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L’économiste Thierno Thioune: "L’Etat doit faciliter l’accès au crédit aux jeunes"

L’économiste Thierno Thioune recommande la mise en place d’un cadre législatif attractif, pour un entreprenariat efficient. Invité de la matinale ’’Dakar direct’’ sur Iradio (90.3), ce mercredi 14 novembre, il soutient que l’Etat qui a un rôle à jouer, doit, en plus faciliter l’accès au crédit aux jeunes porteurs de projets et réformer le système de formation professionnelle.


Rédigé par leral.net le Mercredi 14 Novembre 2018 à 18:21 | | 0 commentaire(s)|

A l’instar de quelques 170 autres pays, le Sénégal célèbre la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat, du lundi 12 au dimanche 18 novembre.
« Les éléments, qui devraient aider les gens à entreprendre c’est-à-dire à transformer leurs idées en projets concrets, restent à être déterminés davantage, souligne d’emblée le maître de conférence titulaire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), notant qu’il n’est pas facile du tout d’entreprendre au Sénégal.

Ce, explique-t-il, « vu le contexte dans lequel se trouve le Sénégal qui aspire à l’émergence, où on enregistre chaque année l’arrivée de plus de 300 mille nouveaux demandeurs d’emploi sur le marché du travail, et où aussi, on note un taux de chômage qui avoisine les 15% et qui est très exacerbé au niveau des jeunes avoisinant les 25%, alors qu’au même moment tous les instruments qui devraient concourir à faire de l’entreprenariat une nécessité pour le pays, semblent être absents. On serait mitigé compte tenu du contexte économique mais aussi de la célérité avec laquelle les PME et PMI disparaissent. »

Mise en place d’un cadre législatif
Thierno Thioune par ailleurs directeur des études du Centre de recherches pour le développement économique et social (CRDES), insiste d’abord sur la mise en place d’un cadre législatif. « Le premier élément, indique-t-il, c’est qu’il faut que le cadre règlementaire soit propice à l’accompagnement des projets. Pour cela, l’Etat a un rôle à jouer pour mettre en place ce cadre législatif attractif qui permettrait à un jeune ou à une personne porteur de projet de pouvoir le mettre en œuvre. »

Le deuxième élément, poursuit-il, « c’est ce qu’on appelle le secteur financier qui doit être quand même le socle de tout projet de développement. Ce secteur a fini, aujourd’hui, aussi de monter. Il faut le réformer parce que les taux d’intérêts ne sont pas très attractifs mais aussi le risque est plus orienté vers les agents porteurs de projets que ce secteur financier qui devait les porter. »

Accès au crédit
« Mais, le problème principal, relève l’économiste, c’est l’accès au crédit parce que c’est un élément déterminant dans le processus d’accompagnement de ces porteurs de projets. Alors, si les autorités qui ont en charge la politique de financements et autres, ne revoient pas les taux directeurs sur lesquels se fondent les taux d’intérêts de ces porteurs de projets, qui pourraient quand même être assez importants pour pouvoir rembourser parce qu’il faut savoir que si vous concevez votre projet, il faut que le taux de rentabilité soit supérieur au coût du projet mais il arrive que les taux d’intérêts qui sont souvent appliqués ne permettent pas de rentabiliser ces projets. Et en général, tous ces projets qui sont pensés et créés, deviennent morts nés. »

Pour ce faire, défend-il, « il faudra que l’Etat mette en place des garanties ». Dans ce sillage, souligne Thioune, « c’est vrai que beaucoup de projets ont été mis en place, je peux citer la DER (Délégation Générale à l’Entreprenariat Rapide), le FONGIP (Fonds de garantie des investissements prioritaires), le FONSIS (Fonds souverain d’investissements stratégiques).

Mais, il y a beaucoup de choses qui restent à faire. C’est comme une goutte d’eau dans la mer. L’Etat devrait encore regarder de manière beaucoup plus accentuée ce secteur qui est facteur –clé pour le développement économico-social, en accompagnant les jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi à porter des projets et à avoir accès au financement. »

Réformer le système de formation professionnelle
Selon lui, « le nœud du problème, c’est qu’en réalité, il y a un problème d’adéquation de la formation et des métiers. « L’heure est venue donc de réformer notre système de formation professionnelle. Maintenant, la demande devrait venir des entreprises et des créateurs de projets et non que cela soit un système qui phagocyte ces nouveaux diplômés qui arrivent sur le marché avec des connaissances ou des aptitudes qui ne sont pas celles qui sont demandées sur le marché. »