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Khalifa Sall : Les bons points d’une condamnation


Rédigé par leral.net le Jeudi 5 Avril 2018 à 10:45 | | 0 commentaire(s)|

Un boulevard de popularité s’ouvre devant Khalifa Sall même si le chemin du palais présidentiel lui est obstrué par l’inéligibilité qui découle de son nouveau casier judiciaire.
 
 A défaut de pouvoir briguer la présidence de la République en 2019, un mot d’ordre de sa part en faveur d’un candidat pourrait être déterminant. La mine réjouie de Khalifa Sall, - boubou blanc immaculé comme à son habitude de- puis l’entame du procès, sourire aux lèvres et les bras levés en signe de victoire -, contrastait, vendredi dernier, avec la lourdeur de la sentence et les lamentations de ses proches qui avaient envahi les couloirs du palais de justice de Dakar.
 
 Sourire de circonstance pour ne pas donner l’impression d’avoir perdu la face ? On peut tout penser à ce sujet mais la constante est qu’il pouvait bien jubiler intérieure- ment au regard du profit qu’il peut tirer de la peine de 05 ans de prison que lui ont infligée les juges de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance. Pour tout dire, un boulevard de popularité s’ouvre devant lui-même si le chemin du palais présidentiel lui est obstrué par l’inéligibilité qui découle de son nouveau casier judiciaire.
 
« La prison peut être un raccourci vers le pouvoir », aurait dit un jour le président Wade, dont le moins que l’on puisse dire à son sujet est qu’il s’y connaît. Depuis sa mise en accusation après la transmission du rapport de l’IGE qui l’accable, Khalifa Sall est devenu l’attraction majeure sur la scène politique.
 
D’abord, il fait tanguer le bateau socialiste en prenant ses distances d’avec la majorité présidentielle, lors du référendum de 2016, après s’être fait réélire maire de Dakar sous sa propre bannière de « Taxawou Ndakarou ». Là où le secrétaire général du Ps, Ousmane Tanor Dieng, vote pour Macky Sall sans conditions, sous sa houlette, une scission déchire le vieux parti. Pour ses partisans, il incarne le parfait militant socialiste, qui n’a jamais transhumé, qui a fait face au régime de Me Wade jusqu’à lui faire mordre la poussière lors des municipales de 2009, qui a participé à l’élan victorieux de 2012. C’est là que les chemins divergents.
 
Au nom de leur « représentativité » et de leur « histoire », les socialistes ne sauraient manquer une présidentielle. Malgré plusieurs invites du prési- dent Sall, il émet sur une longueur d’ondes différente, d’autant que ses plus chauds alliés, le pressent dans ce sens. Il affiche son opposition et devient une anomalie. Il est alors membre du Bureau politique, Secrétaire national à la vie politique du Ps ; un Ps pilier de la majorité réunie au sein de « Benno Bokk Yakaar », mais lui est opposant.
 
Ce n’est pas tenable… LE MOT D’ORDRE POUR LA PRESIDENTIELLE A la veille du référendum, quelques jeunes proches de Khalifa Sall mettent fin violemment à une réunion au siège du parti, à Colobane. La plainte et le procès qui en découleront aboutiront en 2017 à son exclusion en compagnie de tous les responsables qui avaient émis des notes discordantes. Dans le lot, la maire de Podor, Me Aïssata Tall Sall, celui de Mermoz, Bathélémy Dias, leur collègue de la Médina, Bamba Fall. Mais entretemps, les mouvements « khalifistes » ont essaimé. Il est alors présenté comme un sérieux challenger du président sortant en 2019.
 
 Macky Sall avait déjà freiné les visées du maire de Dakar en faisant bloquer par l’Etat un emprunt obligataire que la ville entendait lancer. Crédité d’un bon bilan et jouissant de la sympathie de ses administrés, Khalifa Sall devait s’attendre à ce que le pouvoir cherche à tarir ses sources de financement.
 
Avec son budget à 05 milliards F CFA, la mairie de Dakar est une rampe de lancement idéale. C’est là que l’Inspection gé- nérale d’Etat va trouver la faille. Quand l’Etat cherche, il trouve… Khalifa Sall a pu constater, que même en détention, sa côte reste intacte si elle ne croît pas. C’est depuis sa cellule de la prison de Rebeuss qu’il s’est fait élire député après avoir été désigné tête de la liste nationale d’une coalition dans laquelle on retrouvait Idrissa Seck, Malick Gackou, Mansour Sy Djamil, entre autres personnalités.
 
Sa condamnation n’a fait que raviver l’empathie médiatique en sa faveur. Il est maintenant au cœur de la redistribution des cartes. Pour sûr, s’il ne parvient pas à se présenter à la présidentielle dans 10 mois, son mot d’ordre en faveur de tel ou tel autre candidat sera très attendu. D’ailleurs, après l’an- nonce du verdict condamnant Khalifa Sall, beaucoup ont senti derrière les propos de compassion émanant d’Idrissa Seck, lui aussi plus que candidat à la magistrature suprême, une réelle jubilation intérieure.
 
Par Pape SARR (KritikHebdo)