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Lu pour vous dans Jeune Afrique : Khadim, fonctionnaire au Sénégal – 457 euros par mois (297.050 F. Cfa)

L’hebdomadaire français, Jeune Afrique publie un reportage sur les salaires des travailleurs en Afrique. Voici ce que son reporter écrit sur un de nos compatriotes dénommé Khadim. Un surnom, un pseudonyme ou simple bidonnage d’un reporter étranger en mal de sujet ? (NDLR : Traduisez les montants en euros en francs Cfa).


Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Février 2016 à 08:00 | | 0 commentaire(s)|

Lu pour vous dans Jeune Afrique : Khadim, fonctionnaire au Sénégal – 457 euros par mois (297.050 F. Cfa)
Khadim est l'un des 127.130 fonctionnaires comptabilisés par l'État du Sénégal en 2014. Salarié pour 300.000 F CFA mensuels (457 euros) du ministère de la Femme, de l'Enfant et de l'Entrepreneuriat féminin à Dakar, il a passé au crible toutes ses dépenses pour notre série sur l'argent des Africains. À 33 ans, Khadim est un jeune père de famille dakarois. Il vit au nord de la presqu’Île du Cap Vert dans le quartier de Cambérène, dominé par la confrérie musulmane des layènes, il partage un appartement d’une cinquantaine de mètres carrés, avec sa femme et sa fille, âgée de quatre ans. En bas de leur bâtiment, la plage et une vue imprenable sur l’Atlantique : les moutons y trottinent entre les parties de foot improvisées, les restants de poissons ramenés tous les matins par les pêcheurs que l’on retrouve ensuite dans le thiéboudiène, et les détritus et sacs plastiques dont les autorités essaient de se défaire non sans peine.

Au rez-de-chaussée, une salle de musculation où tous les "vingtenaire"s du coin viennent s’entraîner, rêvant un jour de détrôner les stars de la lutte, le sport national à égalité avec le football.

Dans cette famille peule, l’engagement social dans l’avenir du pays se transmet de père en fils. Le père de Khadim a fait tout son parcours dans le développement agricole rural, notamment au service d’ONG internationales en Casamance, à Kolda, dans la partie plus tropicale du pays, au sud.
C’est là que la famille conserve son troupeau de moutons, « notre compte en banque », comme s’amuse à le dire Khadim.

Un engagement que l’aîné d’une fratrie de sept (trois frères et quatre sœurs) a repris à son compte. Diplômé d’un master en gestion de projet, et fort d’une première expérience dans la défense et l’amélioration des droits des enfants en banlieue de Dakar, il travaille depuis trois ans au sein du ministère de la Femme, de l’Enfant et de l’Entrepreneuriat féminin.

Une mission pour laquelle il perçoit une rémunération fixe de 300 000 F CFA mensuels (457 euros). Le double de ce qu’il s’était vu allouer à son entrée au ministère, sa hiérarchie louant son engagement. Une somme également bien supérieure au revenu mensuel moyen au Sénégal, qui s’établissait à 85 euros par mois en 2013 selon la Banque mondiale.

Au quotidien, Khadim se déplace dans les régions sénégalaises et s’assure que les objectifs de la politique du gouvernement de Macky Sall en matière de limitation de la mendicité et de droit à l’éducation sont bien appliqués par les collectivités locales. Des déplacements nombreux qui lui valent des per diem mensuels de 228 à 457 euros, de quoi largement compléter sa rémunération fixe.

Le premier poste de dépenses va, sans surprise dans la capitale sénégalaise où l’immobilier demeure coûteux, au logement. L’appartement lui coûte 121 euros de loyer par mois, auxquels s’ajoutent l’électricité (22 euros par mois à la Senelec), l’eau (8 euros), la télévision (4 euros) et le ramassage des ordures dans le quartier assurée par une société privée (4 euros mensuels).

Pour la gestion de la nourriture, c’est la femme de Khadim qui est aux manettes. Jeune professionnelle active à mi-temps dans le secteur privé et mère au foyer le reste du temps, Khadim lui verse en moyenne 7,5 euros par jour – charge à elle de gérer le petit-déjeuner, et les deux plats du midi et du soir avec cette somme (soit 225 euros pour la nourriture par mois en moyenne).

Khadim s’occupe de son côté des achats en gros de sacs de riz ou de charbons de bois utilisés à l’intérieur pour la cuisson des plats ou pour réchauffer le thé, le fameux ataya sucré dont raffolent tant les Sénégalais.

Enfin, depuis que le jeune couple a une fille, il faut ajouter le coût de l’inscription à l’école qui est de 7 euros par mois. « Et des petits bonbons tous les matins », dit Khadim, qui donne 30 centimes d’euro chaque matin pour que sa fille parte avec une sucrerie à l’école.

Tout ce qui n’est pas absorbé par ces dépenses courantes est mis de côté chaque mois au cas où un pépin de santé surviendrait et en cas d’imprévu. En fin de mois, les sommes épargnées vont à ses parents, désormais installés à Dakar depuis leur retour de Casamance. « Je leur donne 66 euros chaque mois au minimum ». Plus quand cela est possible. Des virements qui servent aux dépenses de toute la famille, aux études des frères et sœurs ou aux éventuels soins à apporter au cheptel.