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La bouleversante histoire d'Aminata Ly : "Mes deux filles ont été enlevées par leur père"

Rédigé par leral.net le Mercredi 14 Juin 2017 à 10:54 | | 0 commentaire(s)|

La bouleversante histoire d'Aminata Ly : "Mes deux filles ont été enlevées par leur père"

Depuis plus d'un an, Aminata Ly vit un drame. Ses deux filles ont été enlevées par leur père qui vit aux USA. Son drame, son histoire bouleversante, c'est elle-même qui le raconte dans une Lettre ouverte envoyée à Afrique Connection.

 

VOICI LA LETTRE OUVERTE D'AMINATA LY

 

” Bonjour, je m’appelle Aminata Ly.

Le père de mes enfants et moi, nous nous sommes mariés aux USA en 2002. Nous avons eu deux filles: l’ainée en 2004 et la seconde en 2005. Notre mariage était malade des infidélités permanentes de mon ex-mari, de la torture morale, de la souffrance.

En 2007, j’ai donc décidé de le quitter (c’était déjà la 4e fois) ainsi que tout ce que nous avions construit ensemble et de rentrer en Afrique, avec les enfants bien sûr.

Soi-disant qu’il avait changé, il est revenu vers moi, demander pardon et on s’est remis ensemble en 2008. Mais bien évidemment, cela n’a duré que quelques mois et finalement notre séparation a été scellée dans une grande violence. Il est parti de la maison début 2009 et j’ai demandé le divorce.

Notre divorce a été prononcé en 2012. Les termes me donnent la garde exclusive des enfants jusqu’à leur majorité. Décision confirmée le 7 avril dernier par la cour d’appel d’Abidjan.

Le tribunal des tutelles m’a également accordé la puissance paternelle. Le père a un large droit de visite et on lui demande de me payer 100.000FCFA par mois comme aide au logement (ce qu’il fait à peine, quand il le veut bien et toujours à coup de chantages). Bref, il vit aux Etats-Unis et nous, à Abidjan. Il donne des nouvelles quand il veut, vient de temps en temps….

 

Je n’ai jamais empêché mon ex-mari de voir les enfants, JAMAIS. Mais il passe son temps à clamer cela haut et fort.

Je n’ai jamais empêché mon ex-mari de voir les enfants, JAMAIS. Mais il passe son temps à clamer cela haut et fort. Il oublie qu’il les a vues et/ou prises chez lui pour plusieurs jours, à chaque fois qu’il le voulait bien….. décembre 2012 (son premier retour à Abidjan depuis 2009), décembre 2013, février 2014, leurs anniversaires en 2014 (chez moi), février 2016, etc…..

Les seules fois où il n’a pas pu les voir, c’est qu’il a trouvé qu’elles étaient déjà parties en vacances, et ça c’est parce qu’il ne communiquait pas…. Ça lui aurait coûté quoi d’envoyer juste un mail pour dire, cette année je viens chercher les filles.

En juillet 2016, il est arrivé à Abidjan avec l’intention de venir chercher les filles pour les emmener en vacances chez lui. Le seul moyen qu’il a de communiquer avec moi depuis plusieurs années, c’est par voie d’huissier. Il m’a donc envoyé son huissier un vendredi soir, pour m’informer qu’il était à Abidjan et qu’il viendrait récupérer les filles le lendemain matin.

Aminata Ly - mes enfanyts m'ont été enlevés par leur père
 

Moi j’ai pour habitude de programmer les vacances des filles bien à l’avance et n’ayant aucunes nouvelles de lui, j’avais déjà organisé leur voyage et elles étaient à Cotonou chez ma grande-sœur.

Il faut dire qu’elles sont en vacances depuis début Juin pour l’une et mi-juin pour l’autre. C’est ce que j’ai répondu à l’huissier.

 

Le commissaire qui nous reçoit me fait bien comprendre que je dois lui donner les enfants et que j’encoure une peine de 3 ans de prison si je ne me soumets pas à cette exigence. J’ai eu beau me défendre des mensonges calomnieux, dénoncer les accusations mensongères et les stratagèmes honteux, rien n’y faisait, le commissaire n’entendait rien.

 

Le 15 Juillet 2016, mon ex-mari me fait convoquer à la police criminelle, sous-direction de la lutte contre la traite d’enfants et la délinquance juvénile, après avoir porté plainte auprès du bureau du procureur de la République.

Je réponds à la convocation et là, c’est la stupeur: j’apprends qu’il m’accuse de l’empêcher de jouir de son droit de père et surtout, d’avoir envoyé mes filles en Mauritanie pour les faire exciser….

Un mensonge honteux puisque l’excision n’existe pas dans ma famille et lui, le sait mieux que personne puisque j’ai été sa femme…..

Le commissaire qui nous reçoit, me fait bien comprendre que je dois lui donner les enfants et que j’encoure une peine de 3 ans de prison si je ne me soumets pas à cette exigence.

J’ai eu beau me défendre des mensonges calomnieux, dénoncer les accusations mensongères et les stratagèmes honteux, rien n’y faisait, le commissaire n’entendait rien.

J’ai surtout hurlé ma crainte qu’il ne ramène pas les enfants s’il les prenait, j’ai eu beau le répéter au commissaire devant mon ex-mari… « S’il les prend, il ne les ramènera pas ». Ce même commissaire m’ordonne de me calmer et m’assure qu’il n’osera pas. Il dit et je cite: « On est quand même dans un pays de droit ! ».

N’ayant pas le choix, je lui signe donc les autorisations parentales pour qu’il puisse voyager avec les filles. Je les fais revenir de leurs vacances à Cotonou. Je lui remets les passeports américains des enfants. Il est censé les ramener le 24 août 2016. Entre-temps, devant le commissaire, il nous a donné une fausse adresse aux Etats-Unis ; mais cela nous ne le saurons qu’après…

Malheureusement, nous avons su après que le procureur avait demandé une enquête approfondie mais que le commissaire a bâclé ce travail, ni rapport, ni PV… Rien.

Il part donc avec les enfants début août. Le voyage commence par Paris, puis New York, puis Atlanta…. Je suis heureuse pour mes filles mais la boule au ventre ne me quitte pas.

Une semaine avant leur date de retour prévue, il les inscrit dans un institut d’anglais…. Soi-disant pour voir comment elles s’en sortent. Entre-temps, les filles, un peu perdues, me donnent quand même quelques indices…. « Maman nous ne sommes pas à Chattanooga (adresse que le père m’avait donné), nous sommes à Atlanta. Notre école s’appelle « Cobb ».

Les doutes ne me quittent pas, une mère ressent ce genre de choses ; mais je me persuade qu’il n’osera pas, quand même pas…..

Malheureusement, le 20 août 2016, il m’appelle pour me dire que mes filles ne reviendront pas….

Ses arguments: “les enfants ne parlent pas anglais”, “les enfants n’ont aucun niveau”.

Je tiens à dire que mes filles ont toujours été inscrites dans les meilleurs écoles privées de Cote d’Ivoire. Ce sont des élèves studieuses et appliquées. A la fin de sa 6e, l’ainée était l’une des meilleures élèves de sa classe avec les Félicitations de tous ses professeurs et à la fin de son CM2, la seconde a eu le Tableau d’Honneur.

Je suis allée à l’ambassade des USA. Ils m’ont mise en contact avec le Département d’État Américain mais malheureusement, ils m’expliquent très cordialement qu’ils ne peuvent rien faire car la Côte d’Ivoire n’est pas signataire des accords de La Haye.

Ils m’ont tout de même mise en contact avec l’ONG « National Center for Missing and Abducted Children » aux USA, avec lesquels je suis toujours en contact. Mais à ce niveau-là, pas d’évolution majeure.

Ils m’expliquent que je dois faire exécuter mon droit de garde (procédure d’exequatur) auprès d’un juge aux USA, dans l’état dans lequel les enfants se trouvent…. Mais j’ai demandé le visa, qui m’a été refusé.

 

Il les a coupées de tout et de tout le monde (...) Aujourd’hui elles sont complètement isolées

 

J’ai également porté plainte auprès du procureur de la République pour enlèvement mais rien n’a bougé à ce niveau là non plus.

Je suis complètement démunie…. Je ne sais plus quoi faire.

Cela fait bientôt un an que mes filles sont retenues aux Etats Unis et leur père n’a absolument aucune intention de les ramener. Les mensonges continuent. Il ment à ses enfants, il ment aux autorités, il ment à tout le monde. Je sais pour sûr qu’il n’a absolument aucune intention de ramener les enfants.

Aux dernières nouvelles, ils sont toujours à Atlanta en Géorgie…. Je leur parle quand il le décide, à peine une fois en passant, à peine 5 minutes…..

Lorsqu’elles avaient leurs téléphones, on se parlait au moins 2 fois par jour matin et soir. Mais il leur a retiré leurs téléphones, soi-disant que je leur monte la tête.

Il les a coupées de tout et de tout le monde. Les filles ont toujours été très entourées, ma famille, la sienne, les grands-parents, les oncles et tantes, les cousins, les cousines, les amis….. Aujourd’hui, elles sont complètement isolées…..

Ce sont mes filles, ce sont DES FILLES… Elles ont 12 et 13 ans.”

Aminata Ly