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Le Quinquennat du Président Sall où l’ère de la mise en œuvre d’une nouvelle doctrine de l’Economie solidaire (Par M. Mouhamed Ndiaye Ancien DG du CMS)


Rédigé par leral.net le Dimanche 14 Avril 2019 à 14:54 | | 0 commentaire(s)|

 
Le Président Macky SALL a introduit durant son magistère le jargon de l’économie sociale et solidaire pour la première fois dans le langage public. Pour le social libéral qu’il est, cela paraît logique voire normal pour imprimer une volonté de prendre en charge toutes les couches sociales devant bénéficier des fruits de la croissance. Toutefois, l’innovation dans l’approche du Président SALL est d’avoir inventé une nouvelle doctrine de l’économie sociale et solidaire en parfaite adéquation avec le Plan Sénégal Émergent.
 
 Sous ce rapport, et tenant compte des enjeux autour de la question, il m’a semblé opportun de revenir sur le concept de l’économie sociale et solidaire pour en faire la genèse avant de démontrer la vision innovante du Président Macky SALL qui sans doute, une fois bien mise en œuvre et capitalisée, le cas échéant, fera date dans l’histoire de la pensée économique. L’expression « économie sociale » est apparue en France dans le premier tiers du XIXème siècle. Cependant, elle a longtemps été utilisée dans un sens beaucoup plus étendu et plus vague qu’aujourd’hui.
 
Il est vrai que la combinaison de deux termes aussi larges permet a priori à tout un chacun d’élaborer sa propre conception de l’économie sociale, en insistant plus ou moins sur le volet économique ou sur le volet social. À la limite, tout ce qui, dans l’économie, a une dimension sociale et tout ce qui est économique dans le social pourrait être qualifié d’économie sociale. Depuis le dernier quart du XXème siècle, c’est une conception bien plus spécifique de l’économie sociale qui s’affirme à l’échelle internationale.
 
 Même si les dénominations et les définitions peuvent varier d’un pays à l’autre, c’est l’existence d’un troisième secteur, aux côtés du secteur privé à but lucratif et du secteur public, que l’on découvre ou redécouvre un peu partout en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, dans les économies en transition d’Europe, en Amérique du Nord et du Sud, dans les économies en transition d’Europe centrale et orientale ainsi que dans divers pays d’Asie orientale (en Corée du Sud et au Japon notamment). Certes, ce troisième secteur n’est pas séparé des deux autres par des frontières parfaitement définies et étanches, mais ses dynamiques propres sont suffisamment originales pour ne pas être confondues avec celles des autres secteurs.
 
L’autre grand scénario du XXème siècle est celui d’un interventionnisme étatique qui ne remet pas fondamentalement en cause la propriété privée des moyens de production et le libre marché comme moteurs de la création de richesse, mais qui essaie de corriger leurs imperfections et de limiter leurs excès. Diverses législations sociales apparaissent dès le début du siècle, puis après la Première Guerre mondiale, en particulier pour protéger la santé des travailleurs.
 
Mais c’est surtout à partir des années 1930, et plus encore après la Seconde Guerre mondiale, que la plupart des pays occidentaux mettent en place des régulations publiques qui incarnent des choix collectifs et certains projets de société, avec de nombreuses variantes allant des social-démocraties scandinaves au capitalisme beaucoup moins régulé des États-Unis. Il s’agit alors d’imposer des limites à la prétention du capitalisme à tout régenter et de créer les conditions de l’acceptation sociale de la domination du marché. Des secteurs d’activité entiers (éducation, santé…) sont soustraits aux lois du marché ; des activités stratégiques (énergie, communications…) sont nationalisées ou fortement régulées par l’État ; le droit social et du travail réglemente les rapports entre salariés et patrons ; et une sécurité sociale de plus en plus large est mise en place pour faire face de manière solidaire aux risques sociaux (maladie, chômage, vieillesse…).
 
 L’histoire économique des XIXème et XXème siècles peut sans doute être synthétisée en soulignant un double mouvement : un mouvement vers le libéralisme économique et l’autorégulation marchande, puis un mouvement de déploiement d’institutions et de normes sociales visant à protéger les citoyens via des mécanismes de redistribution. Il en résulte une synergie marché-État qui donne des résultats remarquables, à la fois en termes de croissance et de répartition des richesses, et qui culmine dans la période 1945-1975, dite des « Trente Glorieuses ». Cependant, une analyse rétrospective indique que cet âge d’or est sans doute une exception dans l’histoire de l’Occident. Depuis les années 1980, en effet, les forces de la globalisation font à nouveau sortir le capitalisme des cadres qui lui avaient été imposés.
 
La multinationalisation des activités productives, la libéralisation des échanges (soutenue par des politiques nationales et supranationales), la globalisation des marchés financiers, la mise en question de nombreuses égulations publiques font qu’aujourd’hui, les logiques capitalistes se sont à nouveau largement émancipées. Dans le contexte de la mondialisation, beaucoup d’acteurs ne respectent plus guère les normes sociopolitiques qui assuraient l’encadrement des marchés. Quelles leçons tirer de ce bref et (trop) schématique survol historique ? Du point de vue de l’analyse des systèmes économiques, il faut en premier lieu reconnaître l’énorme dynamique créée par le capitalisme. Aucun autre mode d’organisation des activités économiques des sociétés humaines n’a sans doute jamais pu libérer de telles forces productives, de telles capacités créatrices, et n’a permis d’améliorer significativement les conditions de vie de populations aussi importantes.
 
Cependant, il apparaît tout aussi clairement que c’est lorsqu’il a été accompagné par un projet politique fort que le capitalisme a porté les meilleurs fruits. Le libéralisme débridé du XIXème et du début du XXème siècle est allé de pair avec de terribles crises sociales. Aujourd’hui, cependant, les limites de l’action publique à différents niveaux vont de pair avec un retour en force des dogmes néo-libéraux, qui prônent à nouveau la dérégulation des marchés, la réduction du rôle de l’État dans nos économies et l’extension de la sphère marchande. En même temps, notre époque est marquée par une profonde prise de conscience des défaillances d’un modèle de développement axé quasi-exclusivement sur la croissance économique.
 
Avec la croissance soutenue de la population dans de nombreux pays du Sud, les défis alimentaires sont eux aussi considérables et font naître des crises migratoires sans précédent. Enfin, ces crises économiques, sociales, démographiques et écologiques se doublent d’une profonde crise des valeurs, que dénoncent de nombreux mouvements sociaux. Certains ont émergé dès le début des années 1970, comme les mouvements écologiste et féministe ; d’autres sont plus récents, comme la mouvance altermondialiste et celle de la décroissance ou de la « post-croissance», qui remettent profondément en question un modèle de développement dont la boussole est l’accumulation de richesses matérielles.
 
 Face à ce tableau plutôt sombre, on peut sans doute affirmer qu’un grand défi contemporain consiste à reconstruire, à refaçonner, autour et au sein de nos économies, des projets politiques plus ambitieux. De tels projets ne peuvent plus faire l’économie de questions fondamentales comme celle des finalités sous-jacentes à nos modèles de société, qui doivent désormais intégrer les défis écologiques, économiques et sociaux. Il s’agit donc de s’interroger sur les transformations politiques, sociales, économiques et culturelles qui peuvent concourir à faire émerger des modèles de développement plus soutenables. Mais face à la complexité des défis locaux et globaux, et à l’incertitude radicale à laquelle nous sommes confrontés, autant se convaincre d’emblée qu’aucun modèle ne peut avoir la prétention de détenir le monopole de la solution. Le pluriel s’impose, les leviers de la transition ne peuvent qu’être multiples.
 
LA DEUXIÈME PHASE DU PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES DU PSE TROUVE TOUT SON INTÉRÊT EN SA CAPACITÉ À ADRESSER AVEC PRAGMATISME LES MULTIPLES DÉFIS QUI ONT TRAIT NOTAMMENT À  L’AUTONOMISATION ÉCONOMIQUE DES FEMMES ET DES JEUNES FILLES ET À L’EMPLOI DES JEUNES.
 
C’est dans ce contexte, qu’il convient de situer la vision du Président SALL déclinée à travers le PSE dont le plan d’actions prioritaires entame sa deuxième phase pour la période 2019-2024. Ce nouveau challenge correspond parfaitement aux promesses tenues par le Candidat Sall lors de la campagne électorale de février 2019 définies dans son programme «  Liggéeyal ëllëk  » marqué par cinq grandes initiatives  : 1. PSE Jeunesse 2035  ; 2. PSE Économie sociale et solidaire  ; 3. PSE Numérique et société inclusive  ; 4. PSE Vert et reforestation durable des territoires  ; 5. PSE cap sur l’industrialisation.
 
Cette nouvelle perspective trouve tout son intérêt en sa capacité à adresser avec pragmatisme les multiples défis qui ont trait notamment à  l’autonomisation économique des femmes et des jeunes filles et à l’emploi des jeunes. Les femmes et les jeunes constituent une priorité absolue pour le Président de la ,, ,, République durant le mandat qu’il vient de démarrer. Un diagnostic de la situation de ces groupes cibles montre, qu’il y a encore des marges de progrès significatives à prendre. Le taux de prévalence contraceptive reste faible (27 % chez les femmes en union de 15-49 ans en 2017), le taux de mortalité maternelle est élevé (315 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2015), les inégalités de genre, les pratiques néfastes (33,6 % des adolescentes mariées avant 18 ans) et les violences basées sur le genre persistent ; Le taux d’instruction des filles évolue positivement mais reste faible (25% des femmes contre 33% des hommes pour le niveau secondaire, et 4% de femmes contre 7% d’hommes pour le niveau supérieur) pour enclencher les changements significatifs au niveau social et économique.
 
A cela s’ajoute les barrières économiques, sociales culturelles en rapport avec les normes sociales en vigueur qui compromettent l'épanouissement et l’autonomisation des femmes et des filles. De plus la précarité des conditions de vie des femmes, les discriminations à leur endroit dans l’accès et dans le contrôle des ressources, contrastent avec le potentiel qu’elles offrent en tant que ressources humaines au niveau familial, communautaire, social et national. En effet, en dépit de l’importance numérique des femmes, leur contribution à l’économie reste faible car le taux d’activité qui permet de caractériser la participation à l’activité économique est de 33,3% pour les femmes contre 69% pour les hommes.
 
Le chômage touche 40,4 % de la population féminine contre 18% de la population masculine. La situation de l’emploi est relativement inquiétante, surtout pour les jeunes et les femmes. D’après une analyse menée par la Banque Mondiale (2016) sur la base des données de l’Enquête Nationale sur l’Emploi au Sénégal, la taille de la cohorte de jeunes grandit tous les ans. Elle est passée de 200 000 nouveaux entrants sur le marché de l’emploi en 2000 à 300 000 en 2015 et grandira jusqu’à environ 400 000 en 2025 et 670 000 en 2050. Cette dynamique intervient dans un contexte où le marché de l’emploi est incapable de fournir une activité à tous. Environ seuls 35% des jeunes de 15 à 34 ans participent au marché du travail avec des disparités entre les hommes et les femmes. En effet, dès l’âge de 20-24 ans en zones rurales et 25-29 ans en zones urbaines, la majorité des jeunes femmes ne sont en formation ni en emploi. Chez les jeunes hommes, la situation est légèrement mieux : entre 20 et 25% parmi les plus de 25 ans.
 
La problématique de la contribution des femmes à la richesse nationale est capturée dans le concept de dividende genre, définit comme la croissance économique accrue qui pourrait être réalisée avec des investissements dans les femmes et les CONTRIBUTION filles. Un dividende de genre peut découler de taux de fécondité plus bas, ce qui réduit le fardeau des femmes pour s'occuper des personnes à charge et libérer du temps pour d'autres activités productives, notamment l'emploi formel.
 
POUR LIBÉRER TOUS LES TALENTS DES JEUNES ET DES FEMMES ET DOPER LE POTENTIEL DE L’ENTREPRENARIAT NATIONAL AFIN DE L’ACCOMPAGNER DAVANTAGE DANS LA SOCIÉTÉ COLLABORATIVE QUI S’ANNONCE, LE PRÉSIDENT SALL A LANCÉ L’INITIATIVE « LE PSE ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE ».
 
Pour libérer tous les talents des jeunes et des femmes et doper le potentiel de l’entreprenariat national afin de l’accompagner davantage dans la société collaborative qui s’annonce, le Président SALL a lancé l’initiative « le PSE Économie sociale et solidaire ». Au cours de la mise en œuvre du premier plan d’actions prioritaires du Plan Sénégal Émergent, notre économie s’est bien comportée et les gains en termes de croissance sont aujourd’hui bien tangibles. Nous avons pu atteindre très rapidement l’objectif intermédiaire de plus de 6% de taux de croissance du PIB. ,, ,, Toutefois pour rendre cette richesse additionnelle encore plus durable et plus inclusive et étendre notre base productive, le Président SALL a pris cette initiative en tant que clé de la nécessaire transition de l’économie informelle vers le monde de la petite et moyenne entreprise.
 
Nous disposerons alors d’un instrument de développement à long terme de la résilience de la nation face aux chocs exogènes. Notre processus de croissance sera dès lors articulé autour des petites et moyennes entreprises artisanales et de services, des exploitations familiales, des producteurs locaux, de l’entreprenariat collectif, des associations, des mutuelles, des coopératives, des travailleurs indépendants et des entreprises sociales du pays. Ce choix de l’inclusion sociale par l’économique, le Président SALL l’a déjà fait tester avec des résultats encourageants dans la filière industrielle de fabrication des huiles végétales. Il s’agit là d’un renversement de perspective dans la chaîne de partage de la valeur ajoutée nationale.
 
C’est le Sénégal pour tous qui est déjà en marche. Cette rupture est nécessaire si l’on sait que notre croissance demeure encore tributaire des performances de secteurs hautement capitalistiques tels que les infrastructures, les télécommunications et les services financiers (banques et assurances), principalement détenus par des capitaux étrangers. Le secteur primaire, par essence national, ne contribue jusque-là qu’à hauteur de 15% à la richesse créée alors qu’il compte plus de 750.000 ménages agricoles. Avec l’initiative nationale PSE Économie sociale et solidaire, se développeront naturellement les capacités de transformation locale de notre production.
 
Ce qui fera ainsi des acteurs locaux, le terreau de l’entreprenariat domestique d’où devront germer nos champions de demain. L’initiative nationale s’appuiera en particulier sur les acquis de la Délégation Générale à l’Entreprenariat Rapide (la DER) mise en place par le Président de la République en fin 2017, en matière de promotion et de financement des PMEs et de l’économie sociale et solidaire. L’action de la DER sera progressivement sera progressivement complétée selon le Chef de l’État, par la mise en service de zones d’activités économiques en milieu rural dédiées aux artisans, aux coopératives et aux mutuelles de producteurs. Ces zones d’activités seront dotées d’une fiscalité spécifique tirant profit du « statut de l’entreprenant » mis en place par le droit des affaires de l’OHADA et d’un accès favorable à l’énergie, pour renforcer notre processus de transformation structurelle à travers les chaînes de valeurs locales.
 
 Une loi d’orientation sur l’économie sociale et solidaire pourra stabiliser les paramètres essentiels pour un adossement pérenne et viable de toute la stratégie y afférente. De ce qui précède, nous sommes tentés de dire qu’une nouvelle doctrine de l’économie sociale et solidaire est née. Une forte mobilisation des acteurs de tout bord permettra de donner corps en mode «  fast track  » la vision du Président SALL notamment sur l’économie sociale et solidaire. C’est le lieu de tirer chapeau à la DER dont les résultats, après une première année d’exercice, confortent notre conviction que oui c’est possible.
 
Par M. Mouhamed Ndiaye Ancien Directeur Général du Crédit Mutuel du Sénégal Conseiller Technique du Ministre de la Femme, de la Famille et du Genre