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L'Assemblée nationale, une institution de combines

L’Assemblée nationale serait-elle une institution condamnée à perpétrer de petits meurtres contre les députés ou de grands complots dans le dos du peuple ? De 1960 à nos jours, elle est à l’origine de la plus grave crise au sommet de l’Etat et d’une mobilisation sans précédent du peuple. De plus, le parlement a liquidé presque la moitié des personnalités qui l’ont présidée. La présente bataille pour le contrôle du groupe parlementaire « Libéraux et Démocrates » s’inscrit donc dans l’ordre normal des choses d’une Assemblée de combines toujours aux ordres de l’exécutif.


Rédigé par leral.net le Jeudi 5 Novembre 2015 à 11:58 | | 0 commentaire(s)|

L'Assemblée nationale, une institution de combines
L’Assemblée nationale occupe le devant de l’actualité depuis quelques jours. Une hypermédiatisation qui a pour thème la bataille pour le contrôle du groupe parlementaire des « Libéraux et Démocrates ». Lequel combat oppose Modou Diagne Fada, exclu du Pds, et Aïda Mbodj, désignée par Me Abdoulaye Wade pour remplacer son « frère frondeur » à la tête de la présidence du groupe. Avec ce qui se passe, l’histoire a encore bégayé. L’Assemblée nationale s’est toujours illustrée par ses affrontements fratricides. La marche de cette institution est jalonnée de crises, grandes ou petites. L’explication se trouve dans le fait que cette chambre n’a pas une tradition d’autonomie de nomination. Les combats au sein des partis sont très souvent transférés à l’Hémicycle. Certaines tensions ont eu une envergure nationale. D’autres, par contre, étaient les résultats de manœuvres et combines opposant des frères de même parti. Les deux grandes crises ayant réellement concerné toute la nation sont celles de 1962 opposant Senghor à Mamadou Dia, accusé de coup d’Etat constitutionnel. L’autre a opposé le Pds et ses alliés, d’un côté, et le peuple sénégalais, de l’autre. Il s’agissait du fameux ticket présidentiel qu’Abdoulaye Wade a voulu faire voter par les députés le 23 juin 2011. Deux dates définitivement inscrites dans la mémoire collective du Sénégal.

A côté de ces deux événements majeurs, il y a d’autres événements majeurs qui ont eu comme théâtre d’opération l’Hémicycle. En 1983, le Président Abdou Diouf décide de supprimer le poste de Premier ministre créé par Senghor en 1970. Ce fauteuil étant occupé par son ami, Habib Thiam, il fallait lui trouver un point de chute. Les élections législatives de 1983 seront remportées à hauteur de 79% par le Ps conduit par Habib Thiam. Ce dernier devient président de l’Assemblée nationale. Mais l’hypothèse d’une dualité au pouvoir est évoquée pour contraindre Habib Thiam à rendre le fauteuil. « Un complot dont le commanditaire était son ennemi juré Jean Collin avec la bénédiction de son ami Abdou Diouf le poussa à démissionner de la présidence de l’Assemblée nationale », écrivent Mamadou Ibra Kane et Mamadou Ndiaye, co-auteurs du livre « Habib Thiam, l’homme d’Etat ».

Après les élections de 2001, le Pds obtient, pour la première fois, une majorité au parlement. Youssou Diagne est désigné président de l’Assemblée nationale, quelques mois après, interviennent les élections locales du 12 mai 2002. Youssou Diagne, la deuxième personnalité de l’Etat, est battue dans son fief à Ngaparou. Le lendemain des résultats, Idrissa Seck, le puissant numéro 2 du parti à l’époque, menace de sanctionner tous les responsables battus dans leurs localités. M. Diagne ne saurait donc échapper au couperet, surtout que ses adversaires ont exploité à fond cette déconvenue. Car, au-delà de la défaite, il lui est reproché d’avoir tenu des propos irrévérencieux à l’encontre des populations de Ngaparou. La suite est connue, il finit par démissionner le mercredi 12 juin 2002 pour ne pas, dit-t-il, gêner le Président Wade.

L’histoire va continuer sa marche, mais encore une fois, elle va se répéter. Comme si les hommes politiques étaient enfermés dans un cercle vicieux, les mêmes attitudes sont notées 24 ans après la démission forcée d’Habib Thiam. Cette fois-ci, c’est le Pds qui est à son deuxième crime. Et la victime s’appelle Macky Sall, celui-là qui a joué un rôle prépondérant dans la liquidation d’Idrissa Seck. Lui aussi a des points de ressemblance avec Habib Thiam. Car, il a quitté la Primature en 2007 après l’élection présidentielle pour devenir président de l’Assemblée nationale. A son tour, il fera l’objet de défiance de la part de ses camarades. Son crime a été d’avoir invité le fils de Wade, en l’occurrence Karim Wade, à venir s’expliquer devant les représentants du peuple sur sa gestion de l’Anoci. Elu pour 5 ans, Macky voit son mandat ramené à 1 an. Il démissionne de toutes ses fonctions de l’Etat comme du parti avant de rendre sa carte de membre.

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