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L'île de Gorée et St-Louis, témoins de la colonisation du Sénégal

Rédigé par leral.net le Jeudi 22 Juin 2017 à 00:04 | | 0 commentaire(s)|

L'île de Gorée, au large de Dakar, accueillait par le passé les marchés d'esclaves, destinés à rejoindre l'Amérique du Sud et l'Europe.


L'île de Gorée et St-Louis, témoins de la colonisation du Sénégal
L’île de Gorée et Saint-Louis, au Sénégal -pays d’Afrique Occidentale situé bord de l’Océan Atlantique et considéré comme le pays d’Afrique le plus prospère-, gardent toujours les traces de la colonisation. 

Le Sénégal a été colonisé dans le passé par plusieurs pays : le Portugal, les Pays-Bas, l’Angleterre et la France.
 

Il a été une des places principales de la traite des esclaves, débutée au 16ème siècle. 

D’après les historiens, en 1444, alors colonisés par les Portugais, les jeunes Sénégalais étaient regroupés sur l’île de Gorée, au large de la capitale Dakar, pour être envoyés en Amérique Latine en tant qu’esclaves : pour cela, ils étaient sous l’emprise de l’alcool, boisson qu’ils ne connaissaient pas avant l’arrivée des colons. 

L’ancien Président du Parlement du Sénégal, et ancien ministre de l’éducation nationale, Iba Der Thiam, considéré comme le plus grand historien sénégalais, a expliqué à l’Agence Anadolu, ce qu’était le marché des esclaves de l’île de Gorée. 

"Dans le passé, les bateaux ayant quitté les ports des principales villes européennes, Nantes, La Rochelle, Liverpool, Bristol, Amsterdam ou encore Lisbonne, venaient à l’île de Gorée pour y acheter les jeunes africains exposés dans le marché des esclaves.

L’île était devenue le centre de l’activité des marchands d’esclaves en activité sur toute l’Afrique. Les prisonniers étaient entassés, enchaînés, dans des cases pour esclaves. Ceux qui décédaient, étaient jetés à l’eau. Le prix des esclaves masculins variait selon la taille, le poids et les muscles. Pour les femmes et les enfants c’était l’état des dents et l’état de santé général qui étaient décisifs", explique-t-il. 


Les esclaves vivaient dans l’étage inférieure des maisons dans lesquelles les marchands occupaient l’étage supérieur. 

Une porte donnant directement sur l’océan était la seule barrière et les « Tumbeiro », terme portugais signifiant « bateaux-tombeaux », étaient les navires à destination du « nouveau monde ». 

Le voyage pour l’Amérique du Sud ou pour l’Europe durait environ deux mois, renseigne le spécialiste. 

Aujourd’hui, l’île de Gorée est un lieu privilégié par les touristes, mais pas seulement : en plus des touristes étrangers, nombre de Sénégalais viennent sur l’île pour y travailler mais surtout pour y découvrir leur passé. 

Le capitaine d’un bateau qui fait la liaison quotidienne entre le port et l’île de Gorée, Magar Ndya, fait état du sentiment de tristesse qui l’empare à chaque traversée. 

"Quand je pense à ce passé, je ne peux m’empêcher d'être triste. Mais en même temps, la vie continue. Que puis-je dire à part : tout a été pardonné mais rien n’a été oublié". 

Une ville française au Sénégal : Saint-Louis 

St-Louis est une autre ville du pays qui témoigne encore du passé colonial. La ville a été conquise par les Français en 1659. Ils en ont fait la capitale du pays. Son nom vient du roi de l’époque, Louis IV. 

St-Louis est restée sous domination française jusqu’à l’indépendance du Sénégal en 1960. 

La ville inscrite au Patrimoine Culturel Mondial de l’UNESCO, porte, aujourd'hui encore, les traces de la colonisation française. Son architecture, ses cafés, ses maisons et ses rues rappellent une ville du sud de la France. 

L’édifice le plus remarquable de la ville est l’Hôtel du Palais, qui a ouvert ses portes en 1839 et qui est, désormais, le plus ancien hôtel toujours en activité d'Afrique de l'Ouest. 

Le propriétaire actuel de l’hôtel, Robert Dupas, est arrivé à Saint Louis, en tant que touriste en 1983. Tombé aussitôt «amoureux» de la ville, il décide de s’y installer définitivement en 2001. 

Interrogé par Anadolu sur le passé colonial du Sénégal et du rôle de la France, Dupas assure "ne pas nier le passé"

"Mais je n’y suis pour rien, ni même mon grand-père. Je pense que le colonialisme ne doit plus être utilisé aujourd'hui comme un prétexte. Il faut dépasser ça. J’ai 73 ans et tout l’argent que je gagne ici, je le dépense pour St-Louis et pour le Sénégal que j'aime. Je n’ai jamais porté le complexe de la colonisation et je n’ai jamais été victime d’accusations sur cette question". 

Même si à première vue, St-Louis donne l’image d’une ville française typique, c'est tout une autre vie qui se joue dans les rues de la ville. Si les rues françaises sont, elles, en assez bon état, le reste de la ville reste très pauvre. 

Ici, la très grande majorité des jeunes cherche à survivre grâce à la pêche pratiqué dans le Lac Sénégal. Leurs poissons est ensuite vendus au marché de la ville. 

AA