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LA MSAE MALADE DE SON PRESIDENT

Epinglé par un rapport d’audit accablant, le président de la Mutuelle de santé des agents de l’Etat, le magistrat Babacar Ngom, s’accroche à son fauteuil, au grand dam de ses administrateurs et des adhérents.

La Mutuelle de santé des agents de l’Etat (Msae) connaît des moments difficiles. Débar¬qué avec toute son équipe par le Conseil d’administration, en juillet 2020, le président de la mutuelle, le magistrat en détachement Babacar Ngom, s’accroche à son fauteuil. Ce qui a conduit un certain nombre d’administrateurs de la mutuelle à dénoncer son attitude, et à porter plainte à son encontre, auprès du procureur de la République.


Rédigé par leral.net le Jeudi 8 Avril 2021 à 15:04 | | 0 commentaire(s)|

Les griefs à l’endroit de M. Ngom ont été expliqués par l’audit de la gestion de la Mutuelle des agents de santé, ordonné par le Conseil d’administration. Il y est relevé, entre autres manquements, une situation financière délicate d’une structure qui ne devrait pas souffrir de manque de liquidités, mais qui accumule des dettes vis-à-vis de ses prestataires, le non-respect des rubriques budgétaires, la non-tenue régulière des réunions des instances de direction, etc.

La Msae a pour mission la prise en charge médicale des agents de l’Etat du Sénégal. Ses textes disent qu’elle est «ouverte à tous les agents de l’Etat et des collectivités publiques, en activité ou à la retraite (pour ces derniers, il faut avoir adhéré à la mutuelle pendant la période d’activité pour pouvoir continuer à bénéficier des services offerts)». La Msae a été créée le 17 mai 2003, au cours d’une Assemblée générale constitutive.

Soucieuse de la qualité de l’offre et de l’amélioration du plateau technique, elle s’est lancée dans la création de centres médicaux. Dès octobre 2007, un cabinet dentaire a été érigé à Kaolack et plus tard, un autre à Dagana et à Ziguinchor, en janvier 2016 et récemment, en décembre 2019, Ziguinchor a encore étrenné un centre médico-social.

Structurée en plusieurs organes, dont l’Assemblée générale, le Conseil d’administration, le Bureau exécutif, les Commissions de contrôle, les coordinations régionales, jusqu’aux structures départementales, la Msae a mis en place un manuel des procédures qui précise les attributions des différents organes et leurs modes de fonctionnement. Mais le cabinet d’expertise Axe, qui a fait l’audit de la structure, a déploré le fait que «les différents organes ne mettent pas en œuvre toutes les attributions qui leur sont dévolues. Ainsi, les différentes réunions du Ca, du Be et des organes, ne sont pas régulièrement tenues (depuis 2016, aucune autre Ag n’a été tenue». Alors que les textes communautaires de l’Uemoa imposent des Ag au moins une fois par an, et au plus tard six mois après la clôture de l’exercice social.

Et même pour des instances qui déclarent tenir des réunions, les auditeurs ont relevé l’inexistence de Pv des réunions, ce qui rend impossible de vérifier la réalité et l’authenticité des décisions prises. Parmi les autres manquements notés par le rapport d’audit, il y a notamment, «une limitation à deux, des missions de la commission de contrôle au niveau du siège, en contradiction avec les dispositions communautaires cf. article 54 du règlement 07/2009/CM/UEMOA qui stipule que «…à tout moment, l’organe de contrôle peut procéder aux vérifications et contrôles qu’il juge opportuns… et qu’il doit contrôler la mutuelle au moins 2 fois dans l’année d’exercice».

A cela, s’ajoutent un «archivage défectueux et non dématérialisé, l’absence de plan de communication, l’absence d’un système de suivi-évaluation, l’inexistence de données (absence de comptabilité et de système d’information), pouvant mesurer la viabilité technique de la Msae. Ce qui empêche de fournir une analyse motivée sur la qualité du portefeuille de risques». En conséquence, les auditeurs affirment : «Il nous est difficile d’apprécier le degré de maîtrise par la Msae des principaux risques liés à l’assurance : à savoir, la sélection adverse, la surconsommation ainsi que la sur-prescription».

L’autre faiblesse, est le déficit dans le système de contrôle : «L’inexistence d’un outil adéquat de gestion des adhésions est à l’origine du défaut de maîtrise de la dynamique des membres. L’absence d’outils adéquats de suivi des prestations est une des causes des dépassements fréquents des plafonds de remboursement, limité pour chaque membre à 60 mois de cotisation.» « Ainsi, de 2016 au mois d’août 2020, 218 personnes ont atteint le plafond. Et sur ces 218, les 183 l’ont dépassé soit un pourcentage de 83,95%. Le montant total des dépassements s’élève à 6 millions 128 mille 541 FCfa et met en évidence le manque de maîtrise du flux des prestations et l’absence de mesures correctives », déplorent les auditeurs.

Parmi les conséquences de ces manquements dans la gestion, la mutuelle, qui est censée ne pas souffrir de problèmes de liquidités, traîne une ardoise auprès de structures médicales et des pharmacies, de l’ordre de 311 millions 876 mille 781 FCfa, du fait d’un défaut de diligence dans le traitement des factures.

En plus des questions liées à sa gestion, le Président Babacar Ngom fait l’objet de deux plaintes de la part de certains administrateurs de la structure. L’une de ces plaintes, auprès du Premier président de la Cour suprême, concerne la violation du statut des magistrats, qui interdit le cumul de la fonction de magistrat avec une autre fonction publique ou privée, notamment élective, comme celle de président de Mutuelle des agents de l’Etat. L’autre plainte, auprès du procureur de la République, porte sur les disparités dans les comptes, portant sur les travaux de construction du siège de la mutuelle. Cette plainte concerne également le Trésorier général de la mutuelle, M. Ibrahima Diédhiou.

"Le Quotidien" a vainement tenté de joindre le président de la mutuelle, M. Ngom, pour recueillir son avis. Nos appels ainsi que les messages téléphoniques écrits, sont restés lettre morte.

( Les News )