leral.net | S'informer en temps réel

Les raisons d’une galère: Des milliards perdus par les meuniers, pourtant l’Etat se fait de l'argent dans le business

Le renchérissement des cours du blé a fait perdre aux meuniers depuis le début de l’année, plusieurs milliards de francs. Ce, même si Frank Bavard ne donne pas de chiffres exacts. « Tous les meuniers ont perdu plusieurs milliards depuis le début de l’année », consent seulement à dire, Franck Bavard, le SG de l'Amicale des Meuniers Industriels du Sénégal (AMIS).


Rédigé par leral.net le Vendredi 1 Octobre 2021 à 10:29 | | 0 commentaire(s)|

Les raisons d’une galère: Des milliards perdus par les meuniers, pourtant l’Etat se fait de l'argent dans le business
« Parce qu’on était censés revoir le prix début avril. On ne l’a pas fait. Puis il y a eu le ramadan qui s’est étalé du 15 avril au 15 mai. Qui ose augmenter le prix de la farine au mois de ramadan ?

Nous avions prévu de le faire début juin. Le ministre du Commerce a été informé, mais depuis le début de juin, on court après les augmentations. On nous dit qu’on ne peut pas nous recevoir et, pendant ce temps, on perd de l’argent. Certes, il y a un côté pouvoir politique et un autre économique.

Cette fin de non-recevoir des politiques, c’est que l’Etat n’a pas une politique pour stabiliser le prix de la farine. Si celui qui doit augmenter ne vous reçoit pas, on se retrouve coincés
», de l’avis de Franck Bavard.

Au niveau de l’AMIS, les meuniers disent qu’en ce mois de septembre, ils ne peuvent plus tenir parce qu’ils sont arrivés au maximum de leur patience. C’est pourquoi ils exigent une augmentation des prix qui est vitale pour eux.

Pour toute réponse, le ministère du Commerce leur promet la mise sur pied d’une commission que l’AMIS juge « inutile », parce que faisant perdre du temps aux meuniers.

« Nous n'en pouvons plus et le message commence à passer, ce n’est pas la faute du président, des meuniers, c’est les cours mondiaux qui ont augmenté, nous imposant un réajustement tarifaire. Nous voulons une vérité des prix. Le sac est aujourd’hui à 19. 343 FCfa. Il était à 18.500 FCFa quand on commençait les discussions au mois de juillet.

Mais depuis cette date, les prix ont augmenté. Si le blé augmente demain, le prix du sac va encore augmenter. On est passé de 290 euros début août à 325 euros la tonne en septembre. Les meuniers ont actuellement la tête sous l’eau. On est obligé remanier le prix du sac, sans quoi les meuniers vont limiter la casse. En quoi faisant ?

La seule solution face à la situation d’un prix du blé cher et de la perte de l’argent, c’est de diminuer la production, qui pourrait entraîner une pénurie. Le sac de farine va connaître une spéculation. Tous ceux qui sont intermédiaires entre les meuniers et les boulangers feront alors dans la spéculation. Ceux qui décideront alors d’importer la farine vont tuer la sécurité alimentaire du pays.

Si de la farine est importée, pourquoi produire alors ? Qui va gagner ?
Quelques commerçants. Nous, les industriels, nous allons nous séparer du personnel. Cela veut dire que le pouvoir d’achat qui ne se retrouve que dans une entreprise va être perdu. Toutes les industries du pays sont les premières à donner du pouvoir d’achat. Si vous voulez développer un pays, c’est le pouvoir d’achat.

D’une manière générale, quand un industriel gagne 1000 FCfa, l’Etat gagne 6000 FCfa parce que l’Etat prend 18 % de TVA, 35% d’impôt, les patentes, les droits de douane. Un pays a besoin de se développer. On est quand même fiers du TER, du nouvel aéroport de Diass, de nos autoroutes. Il faut de l’argent pour ça. Cet argent vient des sociétés qui paient leurs droits de douane, les impôts. Les recettes viennent de la TVA récupérées par les sociétés formelles.

S’il y a rentrée d’argent, il y a développement
», explique avec beaucoup de pédagogie, Frank Bavard. Selon lui, l’Etat doit soutenir ces industries. Or dans cette filière, meuniers et boulangers sont les deux jambes de l’Etat. Il n’est pas question de subventionner une filière. Ce n’est pas ce que demandent les meuniers, qui savent que l’Etat a besoin d’orienter son argent vers la modernisation du pays.








Le Témoin