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Lettre ouverte à monsieur le Président de la République sur la crise au PAMECAS


Rédigé par leral.net le Jeudi 20 Novembre 2014 à 08:45 | | 0 commentaire(s)|

Lettre ouverte à monsieur le Président de la République sur la crise au  PAMECAS
Monsieur le Président de la République.

Permettez qu’un humble citoyen vienne vous interpeller et vous appeler à agir afin de sauver la Finance Islamique au Sénégal. En effet, le 11 octobre 2014, une Assemblée générale dite «exceptionnelle», présidée par Madame Mame Boury Ngom, Directrice de la Réglementation et de la Supervision au ministère des Finances, a décidé de l’arrêt ou de la fermeture du département de Finance islamique de PAMECAS, pionnière en la matière. Cette décision va entraîner du coup la cessation d’activités de l’agence du département Finance islamique que PAMECAS avait ouverte dans la ville sainte de Touba avec la bénédiction du Khalife, le vénéré Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, qui avait alors donné «ndigueul» à son fils afin que ce dernier facilite son installation et préside son inauguration. L’agence de Finance islamique de PAMECAS à Touba avait donné satisfaction au-delà de toute attente, au point de se positionner comme la concurrente la plus sérieuse des banques classiques qui sont implantées dans cette ville depuis plusieurs années. Cette expérience réussie avait permis à PAMECAS de promouvoir ainsi la Finance islamique en ouvrant d’autres agences destinées aux 95% de musulmans sénégalais qui souhaitent se conformer aux préceptes de l’islam qui prohibe l’intérêt (ribaa) dans ce domaine.

Pourtant, au-delà de la bénédiction du Khalife général des mourides, le département de Finance islamique de PAMECAS a obtenu le soutien agissant de l’Etat du Sénégal et de ses partenaires financiers comme la BID (Banque islamique de développement). En effet, le gouvernement du Sénégal qui souhaitait développer le secteur de la Finance islamique, a signé à l’occasion de l’Assemblée générale de la BID en juin 2014 à Djeddah, en Arabie Saoudite, une convention de partenariat qui devait lier l’Etat du Sénégal, PAMECAS, la Banque islamique du Sénégal (BIS) et la Banque islamique de développement pour plusieurs milliards de francs, dont 5 milliards prêts à être libérés. La BID s’est engagée au vu des résultats satisfaisants enregistrés par l’expérience maîtrisée de PAMECAS à Touba et la forte demande des citoyens sénégalais. Il faut signaler que PAMECAS a été choisi par la BID comme partenaire stratégique pour la création d’une société de Finance islamique au Sénégal. La convention entre ces quatre parties a été signée par le ministre sénégalais de l’Economie et des finances, le Président de la BID, le Président du Conseil d’administration de la BIS et le Président du Conseil d’administration de PAMECAS, monsieur Mame Alassane Guèye. C’est donc avec surprise que l’opinion a appris cette décision de fermeture du Département de Finance islamique de PAMECAS après l’engagement fort de l’Etat et la manne financière injectée pour le projet par la BID.

La surprise a été d’autant plus grande que l’opinion apprenait, par la même occasion, que cette Assemblée générale dite «exceptionnelle» avait également décidé du départ de monsieur Mamadou Touré, Directeur général de PAMECAS. Pourtant M. Touré est l’initiateur et l’auteur de tous les succès obtenus par PAMECAS depuis sa création, il y a vingt ans, avec des partenaires canadiens en faisant ses preuves dans la Finance sociale. Aujourd’hui, grâce à M. Touré, PAMECAS fait référence dans le domaine de la micro finance et de la finance sociale en Afrique et partout dans le monde. Aussi, c’est avec une certaine inquiétude que les usagers des services offerts par PAMECAS appréhendent l’avenir de la Finance islamique dans notre pays.

Car ces deux décisions majeures prises par l’Assemblée générale dite «exceptionnelle» et donc non statutaire, semblent liées et paraissent poursuivre le même objectif. En tout cas, certains milieux financiers sénégalais très avertis, préconisent deux hypothèses pour s’expliquer sur la menace de fermeture du Département de Finance islamique de PAMECAS : Soit un groupe tapi dans l’ombre a décidé d’évincer M. Touré pour placer ses hommes et accaparer l’énorme masse financière générée par PAMECAS, soit des lobbies maçonniques, hostiles à l’Islam œuvrent dans l’ombre pour faire échouer le développement de la Finance islamique dans notre pays car, c’est connu, ces lobbies s’activent autour de tout ce qu’ils appellent la société laïque et s’opposent aux principes de l’islam. Ils en possèdent les moyens et ont infiltré les classes les plus représentatives de notre société.

Pour preuve, l’un d’entre eux qui s’exprimait dans le quotidien national, Le Soleil n° 6859 du 14 mars 1993, disait ceci : «Par ailleurs notre compatriote estime que c’est parce que le Sénégal est un pays à majorité musulmane et à cause de la pression familiale que les francs-maçons sénégalais se tapissent dans l’ombre. Mais il affirme qu’ils font du bon travail et plusieurs lois sociales instaurées au Sénégal ont été discutées et cogitées dans les loges. Et par ailleurs leurs relations, ils se débrouillent pour que les conclusions de leurs cogitations atteignent la table du gouvernement. De même ils ont des membres à l’Assemblée nationale qui répercutent les opinions de la loge…

Le credo de la franc maçonnerie réside dans la laïcité de l’Etat, notre symbolique se veut universaliste et nous rêvons qu’un jour tous les hommes du monde soient francs maçons…». Dans la crise du PAMECAS, cet aveu nous plonge dans le vieux débat ou conflit entre islam et laïcité. Pourquoi au Sénégal toutes les lois qui nous gouvernent sont toujours d’inspiration judéo-chrétienne et jamais d’essence islamique ?
En tout cas, pour les lobbies maçonniques, le seul moyen de freiner la finance islamique serait de la déclarer contraire aux lois laïques du pays et d’écarter les vrais experts engagés dans ce domaine, comme monsieur Touré et son équipe.

Dans tous les cas, monsieur le Président de la République, il apparaît que l’Assemblée générale «exceptionnelle» de PAMECAS, présidée par un fonctionnaire du ministère des Finances et en l’absence du Président du Conseil d’administration est véritablement… exceptionnelle à plus d’un titre. Sa légalité nous paraît d’ailleurs contestable car les statuts de PAMECAS ne prévoient que des Assemblées générales ordinaires et des Assemblées générales extraordinaires, et c’est la première fois dans l’histoire des mouvements associatifs du Sénégal qu’une structure tient une Assemblée générale «exceptionnelle». De plus, la dame Mame Boury Ngom Tall du ministère des Finances est-elle légalement habilitée à présider une Assemblée générale de PAMECAS en lieu et place de ses représentants légaux, fut-elle «exceptionnelle» ?

Ne croyez-vous pas, monsieur le Président de la République, que la décision de fermer le Département de Finance islamique va à l’encontre de la volonté des chefs religieux de notre pays, de Touba à Tivaouane en passant par Yoff Layène, Ndiassane, Thiénaba, Kaolack et Médina Gounass ? Surtout que Tivaouane et d’autres foyers religieux étaient aussi sur le point d’ouvrir des agences du Département Finance islamique de PAMECAS…

Pensez-vous, monsieur le Président de la République, qu’après cette décision «exceptionnelle» notre pays ne court pas le risque de perdre de la crédibilité et la confiance d’un partenaire aussi stratégique que la Banque islamique de développement qui s’était engagée avec beaucoup d’espoir dans le projet de Finance islamique ? Cela ne porterait-il pas préjudice, par la même occasion, à votre image de chef d’Etat soucieux du respect de ses engagements et des valeurs islamiques incarnées par nos grands guides religieux ?

Toujours est-il, monsieur le Président de la République, que cette décision de freiner l’essor de la Finance islamique dans notre pays pourrait être lourde de conséquences pour le succès du Plan Sénégal Emergent qui souhaite consolider et créer de nouveaux emplois. Car si une grande partie des adhérents de PAMECAS se ruaient dans les caisses des agences pour fermer leurs comptes (et ce n’est pas exclu) à cause d’un manque de confiance consécutif à la fermeture de la Finance islamique, il pourrait s’ensuivre une banqueroute et des pertes d’emplois que personne ne souhaite pour notre pays. Car PAMECAS pèse pas moins de 54 milliards de francs Cfa, il est le numéro deux de la micro finance au Sénégal, et rien que ses caisses de Ouakam (d’où est originaire le PCA Mame Alassane Guèye, victime du coup d’état du 11 octobre alors qu’il se trouvait à la Mecque pour les besoins de son pèlerinage) valent plus de 24 milliards.

C’est la raison qui nous a conduit, en tant qu’humble citoyen et musulman très attaché aux préceptes du Coran, à produire cette lettre ouverte pour sauver la Finance islamique et permettre aux musulmans de se conformer aux exigences de leur religion et rétablir le Directeur général de PAMECAS, monsieur Touré dans la légalité.

Monsieur le Président de la République, si vous cautionnez cette fermeture du Département Finance islamique de PAMECAS, ce serait un frein au développement du Sénégal pendant que la Finance islamique attire et fait fureur en Occident, particulièrement en Angleterre, en Suisse et en France où les produits «Halal» sont très prisés. D’ailleurs, selon certaines indiscrétions, le ministre des Finances aurait confié à des proches qu’il n’aurait rien à voir avec cette Assemblée générale «exceptionnelle» et aux décisions qui en émanent.

Monsieur le Président, nous espérons que vous agirez promptement pour sauver la Finance islamique et rétablir les ayants droits dans leur droit. La balle est dans votre camp.

Cheikh Oumar Tall
Citoyen et militant de la cause islamique
Tel : 77.519.40.26/ Email : lejouralyawmou@yahoo.fr