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La haine est-elle devenue chose banale au Sénégal ?


Rédigé par leral.net le Vendredi 28 Août 2015 à 21:54 | | 0 commentaire(s)|

Madame Fatou Sock s’est illustrée, cette semaine, par une contribution s’en prenant frontalement, sans gants, à la personne de Monsieur le Président de la République. Cette sortie aurait pu être classée dans le cadre de l’exercice d’une pratique démocratique courante. Nous n’aurions jamais réagi, s’il nous n’avions pas senti, derrière cette sortie dont le titre à lui seul résume les intentions de son auteur, une volonté manifeste de discréditer l’institution présidentielle, de nuire à l’image de Monsieur Macky Sall.
Les lecteurs avertis, qui ne se laissent plus berner par ces chroniqueurs de cabaret qui écument le net, ont sans aucun doute perçu derrière ces traits de peinture grossiers, une caricature monstrueuse, guignolesque, nourrie par un phrasé haineux. Il est en effet surprenant qu’une visite de condoléances rendue à des personnes disparues puisse être le prétexte à cette saille moribonde, qui trouve dans un acte de civilité banal, un signe de faiblesse, là où il eût fallu magnifier un geste d’humilité, d’humanité de Monsieur le Président de la République. Macky Sall a interrompu ses jours de repos pour présenter ses condoléances à trois familles, celles du vieux Sign Sign Guèye, du Tambour major Doudou Ndiaye et de Madame Ngoné Ndour, toutes éplorées. Le fait qu’il y aille avec Youssou Ndour, son ministre, conseiller, n’a rien d’extraordinaire, sinon le fait que cet homme, par sa profession, mais aussi sa filiation, entretient des relations privilégiées, filiales avec ces trois personnes. Au lieu de saluer la visite du Chef de l’Etat, la saine cordialité qui l’entoure, en voilà une qui le flétrit, pensant ainsi faire mouche de sa cordée, dépassant les limites de la décence, brandissant sans honte l’objet de sa vaine indignation. Car il est indigne d’exploiter à des fins aussi tendancieuses et machiavéliques, une douleur qui, au-delà des familles ci-avant citées, frappe toute une nation. Le Président Sall devait y être accompagné. Par qui donc, si ce n’est par Youssou Ndour et d’autres membres de la délégation que le chroniqueur de paille s’est bien gardé de citer ?
Que Youssou Ndour ait saisi cette occasion pour faire une déclaration, disant qu’il est la porte d’entrée du Chef de l’Etat, non seulement ne comporte aucune gravité, mais s’il en faut, c’est Youssou Ndour et non le président Sall qu’il vous faudrait interpeller. Ce serait et c’est, de toute évidence, un facile tintamarre que de maugréer sous la cheville d’un homme obligé de prendre de la hauteur et incapable, dans des situations de ce genre, de se défendre. Je prends le parti de le dire, madame Fatou Sock ou la personne qui se cache derrière vous, vous êtes d’une veulerie renversante et quand même vous cherchez à vous élevez au-dessus de votre saillie abracadabrantesque, vous demeurez d’une médiocrité honteuse. Macky Sall est placé à hauteur qu’il vous est impossible de parvenir, tellement votre propos est vaseux, dans lequel vous piétinez. Encore plus scabreuse, ce galimatias d’anecdotes et de propos à l’emporte-pièce comme une voleuse de nuit opérant dans l’obscurité, ramassant tout sur son passage, se délectant de tout ce qui lui vient de la boubelle.
Vous prenez des choses tantôt à Madiambal Diagne, tantôt à la presse quotidienne, pour monter votre réquisitoire bidon tendant à faire de Macky Sall « un faible ». Là où, encore une fois, l’opinion nationale et internationale, ses pairs africains lui reconnaissent, à la différence de celui que vous aviez connu et aimé, un sens de la mesure et de la décision, se rendant ainsi digne de sa charge, vous découvrez tambours battant, de la faiblesse, du manque d’autorité.
Je vous prie, madame Sock, de revoir le parcours de cet homme. Parti de rien, issu d’une famille modeste, pour ne pas dire pauvre, devenu brillant ingénieur géologue, alors que tout, sur son parcours le poussait au découragement. Les difficultés dans les familles d’accueil, les problèmes de prise en charge, la nécessité de prendre en charge ses parents, tout conduisait à l’abandon. A l’époque, ceux qui, comme lui, vivaient pareille situation, arrêtaient leurs études au BEPC ou au Bac, pour devenir enseignants. Tous ceux qui ont connu Macky Sall connaissent la nature de son engagement, la force de son courage, alors qu’il était dirigeant de la défunte coordination des étudiants de Dakar. Il faisait face à la direction de son école. A l’époque, et tous ceux de sa génération le savent, ceux qui n’avaient pas des notes suffisantes étaient transférés à la faculté des sciences pour poursuivre une carrière autre. C’est par sa force mentale que Macky Sall est resté à l’IST, devenir le brillant ingénieur géologue que vous avez l’insigne l’honneur de brocarder sous votre plume infecte.
Renseignez vous auprès du ministre Souty Touré qui, à l’époque Directeur de cabinet du ministre des Mines, était intervenu pour lui obtenir un stage à Petrosen. Au moment où son embauche se préparait, Macky Sall est allé le voir pour lui dire : « Je veux juste vous donner une information que peut-être vous n’avez pas, je suis de l’opposition. » Une preuve de courage extraordinaire, quand on connaît le contexte de l’époque.
Les sénégalais se souviennent bien du jour où, démis de ses fonctions, l’ancien Premier ministre a été soumis à une fouille au Palais de la République, où devait se tenir une réunion. On connait bien, et la presse l’avait rapporté, la réplique qu’il avait adressée à ce gendarme impénitent préposé à sa fouille et à ceux qui l’ont mandaté. Et bien entendu, son refus, adressé à Wade, de face, quand ce dernier l’a sommé de démissionner de son mandat de président de l’Assemblée nationale, le menaçant ouvertement de représailles. Eh bien, quand il l’a fallu, au risque de s’exposer à des poursuites, Macky Sall a démissionné de tous ses mandats électifs, perdant ainsi son immunité, s’exposant au régime de Wade et à ses sbires. Pendant ces années, l’homme chez qui vous décelez de la faiblesse a sans doute incarné l’opposition la plus ferme, la plus constante à Abdoulaye Wade, refusant toute forme de compris avec le défunt régime.
Ce que tout le monde perçoit comme de la décence, du calme, de la patience, de la mesure, de l’écoute devient sous votre plume haineuse, madame Sock, de la faiblesse, du manque d’autorité. Tout ce que nous voyons comme qualité, notre chroniqueur le transforme de sa plume, en faiblesses imprescriptibles. Et pourtant : son parcours, sa détermination aujourd’hui face à la pression d’une certaine rue, l’intelligence avec laquelle il contient sa majorité, la rigueur avec laquelle il fait face à un parti comme le Pds, la stratégie intelligente avec laquelle il gère Abdoulaye Wade devraient vous ramener à plus de modestie, à défaut de ravaler votre point de vue bâti sur des faits plutôt anecdotiques. La faiblesse n’est pas de réagir aux propos d’Amath Dansokho et de le chasser du Gouvernement. La force est dans le fait de pouvoir contenir ses critiques, accepter la dimension de chaque homme, ses faiblesses, ses limites et pouvoir les supporter.
Mais même le génie et la sagesse avec lesquels il réussit à garder sa majorité politique deviennent encore à vos yeux, un mal à proscrire. Madiambal Diagne, que vous présentez comme étant « la plume officieuse » de Monsieur le Président de la République, a bien raison de dire que si le Président Sall devait sanctionner ses ministres à chaque coup, il en limogerait toutes les semaines. Il a bien raison. On ne devient pas président de la République en se débarrassant tous les jours de ses collaborateurs encombrants. La force est intérieure, elle ne s’exprime pas tous les jours par des hurlements de colère et des sanctions à la va-vite, expression d’un manque de retenue et de pondération. Quand il a fallu se débarrasser de certains de ses plus proches partisans, de certains de ses amis, le Président Sall n’a pas hésité et sa plume n’a pas erré comme la votre zigzague. Youssou Ndour, que vous détestez particulièrement, a lui-même fait les frais des décisions du Chef de l’Etat, capable d’affection comme de froideur, quand les circonstances l’exigent. Que vaut ce qu’a dit Dansokho, sinon une remarque bienveillante, un message d’alerte d’un homme qui aime Macky Sall pardessus tout ? Faut-il en outre s’émouvoir que dans un gouvernement, des différences s’expriment ? Au lieu d’y voir un signe de vitalité dans le débat républicain, vous y voyez une faiblesse. Un Conseil de cabinet n’est pas une armée. Il est normal que les gens ne s’entendent pas et que, comme partout dans le monde, les différences s’expriment parfois à haute voix, sur certaines questions. C’est ce qui arrive en France, aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Italie, dans toutes les grandes démocraties. Nous ne sommes plus, madame Sock, dans des monocraties de commandement, nous sommes dans des démocraties de convention. Macky Sall a apporté une rupture épistémologique de ce point de vue et nous en sommes très fiers. Il gère le Conseil en collège, mais il ne faut aucun doute qu’il en est le chef, occupe pleinement sa place de président élu, seul délégataire du suffrage du peuple sénégalais. Le nouveau leadership qu’il incarne doit s’exercer dans la fermeté, oui, mais tout en laissant les énergies s’exprimer.
Il s’agit d’une force et non d’une faiblesse. Ceux de vos amis qui ont tenté de le défier et de mettre la République à terre, en hurlant leur bravoure, menaçant de le faire sortir du Palais, de soulever l’armée, appelant le peuple au soulèvement, ceux d’entre vous amis qui disaient que « si Karim est condamné, Macky ne dormira pas au Palais, savent si la personne à laquelle ils font face est faible ou pas. C’est plutôt cette rhétorique moribonde qui cache une grande faiblesse et le silence qui leur est opposé, une grande force. Dans son propre parti comme ailleurs, il a su montrer qu’il est le chef. Macky écoute. Il écoute vraiment et c’est sans doute une de ses grandes qualités que vous refusez de lui reconnaître. Il prend le temps de la décision, mais il la prend toujours, quand vient le moment.
Pour finir, sachez, pour votre gouverne, madame Sock, que l’espace politique est bien plus complexe qu’une armée que vous semblez mieux connaître et l’Etat est une chose bien plus complexe qu’un temple dans lequel vous semblez mieux vous épanouir avec votre gourou. Dans l’Etat, le Chef obéit à des pesanteurs d’une grande complexité, tranche entre des intérêts divers et divergents, décide sur la base d’informations qu’il est parfois seul à détenir. C’est ce qui doit nous conduire à la mesure, quand nous jugeons l’homme qui a fait tomber Abdoulaye Wade et qui, sans férir, fait face à une opposition milliardaire et délinquante. Ce qu’il nous faut combattre et je m’y attèle, c’est cette banalisation de la haine devenue soudainement une arme puissante aux mains des gens faibles.

René Pierre Yehoumé
Président du Moder/APR