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Les préciosités pédantesques de Mouhamadou Mbodji-Par Alassane K. Kitane


Rédigé par leral.net le Lundi 23 Juin 2014 à 08:00 | | 2 commentaire(s)|

Les préciosités pédantesques de Mouhamadou Mbodji-Par Alassane K. Kitane
Au Sénégal la pauvreté et le sous-développement ont un avenir, car les questions essentielles sont toujours noyées par des débats puérils entretenus par des élites pour davantage abrutir le peuple. On ne peut qu’être révolté et dégouté par les « préciosités pédantesques » de ce membre de la société civile à propos de la double nationalité. Ce Monsieur qui semble jouer le rôle de paravent politique du régime fait pourtant le mort face au péril arrogant de la transhumance ; il ne condamne jamais les interdictions de manifestation politique de l’opposition et ne trouve rien à dire sur le scandale de la route Kaolack-Fatick. En prenant les grands airs d’un rigoriste moral qui incarne le rôle éminent de gardien du temple de la bonne gouvernance, on fait passer de bas instincts pour une préoccupation populaire. Le Sénégal est libre de criminaliser la double nationalité, mais que cela soit le cheval de bataille de gens qui vivent des rentes du « non-gouvernementalisme » essentiellement fiancé par les pays occidentaux c’est assurément une fierté très mal placée si ce n’est de la pure mauvaise foi.

Comment un pays qui finance à coup de milliards le symbole de la mal gouvernance et de notre inféodation absolue à la France qu’est le centre international de conférence Adou Diouf pour abriter la FRANCOPHONIE peut-il légitiment criminaliser la double nationalité ? Ce Monsieur qui n’a jamais inscrit dans son agenda de requête populaire la nécessité de débaptiser certaines avenues et certains symboles de la république pour leur faire porter des noms qui symbolisent notre passé glorieux et notre avenir confiant a décidément une morale borgne. Parmi tous les procédés sophistiques, la rhétorique morale est la pire, car elle se fonde sur le brouillage des valeurs morales pour leur facile conversion. C’est ainsi qu’on a réussi à déplacer l’attention des Sénégalais pour leur faire oublier les scandales qui ont présentement cours à l’Assemblée nationale et un peu partout dans le pays. Cette entreprise de déplacement de la problématique est cependant une peine perdue.

Rien ne pourra nous faire oublier les tentatives scabreuses d’enlever à l’opposition son droit d’avoir un groupe parlementaire et un président légitime. Aucun régime au monde n’est tombé aussi bas dans l’agression des principes élémentaires de la démocratie que sont la souveraineté des partis politiques à disposer d’une organisation politique interne, la légitimité acquise par le suffrage, la liberté, l’équité, etc. Rien ne peut nous faire oublier les soupçons de délit d’initié qui entourent les divagations gouvernementales sur le pétrole et le gaz que Macky aurait « ensemencé » dans le sous-sol sénégalais.

Rien ne peut nous détourner de la nécessité de pousser le gouvernement à respecter les accords conclus avec le gouvernement prompt à récompenser les épouses d’ambassadeurs alors qu’il rechigne à payer les rappels de salaire des enseignants. On chante sur tous les toits que le régime de Macky Sall donne des bourses de sécurité familiale alors qu’il est foncièrement incapable d’assurer le minimum de confort aux enseignants qui doivent assurer l’éducation des enfants de ces classes démunies qu’on prétend vouloir assister.

Rien ne peut nous faire oublier l’échec retentissant de la tentative du régime à amener la communauté internationale à discréditer l’Avis du groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire de Karim Wade. Ceux qui croyaient que leurs manigances pourraient donner une légitimité internationale à la parodie judiciaire en cours au Sénégal doivent déchanter et comprendre que la justice sénégalaise ne peut pas être une exception au monde.

Rien ne peur nous faire oublier l’argent crasseux introduit par Lamine Diack depuis 2009 dans la politique sénégalaise et dans certains cercles qui se réclament de la société civile. Rien ne peut nous faire oublier que la parodie d’Assises nationales financées en partie par l’argent du dopage a été entretenue et légitimée par certains membres de la société civile. Ce discours sur la double nationalité entretenu pour combattre Wade et sa famille rappelle à bien des égards les postures fichistes et il urge de dénoncer les esprits comploteurs qui sont derrière qui lui donnent une fausse légitimité. Il faut, sous ce rapport, rappeler que toutes les dérives xénophobes et d’épuration ethnique ont été théorisées par des intellectuels et des leaders d’opinion.


Alassane K. KITANE, professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès