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«LE COUVRE-FEU VA BEL ET BIEN AIDER A DIMINUER LES CONTAMINATIONS !»

Empêcher que les gens se rencontrent dans des endroits fermés la nuit et éviter l’apparition de clusters (foyers de transmission de la maladie). Voilà ce à quoi sert un couvre-feu dans un pays où presque personne ne dort et ne respecte pas les mesures barrières édictées par les autorités sanitaires. Car si, durant la journée, les citoyens s’auto-éduquent, la nuit, c’est la défiance totale. De ce point de vue, le couvre-feu décrété à Dakar et Thiès depuis près de 10 jours pourrait bel et bien aider à contrôler la propagation du virus, selon notre consultant en santé, Dr El hadj Ndiaye Diop. A l’en croire, toutefois, les impactés par cette mesure administrative, comme les artistes par exemple, devaient pouvoir bénéficier d’un accompagnement.


Rédigé par leral.net le Vendredi 15 Janvier 2021 à 20:31 | | 0 commentaire(s)|

Dans trois jours, le couvre-feu prendra fin puisque sa durée maximum est de 12 jours mais la mesure peut être renouvelée et le couvre-feu prorogé. Surtout avec les nouveaux pouvoirs dont vient d’être doté le président de la République pour gérer les catastrophes naturelles et sanitaires.

Toutefois, beaucoup de nos compatriotes se demandent quel peut être l’impact d’une restriction qui ne s’applique que la nuit, ironisant sur le fait de savoir si le virus du covid-19 ne circulerait que la nuit tout en dormant le jour.
Prenant le contrepied de ces sceptiques, Dr El Hadj Ndiaye Diop affirme que le couvre-feu va bel et bien aider à diminuer les contaminations et éviter la tension sanitaire dans les hôpitaux. « Le jour ne peut être comparé à la nuit pour beaucoup de raisons surtout d’ordre économique. ‘’Dakar ne dort pas’’ n’est pas un simple slogan, c’est une réalité. Bien que villageois, j’ai été étudiant à Dakar. Ceux qui circulent la nuit, qui font la fête ou qui se rassemblent pour d’autres raisons, se soucient peu des masques et de la distanciation physique. Autant demander à des baigneurs de porter des tenues décentes !

Bref, tout ce monde dont je viens de parler risque de développer des clusters dans ces endroits souvent fermés. De 23 heures à 5 heures du matin, il y a des concessions à Dakar où il est impossible de trouver la moindre fourmi la nuit. Pas l’ombre d’un jeune. Tous sont dehors, le plus souvent dans les boites de nuit huppées, et autres soirées de musiciens » souligne le Dr El Hadj Ndiaye Diop. Notre consultant d’ajouter que « Dakar ne dort « jamais » !

La capitale est très bruyante notamment par une pollution sonore. Et le virus circule bien la nuit durant laquelle c’est les restaurants, les bars, les boites de nuit, des milieux fermés qui fonctionnent. Or, qui dit milieu fermé, dit cluster, beaucoup de microbes circulent dans un environnement fermé. C’est là où il y a le plus de contamination. En plein jour, quand les gens marchent dans la rue, il y a peu de chance qu’ils se contaminent. Souvent, c’est la contamination indirecte avec les mains. Le jour, si on respecte les mesures barrières ça peut régler le problème. Or, la nuit, chacun est libre de faire ce qu’il veut, pour ne pas dire que c’est la défiance. Donc, c’est la nuit qu’il y a le plus de risques.

Quand on ferme Dakar et Thiès, qui sont des zones de fortes concentrations humaines, on limite le développement de clusters. Il y en a qui quittent Touba pour dire que Touba n’a pas de couvre-feu. Le virus ne peut pas être définitivement éradiqué, mais si on peut prendre des actions importantes qui peuvent positivement influencer, et diminuer considérablement la propagation, c’est important. C’est ça le but du couvre-feu, c’est de lutter contre la propagation du virus. Car, encore une fois, le jour on s’autocontrôle, mais la nuit c’est la liberté et la défiance. D’où l’utilité d’un couvre-feu pour éviter les clusters. Dakar-Thiès est devenu une mégapole qui concentre une grande partie de la population du Sénégal.

Agir sur cette zone peut influencer positivement le ralentissement de la propagation du virus. L’ensemble des mesures barrières n’ont qu’un seul but : ralentir la progression de la contamination. Seule l’immunisation de la population peut vaincre le virus, et ce ne sera pas pour cette année. Mes amis de Thilmakha, à la limite de la région de Thiès, qui n’ont pas de cas, vont vivre le couvre-feu. Ça parait paradoxal, mais il est difficile de prendre des mesures personnalisées ou à la carte. Je crois qu’un petit déplacement pour joindre sa deuxième maison ne fera pas l’objet d’arrestation dans cette zone ». « Pour revenir sur le sujet, je dirais que les choses sont mieux contrôlées. Dans les bureaux, dans les cars de transport en commun et lieux publics, nous sommes tous responsables de ce contrôle. ‘’Amoul neboo’’ ! L’impact économique d’un couvre-feu est moins important la nuit par rapport à un confinement le jour. Bien sûr qu’il y aura des impactés comme les artistes, les gérants de lieux de divertissement… C’est pourquoi, ils ne doivent pas être oubliés en termes de mesures d’accompagnement. Je parle ici uniquement de considérations sanitaires qui nous concernent en tant que médecins. Un grand bravo à nos forces de l’ordre qui sont dans la rue la nuit pour surveiller l’application du couvre-feu et veiller à ce que les gens ne se déplacent pas. Dans tous les pays, ça marche ! », a conclu Dr El Hadj Ndiaye Diop.

Ndèye Fatou Kébé