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LES PREUVES ECRITES DE LA MAUVAISE FOI DE M6 (PAR S. A. AZIZ MAJALIS )

Je dois l’avouer. Mon emploi du temps est tellement serré et mes activités tellement prenantes que je n’ai point l’habitude de me prononcer ou de dissiper mes réflexions sur des polémiques du genre du reportage de M6 dont le niveau intellectuel, d’une puérilité assez ahurissante me parut en elle-même assez suffisante pour ne pas me rabaisser à m’escrimer à réfuter leurs clichés et raccourcis médiatiques. Mais, en tant qu’acteur involontaire et témoin privilégié de la forfaiture de M6, le devoir m’impose de participer à la clarification du débat.


Rédigé par leral.net le Mercredi 3 Juin 2009 à 19:09 | | 0 commentaire(s)|

LES PREUVES ECRITES DE LA MAUVAISE FOI DE M6 (PAR S. A. AZIZ MAJALIS )
C’est peut être de la condescendance intellectuelle. Mais franchement je pensais que j’avais d’autre chose de plus important à faire et de plus utile (comme le montage des vidéos du Forum NTIC de Touba par exemple que je suis entrain de finir) que de répondre au dénigrement de ceux qui ont déjà depuis longtemps dénigré le Seigneur qui les a créés et la véracité du Prophète de l’Islam (PSL). Il faudra, pour mieux s’en convaincre, que mes condisciples mourides regardent le reportage que cette même émission de M6 a consacré au Pèlerinage à la Mecque pour se persuader davantage de sa nature « people » et islamophobe, et que ce qui est en jeu va au-delà du Mouridisme. C’est plutôt le sempiternel problème de la foi et de la religion « opium du peuple » qui continue de déranger et de hanter le peuple de France, depuis la vengeance de la Révolution de 1789 sur le clergé complice de la royauté. Mais ça c’est une très longue histoire. Et le montage des vidéos du forum sur le serveur de Majalis ne me donne pas, malheureusement, le temps d’un article complet et argumenté.

Mais à quelque chose malheur est bon. L’agression de Michael Richard (réalisateur de l’émission) a permis de déclencher une dynamique qui me semble assez intéressante. La qualité intellectuelle des réactions exprimées ici et là, le niveau très appréciable des argumentaires sur le web, tout démontre l’émergence progressive d’une dynamique de prise en charge de la communication et de la chose médiatique dans notre communauté. Cela fait des années que je déplore ce vide médiatique et notre inorganisation dans ce domaine, qui se traduit par une insuffisance de prise en charge dans la communauté mouride de cette dimension qui est devenue pourtant, aujourd’hui, capitale dans la mondialisation. Ceci, sans toutefois tomber dans le "piège de la défensive", consistant à consacrer excessivement d'énergie à constamment nous justifier et à réfuter les inévitables et incessantes attaques contre nos valeurs. Piège dans lequel l'on a déjà confiné les musulmans, en assimilant l'Islam au terrorisme et à l'intolérance. Le mouridisme est né et a grandi dans les dénigrements, les pires calomnies et les manœuvres machiavéliques, aussi bien de ses ennemis colons que ceux plus pernicieux de beaucoup de nos frères « indigènes » (comme c’est souvent le cas malheureusement en Afrique : le Noir s’est trop souvent transformé en loup pour son frère Noir). Que l’on sache, ces multiples manigances de toutes sortes n’ont jusqu’ici jamais réussi à ralentir la marche du mouridisme, car les mourides ont toujours su s’attacher aux valeurs enseignées par le Cheikh quels que soient les obstacles : adoration de Dieu, attachement au travail, détermination, esprit d’initiative et d’ autonomie etc. (malgré toutes les insuffisances inhérentes à toute communauté humaine). C’est donc le lieu de rappeler à mes condisciples contemporains ces adages mourides qui ont permis à nos anciens de persévérer et de réaliser de grandes œuvres concrètes : « Kuy wax ba raw la, manoo wax ba dab ko » (Beau parleur ne saurait égaler beau faiseur.), « Dieuf Dieul » (Seule l’action paie). Ne perdons pas non plus trop de temps et d'énergie à répondre aux insultes et autres généralisations abusives sur les forums de discussions du web où le moindre incident impliquant un mouride ou à Touba (où vit presque 1 millions de personnes venant de tous horizons) entraînent des déchainement de mouridophobie inouïe. "Il n'y a pas de pire homme que celui qui aime répondre à l'insulte par l'insulte" nous as appris depuis longtemps le Cheikh dans Nahju (La Voie de la Satisfaction des Voeux) [ouvrage disponible sur www.majalis.org]. Assimiler tout mauvais comportement d'un mouride à toute une communauté et à ses principes fondateurs s'assimile ni plus ni moins qu'à identifier l'Islam au terrorisme et à l'intolérance juste à cause d'une poignée de terrorisme sur 1 milliard de personnes dont l'essentiel vit de façon tout à fait pacifique leur foi. Concentrons–nous donc plus sur nos propres projets, mais aussi à réformer lucidement nos insuffisances humaines, à nous en repentir constamment auprès du Seigneur et à toujours persévérer dans la Voie et l'Adoration de Dieu. Il est aussi impératif que ceux qui se réclament du mouridisme sans consentir à se conformer aux enseignements n’occupent plus seul le terrain médiatique, en assimilant notre voie au folklore wolof ou à ses dérives, comme c’est malheureusement trop souvent le cas à travers la mode actuelle des danses et des tam-tams nocturnes. Il ne faut plus également céder, sans le savoir, au complexe d'infériorité, car nous continuons malheureusement à nous émouvoir excessivement sur le regard que l'Occident pose sur nous, comme si leur avis était plus important que notre propre regard et que nous soyons obligés quelque part de toujours essayer de leur plaire ou de nous comporter selon leur desiderata.

Don Quichotte solitaire face aux baobabs mouridophobes de cette savane virtuelle, dégainant sans cesse, face aux vents du web, ma plume intellectuelle, je combattais assez seul, je l’avoue, les spectres de la haine viscérale contre les mourides. M6 m’a permis de trouver des camarades de combat et m’a révélé que je n’étais pas seul sur ce terrain de la défense du patrimoine du Cheikh. Merci pour cela, M6. Pour une fois, je ne suis plus obligé de prendre mon clavier pour répondre, d’autres l’on déjà fait mieux que moi. Il nous reste toutefois, chers condisciples, à mieux organiser notre système de défense et à mieux nous organiser de façon durable et plus rationnelle pour gérer une bonne fois la communication dans la communauté mouride. C’est capital. Il y'a trop de vide que nos ennemis exploitent trop facilement. L'information est devenue une arme redoutable que nous ne saurions négliger plus longtemps, au risque d'être submergés et dépassés. Nous ne saurions toujours nous contacter de réactions isolées pour combattre le système de la pensée unique que cet Occident veut imposer au monde entier et dont nous avons commencé à voir les effets pervers et immoraux globaux. Pour combattre efficacement un système, il faut lui opposer un autre système, également ou même plus efficace. A quand des télévisions et des radios modernes à même de répandre le message de l’Islam et les enseignements de Cheikh A. Bamba ?

Donc, les chiens de M6 aboient, mais la caravane mouride passera inchallah.

C’était juste un préliminaire. La raison principale de cet article est plutôt d’apporter, en tant que témoin central et involontaire dans cette affaire, à tous ceux qui dénonçaient la mauvaise foi évidente des journalistes de M6, des arguments matériels probants, à même de prouver définitivement leurs soupçons d’une approche délibérément tendancieuse. En effet, j’ai été personnellement contacté par Michael Richard, le réalisateur de l’émission en question, durant la phase préliminaire du reportage, afin de l’orienter et de l’aider dans son travail. Ceci par l’intermédiaire d’un condisciple mouride résidant en France qu’il avait contacté. Il m’appela plusieurs fois par téléphone et nous échangeâmes ainsi une série de emails dans lesquels il nous servit un discours et un ton que l’on a du mal aujourd’hui à reconnaître après avoir visionné son reportage.

Quand la duplicité et la fourberie deviennent des artifices journalistiques, que vaut alors l’opinion d’un homme qui n’a point le courage de ses opinions et qui, pour t’approcher, sent le besoin de se couvrir d’une peau inoffensive de brebis, n’ayant point le courage d’assumer clairement ses visions de loup sur cette prétendue « multinationale » mouride. Cher Michael, tu n’avais pas besoin de cet artifice pour ça, tu n’avais qu’à m’interpeller directement sur cette problématique, franchement et sans détours. L’on aurait alors pu en discuter librement tous les deux. Tu as bien du sentir que je n’avais pas peur des questions « taboues » dans nos échanges par téléphone non ? As-tu tellement pratiqué la technique de la "caméra cachée" au point d'être obligé d'user involontairement de celle de "l'âme cachée" ? Tu as bien du réaliser aussi que tous les mourides n’étaient pas des « fanatiques », qu’il y en avait même beaucoup qui faisaient des choses très intéressantes, même pour une émission qui raffole de « l’envers du décor » et qui préfère l’odeur peu ragoutante des caniveaux à la senteur savoureuse de notre cuisine africaine. Aurais-tu donc, cher Michael, la vocation du journalisme de « plomberie » au lieu de la presse de lumière, celle des Lumières tant chantées ?
J’aurais bien aimé continuer cet échange (qui pourrait être assez croustillant, n’eût été le vol du temps), mais les vidéos du forum m’attendent et notre Cheikh nous a appris que le temps nous était compté, car « tout instant, aussi court que celui d’une respiration, vaudra à l’Au-delà une pierre précieuse avec laquelle l’on pourra acheter un trésor incommensurable » (Les Itinéraires du Paradis). Peut être que tu ne connaissais pas ce vers, comme bien d’autres enseignements du Serviteur du Prophète (PSL) d’ailleurs auxquels tu n’as pas semblé trop t’intéresser. C’est vrai que tu n’as pas essayé d’interroger également les véritables chercheurs sur le mouridisme pour, au moins, confronter et analyser (selon la fameuse déontologie journalistique) les véritables motivations des mourides à la lumières des enseignements de Cheikh A. Bamba et de son œuvre dans le raffermissement de l’Islam au sein de son peuple. C’est vrai qu’interviewer un vendeur à la sauvette est plus accrocheur et plus rentable coté audimat (surtout dans une France en crise, en recherche perpétuelle de « boucs émissaires » dans son émigration) que mettre en exergue l’apport à l’humanité d’un grand résistant africain que ton pays a injustement exilé pendant plus de sept années, je te le rappelle, sans même jamais consentir à s’en excuser ou à le réhabiliter (à travers, ne serait-ce que, la « repentance », selon la formule condescendante de Sarkozy).

Je comprends mieux maintenant Michael pourquoi à Touba tu n’as fait aucun effort pour m’interviewer sur place en répondant à notre invitation de couvrir le « Forum sur les NTIC au service de l’œuvre de Cheikh A. Bamba ». Ce n’était pas vraiment cet aspect moderne et hautement progressiste du mouridisme qui t’intéressait réellement en définitive. Pourtant si tu étais venu, tu aurais pu te rendre compte par toi-même que tous les mourides n’étaient pas des vendeurs de contrefaçon au Trocadéro ou sous la Tour Eiffel. Mais qu’il y en avait dont l’expertise et les compétences dans tous les domaines d’activités n’ont rien à envier aux meilleurs spécialistes du monde. Je peux simplement te citer l’exemple de M. D., à qui j’avais confié la supervision de l’atelier « Création de Services TIC à valeur ajoutée dans la future plateforme de Touba », dont le CV doit certainement être plus fourni que le tien : ingénieur, DG de la société qui est le deuxième registrar internet de toute l’Afrique, Ancien Membre du Conseil d'Aministration d'ICANN (organisation mondiale qui gère l'Internet) et un des Pionniers de l'Internet au Sénégal etc. Mais c’est vrai que des profils comme celui-ci n’arrangent point la ligne éditoriale de « Enquête Exclusive » qui, comme son nom l’indique exclut délibérément et en toute connaissance de cause les aspects positifs de ses « rush ». Tu aurais pu également m’interviewer lors du forum et montrer l’œuvre sur le web du projet Majalis dont tu as du certainement visiter le site, ou bien rencontrer d’autres grandes figures représentatives de l’élite intellectuelle mouride. Mais c’est vrai que cette typologie de « marabout » fidèle aux enseignements de l’Islam et utile à leur communauté ne sembla pas non plus t’intéresser. Tu préféras plutôt aller à la recherche de brebis galeuses dont les dérives et les écarts de langage s’accordent mieux avec les objectifs que tu avais déjà fixés par avance : démonter que le mouridisme n’est rien de plus qu’une secte, avec des gourous mercantiles qui profitent de la crédulité de leurs adeptes pour fructifier leur vil commerce. Ce qui fut toujours tenté, de Paul Marty à M6. Il est également vrai qu’avec une caméra (cachée ou pas), tout homme rusé peut démontrer n’importe quoi, du moment qu’il sélectionne minutieusement ce qu’il veut montrer ou pas. C’est comme si, pour décrire les idées de toute la classe politique française, l’on se contentait d’interviewer un Jean-Marie Le Pen ou un Bernard Lavilliers, pour décrire le comportement de tous les jeunes de la banlieue française, l’on interviewait exclusivement les caïds de Barbes ou les malabars haineux agressant les lycées de Belle-Ville ou même les bandes de néo-nazis de Neuilly-sur-Seine censés représenter la jeune France, pour décrire toute la jeunesse anglaise, l’on se contentait de filmer les hooligans ivres et armés à la sortie des stades. Par ailleurs il y en un grand nombre d’autres sujets de reportages qui intéressent également les gens et qu’on a peu de chance de voir sur M6 tels que d’où vient l’argent de Total alors que la France n’a pas de pétrole ?, l’argent de GDF alors qu’elle n’a pas de gaz ? celui d’AREVA alors qu’elle n’a pas d’uranium ?, pourquoi les réserves de change du FCFA résident en France ?, qui a tué Thomas Sankara ?, pourquoi De Gaulle a fait tuer les tirailleurs Sénégalais à Thiaroye ?

Ton collègue de RFI (Laurent Correau) qui a couvert le forum NTIC a semblé avoir hautement apprécié cet aspect du mouridisme qu’il ne connaissait pas et qui allait tellement à l’encontre des images de fanatiques qu’on lui avait servies, ceci au point de faire un reportage assez élogieux sur la volonté des mourides de moderniser leurs méthodes et de s’insérer dans la mondialisation tout en préservant leurs valeurs. Il ne faut pas donc que nous tombions nous aussi dans le piège de la généralisation abusive du genre « toubab yi, ñoom ñepp ñoo yam » (Tous les Blanc sont pareils).

Lors de notre entretien au téléphone, nous avions abordé, si je me souviens bien Michael, la question des contributions financières (hadiya) des disciples mourides dans les projets de leur communauté et auprès de leurs dirigeants, sujet qui semble aujourd'hui en rapport avec ton reportage sur la « multinationale » mouride et qui a toujours obnubilé les chercheurs occidentaux. Après t’avoir rappelé le principe théorique de ces dons (participation au progrès de la Voie de Dieu ou/et bénéficier de la bénédiction des pieuses gens) et le fait qu’il existe quelques fois des écarts certains par rapport au principe originel ne remette en rien la valeur et la portée dudit principe, je t’avais posé une question assez inattendue et qui avait semblé te désarçonner : S’il était vrai que les disciples mourides étaient victimes d’exploitation financière comme l’ont toujours soutenu la plupart des auteurs occidentaux, comment se faisait-il que ces mêmes disciples soient aujourd’hui parmi les plus riches citoyens et soient parvenus au sommet de l’échelle sociale sénégalaise, sachant qu’ils étaient dans le passé au bas de cette même échelle et parmi les citoyens les plus humbles de la société sénégalaise (agriculteur du Baol etc.) ? Pourquoi n’as-tu pas abordé cet argument dans le reportage Michael ?

Bref, voici quelques emails envoyés par le réalisateur de « ENQUETE EXCLUSIVE », celui qu’il m’a envoyé et aux autres condisciples mourides de New York, dans lesquels il nous présenta une image positive du mouridisme fort différente de celle qu’il nous servit ultérieurement, et où il n’est nulle part question de « multinationale de vendeurs à la sauvette». Les parties que nous avons mises en gras dans le texte démontrent, à notre sens, la mauvaise foi évidente du réalisateur qui, sans le vouloir, a reconnu tacitement des cotés positifs de ce qu’il a voulu délibérément salir. Sans pouvoir y parvenir.


PAR S. A. AZIZ MAJALIS
Concepteur du Projet Majalis (www.majalis.org)

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