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La mode de l’émergence comme symbole d’un manque de vision morbide

Émergence, émergence, émergence : nos oreilles bourdonnent de ce mot sans que ne nous sachions enfin de compte ce qu’il veut dire ni ce qu’il nous coûte. Nos compatriotes sont subjugués par ce mot comme si, par magie, il pouvait les extirper de leurs malheurs quotidiens et de l’extrême médiocrité de leur existence. Nos gouvernants se délectent avec arrogance et démesure de ce mot sans même se rappeler que les mots n’ont de sens que s’ils renvoient à une réalité. Nous ressemblons à des captifs d’une vulgaire phraséologie qui vide le monde réel de sa chair pour ne pas avoir à l’affronter.


Rédigé par leral.net le Mercredi 29 Avril 2015 à 13:31 | | 16 commentaire(s)|

La mode de l’émergence comme symbole d’un manque de vision morbide
Au moment où l’émergence est chantée sur tous les toits et jusque dans les trous de souris et que même les perroquets profèrent clairement ce mot, la dure et opiniâtre réalité nous rattrape. L’école est submergée d’irresponsabilité partagée ; l’émigration clandestine se rappelle au bon souvenir de ceux qui promettaient aux jeunes sénégalais 300. 000 emplois et ils ont le toupet de parler d’héritage !

La seule émergence est dans la promotion de nouveaux riches, dans le partage éhonté du gâteau de la république et des ses ressources par les membres d’une oligarchie médiocre et sans âme ; la émergence est dans l’hypertrophie du verbe creux. Tandis que le Maroc a, depuis quinze ans, repensé et révisé ce concept d’émergence tel que formulé par la même officine qui a abusé de la crédulité de nos dirigeants, nous en sommes encore au stade d’émerveillement face à l’émergence.

Cette fois-ci nous serons bien obligés de dire que sur le plan de la vision économique « l’émotion est djolof, comme la raison est chérifienne» ! Tandis que les autres pays africains ont vite compris que ce concept d’émergence obéit à la même logique et à la même finalité occulte que celui d’ajustement structurel et l’ont banalisé, nous Sénégalais, avec notre cher, éminentissime président, en sommes encore à nous en extasier. Cruel est le destin de ce peuple pétri de qualités mais qu’on cherche à gouvernement par l’abrutissement.

La paresse des intellectuels, la cupidité des autres élites et l’égarement de notre jeunesse ont fini de nous ôter le goût de l’effort et la perspicacité de la recherche. Dire que des Sénégalais croient que Macky est l’inventeur d’une vision nouvelle que s’appelle PSE ! C’est à la limite refuser de faire face à la réalité que de penser que ce machin pompeusement appelé PSE est quelque chose de nouveau ou de révolutionnaire. Il suffit simplement de cliquer sur ces liens pour se rendre compte que le même remède est proposé à tous les patients :

-http://www.lavieeco.com/documents_officiels/Programme%20Emergence.pdf (Maroc)
-http://medias.legabon.net/PROD/0000004928.pdf (Gabon)
-https://www.imf.org/external/french/pubs/ft/SCR/2013/cr13172f.pdf (Côte d’ivoire)
-http://www.gesci.org/assets/files/Rwanda_Vision_2020.pdf (Rwanda)
-http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Project-and-Operations/Guin (guinée équatoriale)


On a à peu près le même planning, les mêmes items, les mêmes réformes et les mêmes résultats escomptés. Pourquoi s’enorgueillir d’un plan qui n’est ni propre au Sénégal ni le résultat du travail des Sénégalais ? Le plan de maquillage de la réalité a des limites : ce n’est pas peignant le ciel, l’air et la terre en beige marron qu’on y changera quelque chose. Le mensonge n’a que trop duré avec cette oligarchie qui surfe sur la misère et l’ignorance du peuple. Cette oligarchie d’alchimistes politiques pense qu’on peut indéfiniment béatifier aujourd’hui ce qu’on diaboliser hier, mais elle va être rattrapée par la réalité de son innommable incompétence comme l’autruche, « le seul animal politicien » qui se voile la réalité…

Alassane K. KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack seck de Thiès