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Maladie à virus Ebola, la maladie de la pauvreté - Par Mamarame Seck

Rédigé par leral.net le Lundi 8 Septembre 2014 à 08:36 | | 0 commentaire(s)|

Maladie à virus Ebola, la maladie de la pauvreté - Par Mamarame Seck
Le monde entier en a fait son agenda du jour, sa crainte majeure, mais aussi sa préoccupation de tout instant. La maladie à virus Ebola est traquée comme un ours noir qui s’est évadé pour venir dans un village paisible, forçant ses habitants à fermer leurs portes à double tour. Mais ce que nous voyons aujourd’hui n’est-ce pas que la partie superficielle du problème auquel l’Afrique est confronte depuis la colonisation, qui avait fini de balkaniser nos régions. Nos frontières traditionnelles ont été détruites au profit de limites artificielles nées de la volonté des puissances coloniales de se partager nos maigres ressources. En effet, je ne vous apprends rien en rappelant la fameuse conférence de Berlin (1884-1885) et ses conséquences sur Afrique. Mais de tout le continent Afrique, c’est sa partie occidentale qui, sans soute, a le plus souffert des conséquences de cette partition. Si on tient compte des communautés linguistiques présentes dans la région, elles s’imbriquent les unes dans les autres montrant parfaitement les liens culturels et biologiques entre les peuples. La plus frappante de ces erreurs de l’histoire peut être trouvée dans le fait que pour rejoindre le sud du Sénégal a partir du nord ou du centre ouest, on traverse un autre pays, la Gambie., qui est comme une banane dans la bouche du Sénégal. Heureusement que nous ne sommes pas la Russie et n’avons aucune velléité hégémonique sur ce pays frère.

Et voilà que la maladie dite à virus Ébola apparaît brusquement pour venir s’ajouter aux difficultés déjà insupportables de notre région. Mais qui sont ces pays les plus touchés aujourd’hui par la maladie, le Liberia, la Sierra Leone, et la Guinée ? Le Liberia et la Sierra Leone ont connu des guerres civiles et militaires pendant au moins une décennie (1990-2003) tandis que la Guinée voisine est politiquement instable pendant très longtemps (1990-2010). S’ajoute à cela le fait que ces trois pays sont parmi les plus pauvres au monde. Au Liberia le PIB par habitant s’élève à 454 dollars tandis qu’en Guinée et en Sierra Leone il est respectivement de 491 dollars et 634 dollars. Plutôt que de s’alarmer sur le sort actuel de ces pays, il faudrait s’attaquer aux racines du mal. La pauvreté est la mère de tous les fléaux. Elle fait qu’il y a des manquements au plan sanitaire ; les règles élémentaires en matière de d’hygiène et santé publique ne peuvent être observées dans le dénuement. Pour être propre il faut en avoir les moyens. Il faut de l’eau à suffisance, des serviettes d’hygiènes, du savon, de l’eau de javel à suffisance, entre autres. Ces éléments peuvent paraître insignifiants et anodins pour quelqu’un qui vit dans la ville, mais au village, c’est un luxe, parfois même un luxe insolent. N’oublions pas que dans ces zones reculées de nos pays, il n’y a parfois aucun service de santé disponible pour prendre en charge les premiers cas d’une maladie, quelle qu’elle soit. C’est pour cela que de nombreux malades vont voir le guérisseur du village au risque de le contaminer après avoir contaminé tous leurs proches. La meilleure façon de prévenir ces fléaux c’est donc d’apporter constamment aux pays pauvres d’Afrique et d’ailleurs l’aide humanitaire et sanitaire qu’il faut, pour faire face à la pauvreté. Pour qui connaît les valeurs africaines, il est presque impossible de demander à quelqu’un de fuir son parent parce qu’il est malade, de brûler son corps s’il est décédé ou de ne pas participer à son inhumation. Bref, c’est notre africanité qui est même en jeu. Mais espérons que tout cela ne sera bientôt qu’un vieux souvenir et que les peuples frères de la sous-région se visiteront comme par le passé sans porter des gangs ou des masques.

Mamarame Seck
mamarseck@gmail.com