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Les impertinences de l’« affaire Charlie Hebdo » - Par Amadou Fall

Rédigé par leral.net le Vendredi 16 Janvier 2015 à 19:16 | | 0 commentaire(s)|

Les impertinences de l’« affaire Charlie Hebdo » - Par Amadou Fall
« Nous avons tué Charlie Hebdo ! … On a vengé le Prophète Mohamed !», scandait l’un des l’extrémistes, le bout de sa Kalachnikov encore fumant, devant le numéro 10 de la rue Nicolas-Appert dans 11eme arrondissement de PARIS, siège du journal…

Mais en faisant tomber presque toute la rédaction de Charlie Hebdo, ils avaient aussi, dans leur folie meurtrière, fait tomber deux « Mohamed » : Mustapha OURRAD, correcteur du journal, et Ahmed MERABET, le policier blessé et achevé de sang froid sur le trottoir par l’un des frères KOUACHI.

L’onde de choc a vite dépassé le cadre d’attaque terroriste et de crime crapuleux, perpétré par deux extrémistes égarés, et qui n’ont rien compris de la cause qu’ils prétendent défendre, contre d’autres extrémistes de la liberté d’expression (Charlie Hebdo se proclame « Journal Irresponsable »).

J’aimerais pouvoir observer la même volonté, la même hargne, face aux exactions continues de Boko Haram en Afrique !
Les frères KOUACHI (Saïd et Chérif) et Amedy COULIBALY ont fait 17 victimes en 3 jours pendant que Boko Haram et compagnie (on ne sait plus qui est qui et qui fait quoi dans cette jungle de prétendus « Jihadistes » !) montent en puissance dans l’horreur, tuent et enlèvent par centaines, sans compter les 219 jeunes lycéennes qui semblent ne plus émouvoir personne !

« Boko Haram met à feu et à sang le nord du Nigéria » titrait le journal Le Monde dans son édition en ligne du 11 janvier 2015.

J’aurais aimé voir les dirigeants africains qui se sont mobilisés le 11 janvier en marche dans les rues de PARIS afficher la même détermination pour les victimes des extrémistes en Afrique.

Respecter la démocratie, être soldat de la liberté commence par le respect de ceux qui vous ont élu et confié leurs destinées.

Il faut peut-être se demander pourquoi les Etats-Unis se sont limités à déléguer leur Ambassadrice à Paris. Jugeant les caricatures trop offensantes envers l’islam, aucun journal américain n’a repris les dessins de Charlie Hebdo.

La presse américaine ne voulant pas heurter la conscience de ses lecteurs, était plus réservée dans son appréciation de cette « affaire » ; ce qui n’a pas échappé à leurs autorités

La plus grande démocratie du monde, dans ce pays où on peut se permettre d’insulter publiquement le Président, on a préféré conserver le caractère « Tabou » de l’espace religieux.

L’éditorialiste David BROOKS, dans sa dernière tribune du New York Times intitulée « Je ne suis pas Charlie Hebdo », déclarait qu’un pareil journal, avec son « humour d’adolescent et délibérément insultant…ne durerait pas plus de 30 minutes sur un campus américain ! »

Pendant que Amedy COULIBALY, français d’origine malienne s’en prenait à de paisibles citoyens dans un Supermarché Cacher porte de Vincennes à PARIS, un autre malien musulman, résident en France et employé de ce même magasin faisait tout pour en sauver le maximum. (Clin d’œil ou pied de nez à la politique française de l’intégration ?)

La marche de dimanche dernier a malheureusement compté beaucoup trop de fausses notes, dont la présence de chefs d’Etats et de gouvernements étrangers, de personnalités françaises qui n’ont rien de « Charlie » !

La récupération politique de cette affaire risque d’annihiler cette macabre opportunité de soulever les bonnes questions par rapport à l’état actuel du monde et de la France en particulier.

L’injustice, l’intolérance, l’ignorance et l’obscurantisme restent encore les terreaux fertiles des extrémismes aussi bien religieux que politiques !

Qui est « Charlie » ? La République est-elle « Charlie » ? La Liberté d’expression est-elle « Charlie » ? Le Respect de l’autre est-il « Charlie »? Enfin, la laïcité confère-t-elle le droit d’insulter et de stigmatiser ?

Il aurait peut-être été préférable de soulever davantage ces interrogations plutôt que de suivre une marche en moutons de Panurge…

Comment une République peut-elle rester debout, droit dans ses bottes qui piétinent, ostracisent et stigmatisent une bonne partie de ses enfants ?

Ahmadou FALL