diriez-vous ?
C’est difficile de parler de soi, je porte le nom du marabout de mon père, Khadim Rassoul. Mon nom comporte également Gaydel, c’est mon grand père. Il est connu à travers son « Del ». Tout ce qu’il demandait à cause de son « Del » Dieu l’exauçait ; il y a de cela quarante ans j’ai vu le jour à Thiès. J’ai étudié à sine Ndiaye puis à sokone avant Thiès et Touba. J’ai fait des cours en français quand je suis revenu à Thiès et cela m’a permis aujourd’hui de pouvoir identifier telle ou telle autre chose dans cette langue. J’ai été à l’Institut Al Azar pour des études. Dans mon cursus religieux, beaucoup d’érudits tidianes et mourides m’ont encadré, je suis passé entre les mains de plusieurs « Thierno » Toucouleur… des Guinéens de la famille ” Sysavandé ” m’ont aussi encadré. Je suis de Ndame et tout le monde connaît ce foyer religieux. Notre source d’inspiration c’est le Coran.

MOR TALLA GAYE
(Envoyé Spécial à Touba) actunet.sn

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