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Khalifa Ababacar Diagne, psychologue-conseiller : « Les rescapés de Mouna peuvent être sujets à un stress post-traumatique... »

Ils ont vécu l’horreur en direct, y ont survécu, mais peuvent ne pas en sortir indemnes. Du moins psychologiquement. Les rescapés de la bousculade de Mouna auront certainement besoin de suivi psychologique permanent pour apprendre à vivre avec les flash-back de cet indicible drame qui ne manqueront de les hanter. L'assertion est du psychologue-conseiller et chargé du suivi psychologique des étudiants, Khalifa Ababacar Diagne.


Rédigé par leral.net le Jeudi 1 Octobre 2015 à 11:23 | | 1 commentaire(s)|

Dans un entretien accordé à L’Observateur, le psychologue-conseiller est revenu sur les séquelles que peuvent laisser le drame de Mouna sur les rescapés. Parmi ces séquelles, il a cité les répercussions sur le mental des rescapés. « Après avoir survécu à un drame pareil, on ne peut pas ne pas ressentir des séquelles sur le plan psychologique. Pour une raison bien simple : ce sont des situations extrêmement dures auxquelles les pèlerins n’étaient pas préparés. Ils ne pourront pas échapper à de graves troubles psychologiques. Je ne sais pas si dans la commission médicale du Commissariat au pèlerinage, il y a des psychologues, car ce dont les rescapés ont le plus besoin en ce moment, c’est d’être écoutés, afin de comprendre ce qui leur est arrivé ».

Selon le psychologue-conseiller, le suivi ne doit pas se limiter à la Mecque, il doit se poursuivre une fois le retour au pays effectif parce qu’ils peuvent être exposés à un stress post-traumatique. Et M. Diagne d’ajouter : « Ce stress post-traumatique peut se manifester par l’expression d’émotions négatives. Cela peut aller des pleurs continus au dérèglement psychologique. Ces gens peuvent être amenés à des monologues ou à ressasser, quand ils sont seuls, le film du drame ».

À en croire Khalifa Ababacar Diagne, les rescapés de la bousculade de Mouna peuvent même sombrer dans une profonde dépression et certains peuvent en arriver à développer une phobie de la Mecque ou même du pèlerinage. Ils vont ressentir une sorte de peur dès l’évocation des Lieux Saints de l’Islam ou quand on leur montrera des images de la Mecque.

Pour le psychologue-conseiller, marcher sur des cadavres pour sauver sa peau est un fait traumatisant qui peut provoquer, sur le long terme, des cauchemars, des crises d’angoisse, une perte d’appétit, une insomnie ou même de la folie. « Les suivi psychologiques permettront de limiter les dégâts, car, il faut aussi savoir que ce sont des événements qu’un psychologue ou un psychiatre ne peut pas effacer de la mémoire des rescapés. L’oubli est impossible », précise-t-il.