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Le Tidianisme conquérant : Ce qu’il en reste - Par Ahmed Khalifa Niasse

Rédigé par leral.net le Mardi 30 Décembre 2014 à 17:00 | | 2 commentaire(s)|

Le Tidianisme conquérant : Ce qu’il en reste - Par Ahmed Khalifa Niasse
Historiquement, le Tidianisme confrérique est né dans la zone géographique qui fut le berceau du chiisme fatimide. Avant que celui-ci ne migre vers l’actuelle cité du Caire pour y fonder le royaume du même nom. Déjà le soufisme est, d’une manière générale, un sous produit du chiisme avec lequel il est lié par un système de vases communicants. Liens constitués par une sorte de pyramide au sommet de laquelle se trouvent le Prophète (psl) et sa famille.

Le Tidianisme est une sous branche de la Khalwatiya qui est, elle-même, une branche de la Khadrya dont le fondateur était un iranien né dans la cité de Djaylane avant de s’installer à Bagdad.

Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, fils de Mahamad, était, lui aussi, de père iranien et de mère berbère de la tribu Tidjine ou Tidjane. Et qui a donné son nom à la confrérie dont le vrai nom est Ahbab.

Dés sa fondation, l’une des conditions pour y adhérer était de faire le serment du Jihad. C’est-à-dire de se porter volontaire pour participer à la guerre sainte dans les lieux les plus proches.

C’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle l’autorité coloniale a concentré tous ses efforts à combattre cette confrérie.
Elhadj Omar, le conquérant né au Fouta Tooro, s’est évertué à créer une machine pour le Jihad en vue de la création d’un Etat Islamique Tidjane sur le territoire de l’actuel ECOWAS. C’est-à-dire l’Afrique de l’Ouest comprenant le Nigéria où il a laissé une importante progéniture.

Maba Diakhou Ba, un autre Dényanke, un sous disciple d’Elhadj Omar et conquérant de l’ancien Badibou et actuel Rip, utilisa inutilement l’épéee contre les canons de Pinet Laprade. Notamment à Pahé Baadiaan. Les fondateurs des confréries et sous confréries actuelles étaient de la bataille. Eux ou leurs ascendants. Comme ce fut le cas pour Elhadj Abdoulaye Niasse, Cheikh Ahmadou Bamba, Elhadj Malick Sy………..

La dernière résistance Tidiane eut lieu dans l’actuel AZAWAD et à Nioro du Sahel en territoire malien. Nioro du Sahel est l’ancien foyer d’Elhadj Omar dont les braises étaient entretenues par Cheikh Amallah, un saint, un résistant courageux devenu symbole de la dignité. Malgré la férocité et la hargne du colonisateur français à son encontre.

Au Sénégal, le Tidianisme s’est renforcé grâce à un axe devenu alliance sacrée entre Elhadj Abdoulaye Niasse (dont mon père est à la fois le fils ainé et premier Khalife) d’une part et Elhadj Malick Sy de Tivaoune de l’autre. Ils eurent la clairvoyance de donner une dimension territoriale à leur mission. Consistant en un mot d’ordre que prononça Elhadj Abdoulaye Niasse à Kaolack : « Le couchant appartient à Elhadj Malick.» Définissant, ainsi, une ligne territoriale qui partait de l’est de Mbour allant vers le Djolof.

Le dernier vestige de la Tidianya conquérante était, peut-être, l’avènement de Mamadou Dia comme chef de l’Exécutif au Sénégal. Avec une garde prétorienne constituée par les fameux Gardes Cercle dont la base était le fameux Camp Tropical de Thiès, actuel siège du GMI. Ils avaient en commun d’être tous Tidianes et originaires du Fouta. La wazifa se déroulait dans le camp au rythme des tours de garde.

L’alliance sacrée entre Elhadj Abdoulaye Niasse et Elhadj Malick Sy s’est effritée à la suite de divisions inter Niasséne, d’abord et les multiples partitions de la famille d’Elhadj Malick Sy à Tivaoune.

Le coup d’Etat civil opéré contre Mamadou Dia qui mit fin à l’existence du corps des Gardes Cercles aura fini par sonner le glas d’un Tidianisme conquérant. Dont les seules conquêtes restent les prises de parts croisées des uns sur les autres. Une sclérose dont les plaies s’appellent deux mosquées de vendredi distantes de quelques centaines de mètres. Et dont les rangs de l’une et de l’autre se chevauchent. Trois Gamous sont célébrés la même nuit au nom du même Prophète (psl). Les paroles du même Seydi Elhadj Malick mises en proses par ses propres petits-fils. Alors que chacun d’eux recommande l’unité à ses ouailles.

Kaolack n’est pas en reste. Deux mosquées, deux gamous sous le prêche des petits-fils d’Elhadj Abdoulaye Niasse. Chacun magnifiant son père jusqu’à friser le ridicule. C’est-à-dire nier l’existence des autres. Un coupable à tout ça : la primauté de la naissance calendaire sur le savoir calendaire.

Seule petite embellie à ce triste bilan : les fréquentes visites que j’effectue à Tivaoune pour éviter un effritement total de l’axe Kaolack Tivaoune. Mais aussi la place prépondérante que me donnait Serigne Mansour Sy Borom Daaraji durant toute la période de son khalifat. Il voulait, à son tour, magnifier la primauté donnée à Elhadj Abdoulaye Niasse par Elhadj Malick Sy. Il priait derrière lui, le laissait procéder et diriger les différentes cérémonies pendant ses longs mois de séjour à Tivaoune accompagné de mon père.

C’est ainsi que ce petit-fils de Maodo effectuait un geste que l’on peut qualifier de Maodoesque à mon endroit.

AHMED KHALIFA NIASSE