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La République souillée - Par Moubarack Lô


Rédigé par leral.net le Dimanche 26 Juillet 2015 à 12:44 | | 48 commentaire(s)|

La République souillée - Par Moubarack Lô
Les accusations vraisemblables contre le désormais consul du Sénégal à Marseille, en France, portent un coup dur à notre République qui se retrouve souillée et agressée moralement. Jamais dans notre histoire, l’image et l’épaisseur de la Diplomatie sénégalaise, longtemps connue pour son sérieux, n’ont été aussi dégradées que par les temps qui courent.

Cette situation inédite n’est que la conséquence des nominations aux postes consulaires (et parfois à ceux de conseillers économiques dans les Ambassades) qui, très souvent, ont mis en avant les critères d’appartenance à l’APR (l’Alliance pour la République, parti au pouvoir) au détriment de la formation et de l’expérience.

Les diplomates de carrière, ahuris, se sont alors vus entourés par un nouveau type de personnel peu au fait des normes de comportements diplomatiques et pour qui la seule légitimité politique prime sur toute autre considération. Stoïques, ils ont encaissé ce terrible affront à leur corps d’excellence, en se disant qu’après tout, l’essentiel c’est de servir l’Etat, comme le ferait un bon militaire, quelle que soit la qualité de ses dirigeants ou de ses agents du moment. Certains, par dépit, n’ont d’autre choix que de prendre une retraite anticipée ou de baisser les bras, déçus de devoir travailler dans des conditions ne répondant pas aux règles idoines. Le Sénégal, partout salué pour sa Diplomatie sage et éclairée, ne mérite guère cela.

Il appartient au Président de la République, seul responsable de cette situation, parce que nommant ou encourageant la nomination aux postes consulaires (et parfois diplomatiques) de partisans de l’APR, de faire son propre aggiornamento et de mettre de l’ordre dans les Ambassades et Consulats, en faisant auditer et en relevant de leurs postes les diplomates et agents consulaires qui ne possèdent guère le profil requis. Il peut décider aussi de laisser ce chantier à son futur successeur à la tête de l’Etat, car cet indispensable travail de mise aux normes se fera tout ou tard.

Dans l’intervalle, l’APR aura peut être gagné quelques électeurs, mais la République aura beaucoup perdu de sa superbe et le Parti aura clairement pris le dessus sur la Patrie. Ce qui est à l’opposé de la promesse de M. Macky Sall, alors candidat à la Présidentielle, d’une gouvernance vertueuse, sobre et efficace.