Leral.net - S'informer en temps réel

Les responsabilités du Conseiller en Communication, l’essentiel de ce qu’il faut en retenir.

Rédigé par leral.net le Jeudi 21 Mars 2013 à 09:04 | | 1 commentaire(s)|

La communication est sans aucun doute le vocable qui, malgré tout l’intérêt dont il jouit, demeure tout de même un concept qui souffre beaucoup trop d’incompréhensions. Ainsi, elle est largement perçue comme un art surabondamment chargé avec son lot d’effet boule de neige. Pourtant communication n’est pas synonyme de pédanterie.


Et le communicant n’est pas un pédant. Sans vouloir couper la branche sur laquelle est assis le communicant que je suis, je me dois, par devoir et par responsabilité, d’amener les uns et les autres à mieux cerner le rôle d’un conseiller en communication. Que n’a-t-on pas rajouté à ses réelles compétences? Cependant, il faut situer cette ignorance au niveau de son installation relativement récente dans les dispositifs organisationnels sénégalais.

Contrairement au journalisme dont nous disposons d’une parfaite connaissance, la communication nous étant un peu tardivement apparue, à cet égard son processus de maturation conceptuelle tarde à arriver à terme. Par exemple, qu’est-ce qui fait que les acteurs politiques se ruent plutôt chez les professionnels des medias en l’occurrence les journalistes pour la gestion de leurs stratégies de communication entre autres ? C’est une interrogation tellement préoccupante pour les communicants qu’on en arrive parfois à se demander si le combat pour le statut des professionnels de la communication ne devrait être mené. La communication et le journalisme sont pourtant si proches qu’il impressionne de constater que leurs acteurs respectifs ne peuvent aucunement être interchangeables.

En effet, certains acteurs du débat politique notamment les partis, par ignorance coupable, collent des attributs dont ne devraient porter aucun conseiller en communication. Auquel cas, le conseiller en communication devra se substituer au militant. Ce qui n’est pas son rôle. Par exemple faire intervenir le conseiller en communication du Président Macky Sall sur des questions politiques telles que le bilan du président c’est lui commander une posture à travers laquelle il ne devrait apparaître en tant que conseiller en communication.

Au mieux qu’il puisse servir le Président, le conseiller en communication doit rester un militant fantôme, « partout présent mais visible nulle part ». Sa fonction étant « strictement technique », tourne autour d’élaborations de formats communicationnels adéquats avec une utilisation autant variée que maîtrisée des canaux et supports de communication.

La mission du conseiller en communication englobe également d’autres compétences. Il se doit de pouvoir répondre aux questions du quoi faire/dire, pourquoi, quand, comment, avec qui, pour qui et avec quel (s) effet (s). Pour des raisons purement stratégiques, ces déclinaisons ont lieu dans le secret du Cabinet du Président et non sur la place publique. La communication a horreur de l’espace public.

D’excès tout comme d’insuffisance d’actes ou de parole. Son tout est mesuré. Aujourd’hui donc, on peut s’étonner que les axes de communication du gouvernement ou celles de la Présidence soient souvent révélées à travers les medias et de façon intempestive.

Les communicants ont juste raison de recadrer la sempiternelle question sur les dysfonctionnements souvent relevés par la presse et/ou l’opinion dans la mise en œuvre des politiques gouvernementales qui se sont succédé depuis un certain mars 2000. Combien de bilans négatifs a-t-on fait porter à des stratégies de communication défaillantes depuis cette date ? C’est mal comprendre la communication que de penser qu’elle peut distiller de recettes miracles.

Communiquer c’est d’abord et avant toute autre chose : le faire du dit et le dire du fait. Sous ce rapport, on peut préalablement se poser plusieurs questions avant de se défouler sur les communicants. Est-ce que les dits ont été faits ou encore est-ce que les faits ont été dits ? Ce n’est que seulement au sortir d’un tel questionnement, strictement objectif, qu’on pourra apprécier l’axe de communication utilisée et établir, s’il a lieu, les dysfonctionnements de type communicationnel. Une mauvaise perception de la politique gouvernementale n’étant pas forcement liée à un gap communicationnel.

Aucun expert en communication n’est assez « béni » pour pouvoir amener un peuple libre à nier des évidences. A moins qu’on ne soit capable de faire gober aux citoyens américains que Ben Laden était un Saint contre qui il ne fallait entamer aucune chasse à l’homme. Ou encore convaincre le peuple syrien de surseoir à sa révolte contre le régime de Bassar Al Assad. Certes la communication a la capacité de fabriquer des opinions, de faire ou de défaire des croyances politiques ou religieuses. Aussi, a-t-elle le pouvoir de faire adhérer des populations à une politique fut-elle controversée.

Par contre, ce à quoi le communicant ne saurait s’engager c’est d’assurer toujours une réussite à son employeur. Néanmoins, le communicant a aussi pour responsabilité, lorsque son employeur s’y attend le moins, de communiquer pour sauver ce qui peut l’être. Que l’on ne s’y méprenne donc pas, une communication réussit mieux lorsque les actes sur lesquels on communique sont assez corrects.
Toutefois, le problème de la communication gouvernementale se pose avec acuité. Une règle non écrite de la communication stipule : « Pour qu’une chose soit vraie, il ne suffit plus qu’elle existe mais qu’elle soit connue ». C’est à ce niveau où il faudrait situer l’insatisfaction du pouvoir à voir ses communicants rendre visible ses actions.

C’est tout le souci de l’Administrateur général de la Fondation « Servir le Sénégal », M Alioune Fall lorsqu’il regrette que « d’importantes réalisations du gouvernement d’Abdoul Mbaye puissent se retrouver à la périphérie de l’actualité au détriment de faits divers du Palais ». Cependant, deux réalités peuvent, de toute évidence, expliquer cette situation malheureuse pour le régime. D’abord il y a une mauvaise politique de visibilité de la Cellule de Communication du Président. Les stratégies de communication déployées autour du président Macky SALL, tout comme celles de son prédécesseur, Me Wade étant, de manière globale, sérieusement entamées. Sinon comment comprendre que le porte-parole du gouvernement communique pour désavouer le porte-parole du Président ?

Ensuite, le fait que la presse ait, de manière générale, plus envie de parler de faits divers notamment de ces « trains qui n’arrivent pas à l’heure » en est une autre. Par souci d’existence et d’écoulement de ses produits, la presse pense devoir mettre en avant ces « faits divers » qui se vendent mieux plutôt de s’appesantir sur des réalisations gouvernementales avec comme corollaire des soupçons de complaisance envers le régime. Peut-on reprocher à la presse sa liberté éditoriale? Oui et non à la fois. Oui, parce que la presse joue un rôle de stabilisateur et doit veiller à apporter de la hauteur et de la sérénité dans les débats qu’elle suscite avec une couverture de l’actualité qui puisse tenir compte de tout cela. Non, parce que la presse joue essentiellement un rôle de contre pouvoir.

Par conséquent, prolonger l’actualité autour de ces « faits divers » poussera les gouvernés à constater, en toute objectivité, l’insuffisance des ruptures annoncées. De la même manière on ne saurait reprocher à la Cellule de Communication du Président le fait de n’avoir pas réussi à faire l’actualité autour des réalisations du gouvernement. L’honneur de faire l’actualité revient, à mon humble avis, plutôt à la presse qui malheureusement n’en fait pas toujours bon usage. Il est donc erroné de penser que c’est le peuple qui commande l’actualité. Il la subit pour la plupart. Le peuple sénégalais, que je sache, n’a donné aucune indication pour qu’on mette au devant de la scène « un mouvement de personnel du Palais » impliquant, entre autres, le remplacement de Mme Senghor, désormais ex secrétaire du Président. La presse a voulu en faire un cas et il en est devenu un. Si l’attitude de la presse était de le reléguer au second plan, le débat se situerait à un autre niveau, toujours voulu par la presse.

En définitive, la communication est un art dont l’utilisation demeure encore un chantier dans notre pays. Cependant, le potentiel communicant du Sénégal reste tout de même intact grâce à une fleuraison de management schools. Le seul handicap qui résiste à son développement se situe à son utilisation quelque peu bancale. Une bonne communication marche avec deux pieds. Le premier pied relève du savoir tandis que l’autre prend en compte la liberté du communicant. Malheureusement, pour des raisons tristement politiques, des responsables en communication se sont vus « ôter » ce second pied.


NDIAGA NDIAYE
Professeur d’anglais.
Diplômé en Stratégies de Communication à l’U.G.B de St-Louis.
ndiaganjaay@gmail.com




1.Posté par beneth le 15/10/2013 16:38 (depuis mobile) | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Votre article est interessant

Nouveau commentaire :

Tout commentaire à caractère commercial, insultant, pornographique, raciste, homophobe, incitant à la violence ou contraire aux lois sénégalaises sera supprimé, Peut entraîner votre bannissement total du site