Leral.net - S'informer en temps réel

L’élection présidentielle en Algérie: une duperie?

Rédigé par leral.net le Samedi 7 Décembre 2019 à 10:05 | | 0 commentaire(s)|

Focus sur l’élection présidentielle qui doit se tenir en Algérie le 12 décembre prochain. Les cinq candidats retenus pour le scrutin s’affrontent ce vendredi 6 décembre au soir pour l’unique débat télévisé de cette campagne électorale. Au-delà de ce débat, peut-on espérer que le scrutin du 12 décembre permette d’apaiser la crise politique que traverse le pays ?


L’élection présidentielle en Algérie est-elle une duperie ? Sans doute pas, malheureusement. Cette élection présidentielle, les manifestants du Hirak, le mouvement, qui défie le pouvoir depuis 9 mois en Algérie la veulent pourtant - depuis l’origine des manifestations contre Abdelaziz Bouteflika. Mais justement, l’origine, c’était le refus d’un cinquième mandat pour le vieux président malade à la tête d’un système militaro-mafieux. Le Hirak demandait un vrai scrutin, libre et transparent. Et ils estiment qu’ils ne l’ont pas. Pourquoi ? Eh bien surtout à cause du casting de cette élection. Les cinq candidats retenus pour concourir.

Il y a notamment Ali Benflis. C’est le candidat le plus connu de cette élection présidentielle. Il fut le premier Premier ministre de Bouteflika en 1999. Même s’il est devenu ensuite une des figures de l’opposition au président... à l’intérieur du système. Ou encore Abdelmadjid Tebboune a lui aussi été Premier ministre, pendant seulement pendant trois mois, en 2017 et plusieurs fois ministre. Il est très critiqué lui aussi pour sa proximité avec Bouteflika. Citons enfin Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture sous Bouteflika, jusqu’au mois de mars. Il est actuellement secrétaire général du RND, un parti associé au FLN, le parti au pouvoir avec l‘armée, et fait figure de favori puisque le FLN le soutient.

Pour les manifestants, ce casting ne garantit pas une élection libre et pluraliste. D’autant que, au fil des vendredis de manifestations, les choses se tendent de plus en plus. L’armée, sous la férule du général Ahmed Gaid Salah, a durci le ton depuis quelques semaines contre les manifestants, les activistes, les journalistes. Près de 150 personnes seraient actuellement en prison pour avoir critiqué le régime.

L'armée estime avoir fait le ménage dans ses rangs et chez les politiciens et les hommes d’affaires corrompus liés au pouvoir du clan Bouteflika. Débarrassée des brebis galeuses, elle entend bien continuer à diriger le pays, comme elle le fait depuis 1962. Mais ce ravalement de façade ou cette opération mains propres, comme on voudra, ne convainc pas les millions d’Algériens qui sont sur une ligne dégagiste. Ils demandent le départ de ce qu’ils appellent « la clique au pouvoir ».

Dans ces conditions, la légitimité du candidat élu président le 12 décembre sera forcément très faible. L’élection étant considérée comme une mascarade, il y a fort à parier que la participation sera, elle aussi, très faible. Et, à peine en poste, le futur président se retrouvera dans une position délicate, coincé entre l’armée qui lui laissera très peu, voire pas du tout, de marge de manœuvre – et une population qui, dans sa grande majorité, ne lui accordera pas beaucoup, voire aucun crédit. On le voit, l’Algérie s’enfonce dans l’impasse politique – et dans le marasme économique, car les évènements des derniers mois font tourner le pays encore plus au ralenti.




RFI