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Lettre ouverte à Monsieur le président de la République

Rédigé par leral.net le Vendredi 18 Avril 2014 à 11:22 | | 1 commentaire(s)|

Monsieur le président votre gouvernement a pris la responsabilité historique de « réactiver une cour d’exception » qui ne garantie pas le droit à un procès équitable à vos concitoyens dont vous êtes chargé - justement - de la défense des intérêts, et cela, Monsieur le président de la république, vous le savez très bien, vos conseillers le savent.


Comment, Monsieur le président de la république, qu’un homme qui prône une gouvernance vertueuse peut-il faire appliquer une loi scélérate à ses concitoyens fussent-ils ses adversaires les plus redoutables. Non Monsieur le président de la république, vous valez mieux que cela ; l’histoire devra retenir de vous mieux que cela.

La procédure contre Monsieur Karim Wade c’est votre procédure. La réussite c’est votre réussite, l’échec s’est votre échec, que l’on ne s’y trompe pas.

C’est vous, Monsieur le président qui avez réactivé la loi, c’est vous qui avez choisi vos magistrats, c’est vous qui avez désigné les personnes à poursuivre. Sur quelle base ? L’histoire nous le dira.

Oui Monsieur le président de la république, l’histoire nous dira, sur quoi s’était fondé votre gouvernement pour penser que Monsieur Karim Wade s’est enrichi de manière illicite. L’histoire nous dira si oui ou non on a mené des enquêtes illégales sur la vie privée de Monsieur Karim, sur son patrimoine ? Qui aurait commandité ces enquêtes ? Qui les aurait menées ? Qui serait au courant ?

Les premiers éléments d’information sur le supposé patrimoine de Monsieur Karim Wade ne viennent ni du Fisc, ni de la Centif. Alors Monsieur le président de la république, un jour l’histoire nous dira par quel canal et comment le gouvernement a obtenu des informations qui lui ont permis de douter de la licéité du patrimoine de Monsieur Karim et de demander à son parquet spécial d’ouvrir une enquête. Monsieur le président vous avez ouvert la boite de pandore.

Monsieur le Président si vous ne ressaisissez pas, encore qu’il soit temps, vous risquez, comme un certain Nicolas Sarkozy l’a fait en France, de créer au Sénégal un « cycle des affaires ». Certes, votre prédécesseur n’est pas exempte de reproches sur la question. On ne règle pas des problèmes politiques par des procédures judiciaires.

Sans aucun doute, votre successeur à la tête de ce pays, qui aime tant les bruits, auditera toutes ces affaires, cherchera à savoir comment toutes ces affaires ont été pilotées.

Le puissant Nicolas Sakorzy, l’ancien homme fort de la France, a récemment écrit une lettre aux français pour s’indigner du fonctionnement de la justice du pays de la déclaration universelle des droits de l’homme. Après avoir énuméré toutes les violations de ses droits, lui, Sarkozy, ancien président de la république de la France, disait ceci aux français : « qui n’ont pas voté pour moi, je demande d’oublier mon cas personnel et de penser à la République et à la France. Au nom de leurs propres convictions, peuvent-ils accepter ces violations répétées de nos principes les plus chers? ».

Un tel propos, venant de Sarkozy, devrait Monsieur le Président de la république vous pousser à plus d’hauteur, de retenue et de mesure dans la conduite des affaires de ce pays.

Monsieur le président de la république vous devez éviter aux Sénégalais ce qui se passe actuellement en France. Vous devrez, Monsieur le président de la république, faire du Sénégal un pays civilisé où le pouvoir change de main dans la plus grande fraternité.

Monsieur le président de la république, vous avez l’obligation de faire du Sénégal un pays où on ne s’entre-tue pas, mais où on s’entraide, un pays où on ne se déteste pas, mais on s’aime.

Monsieur le président de la république comme vous le répétez vous-même assez souvent, vous devez gouverner autrement et rester irréprochable.

Monsieur le Président de la république, tous ceux qui vous diront que vous devez garder encore Monsieur Karim Wade en prison n’avanceront qu’un seul argument, et cet argument est électoraliste. Ces gens là, Monsieur le président de la république ne vous aiment pas, ils aiment le pouvoir.

Monsieur le Président vous êtes l’homme le mieux placé pour savoir que le Bon Dieu reste l’Unique Maître du destin des hommes. Nul ne peut conditionner le destin de son prochain. Pour preuve, Monsieur Karim Wade est aujourd’hui l’homme politique le mieux protégé du Sénégal. Quel paradoxe !

Monsieur le président en ce 17 avril 2014, ayez le courage politique de demander à votre procureur de requérir l’annulation de la procédure, demandez à votre ministre de la justice de préparer une loi pour la suppression de la CREI.

Monsieur le président de la république, concentrez vous sur l’essentiel, le développement économique et social de ce pays. Ces affaires là vous stressent, vous empêchent d’avancer et vous occupent beaucoup trop. Vous avez beaucoup d’autres choses à faire que de gérer des affaires politico-judiciaires.

Je saluerai votre courageuse décision.

Lettre d’un citoyen.