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Le Pds a encore une fois "trahi" ses alliés !

Rédigé par leral.net le Lundi 10 Février 2014 à 22:24 | | 0 commentaire(s)|

Déjà, à la veille des législatives de 2012, au lendemain de leur défaite mémorable à la Présidentielle du 25 mars de la même année, un malaise similaire avait agité le landernau des partis alliés au régime défait. L’élément déclencheur fut une déclaration «inopportune» du Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds), le président de la République sortant, Maître Abdoulaye Wade, lors du premier congre extraordinaire de son parti, après sa déroute au second tour de la Présidentielle, face au candidat de Benno Bok Yakaar, son ancien premier ministre Macky Sall. Le Pds fourbissait alors ses armes pour tenter de rebondir, à l’occasion de ces Législatives cruciales de juin 2012, qui approchaient à grands pas. S’exprimant en perspective des investitures, le secrétaire général du Pds, Me Wade, devait mettre le feu aux poudre, en déclarant, dans la foulée de son discours inaugural, dans une salle archicomble du Cices, que : «Partis alliés-yi, yééwi naa léén» (le Pds libère ses alliés).


Le Pds a encore une fois "trahi" ses alliés !
Il n’en fallut pas plus pour déclencher une vague d’irritation chez certains alliés traditionnels du Pds. Premier à être publiquement monté au créneau, le Secrétaire général du Rassemblement démocratique sénégalais (Rds), et ci-devant porte-parole de la défunte mouvance présidentielle, Mame Mactar Guèye. Il convoqua dare-dare les médias pour improviser, à son domicile, un point de presse. Connu pour son franc-parler, il se départit pour la circonstance de son flegme habituel, pour dénoncer vigoureusement «cette menée inélégante et irrespectueuse» des libéraux, envers leurs alliés (Le Populaire du 02 avril 20012). Très amère, il étaya son argumentaire par un bref historique de ce compagnonnage, en rappelant que Me Wade n’a jamais été élu par le Pds seul ! Et de rappeler que lors de la première alternance de mars 2000, c’était bien la Coalition pour l’alternance (Ca2000) - une alliance d’une dizaine de partis qui avait porté la candidature du «Sopiste» en chef - qui eut l’heur de mettre en ballottage le président socialiste sortant, Abdou Diouf. Avant qu’une autre coalition, plus consistante et forte d’une trentaine de partis, montée entre les deux tours, le Front pour l’alternance (Fal), ne porte le coup de grâce qui devait mettre un terme aux quarante ans de règne du régime socialiste. C’est alors, rappela-t-il, que cette alliance, devenue la «Coalition Sopi» en s’élargissant à une soixantaine de forces politiques et sociales, permis aux libéraux de remporter haut-la-main les Législatives d’avril 2001, avec 89 sièges sur 120, suivi d’une aussi belle victoire aux Locales de 2002, avec les trois quarts des collectivités locales du pays dans leur escarcelle. Le tout étant couronné par l’apothéose de la Présidentielle de février 2007, qui devait consacrer la réélection triomphale du président Wade, au premier tour, avec 56% des suffrages.
Très en verve, M. Guèye fustigea alors, sans langue de bois, cette posture des libéraux qui, à travers cette «déclaration inopportune» de leur mentor, avait mis brutalement fin à un long compagnonnage politique, «simplement parce qu'il y a eu défaite à la présidentielle de 2012, mais qui ne devait nullement justifier qu’ils se laissent abattre par un ‘cialit’ (dépit) qui ne les honore pas!», devait marteler le porte-parole de la majorité d’alors. Avant de bouder la liste des investitures de la Cap21, que devait finalement conduire le politicien-rocker, Demba Dia.
Mais voilà que bizarrement l’histoire se met à bégayer, avec ces élections locales décisives qui pointent à l’horizon. En effet, le temps ayant fait son œuvre sur les ressentiments et les frustrations de ses alliés, le Pds, une fois remis de ses émotions et de ses blessures d’après guerre - bien que celles-ci furent aggravées par leur deuxième débâcle aux législatives de juin 2012 avec (seulement) 12 députés contre 119 sièges pour la nouvelle majorité au pouvoir -, mit sur pied une nouvelle coalition de l’opposition, dénommée Boolo taxawu askanwi (Initiative pour le rassemblement patriotique). Elle regroupa, au moment d’être portée sur les fonts baptismaux le 25 mars 2013, une dizaine de formations politiques, constitués pour la plupart d’anciens partis alliés du Pds, dont Aj de Mamadou Diop Decroix, l’Ufpe de Mbaye Diack, le Psd-Jant bi de Mamour Cissé, le Rds de Mame Mactar Guèye, l’Ucs de Abdoulaye Baldé, le Mps-faxas de Serigne Khadim Thioune, Elan de Sitor Ndour, le Fn de Aly Guèye, le Mac de Demba Dia (qui leur a du reste récemment fait faux-bond)…
L’idylle semblait donc, bon an mal an, être repartie sur de bons rails, les frustrations de jadis étant rangées aux oubliettes. Mais voilà que le président du groupe parlementaire des libéraux, Modou Diagne Fada, par ailleurs chargé des Comités électoraux du Pds, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, vient fragiliser à nouveau ce partenariat politique. Invité de l’émission «Opinion», de ce dimanche 09 février 2014, sur Walf-tv, il a ouvertement lâché que «pour les locales de 2014, le Pds ira seul, et dans certaines localités nous irons avec les partis de l'opposition». Il n’en fallu pas plus pour que, cette fois-ci, ce soit le tonitruant Secrétaire général de la Ligue des Masses, Cheikh Sidiya Diop, de ruer dans les brancards ! A travers une correspondance au vitriol, adressée au Coordonateur de Boloo taxawu askanwi, Mamadou Diop Decroix – avec ampliation à tous les partis membres de cette coalition de l’opposition – il fustige vigoureusement ces propos du député Modou Diagne Fada, qu’il considère comme «contradictoires aux dispositions de (leur) coalition en ce qu’ils constituent une entorse manifeste à (leur) Code de conduite». Allant même jusqu’à menacer de rompre le pacte qui lie son parti au Pds, si le Coordonnateur de leur coalition (Decroix) ne donnait pas une réponse satisfaisante à sa requête !
Déjà, cette nouvelle coalition de l’opposition, Boloo taxawu askanwi, peinait à prendre ses marques, avec la timide implication de certains leaders de partis, dont les absences chroniques aux réunions hebdomadaires, sont un secret de polichinelle. La fameuse «esquive déloyale» du Pds, lors des investitures des dernières législatives, semblant toujours leur rester au travers de la gorge. Aussi, paraissent-ils maintenir une posture de méfiance envers le Pds, en se contentant systématiquement de se faire représenter par leurs plénipotentiaires respectifs aux différentes activités de la Conférence des leaders. Ils n’auront peut-être pas eu tort d’avoir opté pour cette posture de prudence, comme vient de le confirmer ce «remake désobligeant» qui vient, par la voix du député libéral Diagne Fada, d’émousser, encore une fois, une unité de façade tant prônée, mais aujourd’hui mise à rude épreuve. Tout porte donc à croire que cette déclaration (ou cette «confession», c’est selon !) maladroite du Pds relativement aux prochaines investitures pour les élections Locales, ne manquera pas d’inciter certains alliés – justement pour ne pas être (à nouveau !) mis devant le fait accompli -, à reconsidérer d’ores et déjà leurs positions suite, particulièrement, à la réaction énergique du leader de la Ligue des Masses, Cheikh Sidiya Diop, dont le bureau politique de son parti vient, de manière on ne peut plus originale, de dénoncer dans sa missive ce second «putsch» de leur principal allié, le Pds. En la faisant surtout assortir d’un ultimatum.
Comme le disait à juste raison Le Cardinal de Richelieu : “En politique, la trahison n’est qu’une affaire de date” !

Bassirou Thioune
Enseignant à la Retraite
Pikine Tally Icotaf, Plle 843
bassirouthioune62@yahoo.com