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Macky Sall à l’épreuve de ses collaborateurs

Depuis sa prise de fonction, le Président Macky Sall a perdu plusieurs de ses collaborateurs, certains par exigence politique, d’autres par frustration ou incompétence, une poignée peut-être par incompatibilité d’humeur. Des caractérisations difficiles à relier à des identités en raison du silence sur les vraies raisons de ces départs.


Rédigé par leral.net le Samedi 6 Septembre 2014 à 18:56 | | 0 commentaire(s)|

Macky Sall à l’épreuve de ses collaborateurs
S’il est vrai que l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade avait la réputation d’un croqueur invétéré de collaborateurs au gré des événements politiques, son successeur semble lui aussi avoir du mal à s’accommoder de ses proches. Car, en un temps record, le Président Macky Sall, réputé froid et introverti, a vu son entourage s’effriter d’une manière surprenante.

L’un des premiers à passer à la trappe, c’est Me Alioune Badara Cissé. Limogé du premier gouvernement d’Abdoul Mbaye, le 31 octobre 2012, ABC n’aura passé que huit mois à la tête du ministère des Affaires étrangères. Motif ? Certaines sources parlent d’un “déficit de confiance” entre lui et le président de la République. Il lui a été aussi reproché d’avoir pris un peu trop de liberté dans ses déplacements à l’étranger, et souvent sans en informer son ... patron. Vrai où faux ?

L’intéressé ne s’est jamais expliqué en détail sur une brouille qui a brisé “une amitié” vieille d’une dizaine d’années. Aujourd’hui, ABC ressemble plus à un opposant qu’à un membre du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (APR) auquel il appartient encore.

Déchu de son statut de n°2, il n’a pas hésité, comme d’autres camarades, cependant, à présenter une liste dissidente aux élections locales du 29 juin dernier. Et dans cette tactique de défiance envers le chef de l’Etat, Alioune Badara Cissé s’est même constitué avocat au service de Karim Wade.

Autre départ pour d’autres motifs, celui d’Aminata Touré. Elle a été limogée de la Primature après avoir été victime de la règle du jeu établie par Macky Sall contre les perdants aux élections locales. Battue dans son fief de Grand-Yoff, Mimi Touré s’est repliée activement sur le noyau de fidèles, d’amis et de sympathisants qui constituent pour l’instant sa garde rapprochée, à l’intérieur de l’APR.

Il se dit que ses relations avec le chef de l’Etat ne sont plus excellentes. Une situation que rien ne présageait pourtant au regard du cheminement politique qui les a unis jusqu’à la victoire de mars 2012. Directrice de campagne du candidat Macky Sall, elle connaitra ensuite une ascension intéressante qui la voit passer de ministre de la Justice à chef du gouvernement en 18 mois.

L’ancien ministre des Infrastructures, Thierno Alassane Sall, pour sa part, ne souhaite apparemment plus rencontrer Macky Sall. Du moins jusqu’à nouvel ordre. Le candidat malheureux à la mairie de Thiès digère mal son limogeage du gouvernement qu’il considère comme “injuste” au regard de la force de l’adversité à laquelle il devait faire face.

“Je savais depuis plus de quatre mois le nom de mon remplaçant à la tête du ministère des Infrastructures”, avait-il déclaré devant ses militants à Thiès. Encore patron des cadres de l’APR, Sall a préféré retourner à l’Asecna et son corps d’origine, lui l’ingénieur aéronautique.

Des collaborateurs frustrés

Des départs, Macky Sall en a connus jusque dans son cabinet. Parmi ses conseillers qui ont préféré jeter l’éponge, Jacques Diouf. Nommé le 13 avril 2012, l’ex-directeur général de la FAO avait été coopté dans l’entourage présidentiel pour son expérience internationale, notamment dans le domaine de l’agriculture, mais aussi pour participer à l’accélération du processus de développement économique du pays engagé par le régime.

Pour des raisons encore non éclaircies, il est parti “jouir de sa retraite afin de s’occuper de sa fondation dont la gestion serait incompatible avec ses charges de conseiller spécial du président de la République”. Un motif que d’aucuns ont accepté avec des pincettes...

Etait-il frustré par un “manque de considération” dans le cabinet présidentiel ? Lui a-t-on refusé des prérogatives élargies et/ou exclusives dans le domaine agricole ? Désirait-il simplement un grand ministère de l’Agriculture que Macky Sall ne pouvait lui offrir pour mille et une raisons ?

Tout comme Jacques Diouf, l’ancien directeur de cabinet adjoint, Moubarack Lo, a également quitté son poste pour des raisons jusqu’ici inavouées. Si l’économiste pointe le “style de management présidentiel” et autres “lenteurs dans la mise en œuvre des réformes promises aux Sénégalais”, des sources dignes de foi parlent de ses états d’âme par rapport à des attentes non satisfaites et qui seraient relatives à une montée dans la hiérarchie des responsabilités de pouvoir.

A la différence de ses collègues, le Pr Malick Ndiaye, lui, a été tout simplement limogé par le président de la République. Ce denier a été très remonté contre son ministre-conseiller spécial après la publication par ce dernier de “Où va la République ? Les vérités sur la seconde alternance.” Un ouvrage très critique envers “les carences et errements du régime.”

Dans cet ordre de faits, une affaire Mahmout Saleh ne peut constituer une surprise, ce qui ne serait pas loin d’une logique de dépeuplement dont on ne pourra mesurer les conséquences que plus tard...

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