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Monsieur Cissé Kane NDAO, vous faites hors sujet et vous vous perdez dans un subjectivisme spéculatif déshonorant

Rédigé par leral.net le Mardi 6 Mai 2014 à 14:52 | | 0 commentaire(s)|

« Les paysans, parias du Sénégal sous Macky Sall », c’est le titre de votre contribution parue récemment dans la presse.
Mais dans votre texte, vous ne parlez pas du sort des paysans sous la présidence de Macky SALL. Vous dénoncez plutôt la politique agricole du Sénégal depuis l’indépendance. Pourquoi donc, dans votre titre, spécifier l’ère Macky SALL, qui n’a duré que 2 ans, sur la période de 54 ans couverte par votre analyse ? Entre votre titre censé désigner l’objet de vos réflexions et vos développements, il y a un déphasage manifeste qu’on appelle traditionnellement hors sujet, et ce n’est pas à vous qu’on va l’apprendre.
Quelques éléments illustratifs :


Monsieur Cissé Kane NDAO, vous faites hors sujet et vous vous perdez dans un subjectivisme spéculatif déshonorant
Vous remontez à votre « prime jeunesse », critiquant l'enchaînement de politiques agricoles qui, à vos yeux, sont toutes aussi mauvaises les unes que les autres et qui entretiennent les paysans dans la précarité et l’exclusion. Vous dépeignez là une réalité de loin antérieure à l’élection du Président Macky SALL, tant il est vrai que votre « prime jeunesse » est une antiquité si on la rapporte à la date du 03 avril 2012, début de l’exercice de la mission présidentielle par Macky SALL.

Vous parlez de la liquidation du système des traites qui faisait le bonheur du paysannat. C’est une réalité qui existe depuis pratiquement 15 ans. Macky SALL n’était pas Président de la République à l’époque.

Vous manifestez cependant votre manque de maîtrise sur votre sujet, en liant le phénomène des loumas à ce système de traites, dans les termes révélés par votre texte. En vérité, le phénomène des loumas est très récent par rapport à l’ère des traites. C’est aux dernières heures de gloire des traites ou aux premières heures de leur décadence, que les loumas ont fait leur apparition, pour monter en puissance au fur et à mesure que le système des traites déclinait.

A l’époque des traites, les produits agricoles n’étaient pas en première ligne dans les loumas, pour une raison aisément compréhensible. La filière officielle de commercialisation de l’arachide donnait tellement satisfaction, que le phénomène d’évasion des graines n’existait pas. L’arachide ne se vendait pas dans les loumas. Quant aux céréales, elles jouissaient alors pleinement de leur statut de cultures vivrières, d’autant plus que la vente de l’arachide dans les seccos permettait aux paysans de disposer de ressources monétaires et favorisait le stockage des céréales pour les besoins vivriers. Ainsi, les loumas ont, d’une certaine manière, profité du déclin des circuits de commercialisation des produits agricoles, notamment l’arachide, en se positionnant comme espace alternatif où pouvaient s’écouler ces produits. C’est le contraire de la situation que vous présentez.

Vous dénoncez la présence des opérateurs semenciers le long de la filière (arachidière ?). Ils y sont depuis une quinzaine voire une vingtaine d’années, donc ce n’est pas la Présidence de Macky SALL qui a favorisé cet état de fait.

Vous critiquez la politique de l’Etat en matière de semences et de valorisation de la production agricole, sans révéler une quelconque innovation négative qu’aurait introduite Macky SALL depuis son entrée en fonction.
Vous parlez de la CSS, mais en des termes plutôt équivoques, pour ne pas dire plus. En effet, ce sigle, sous votre plume, désigne-t-il la Compagnie sucrière sénégalaise, la Caisse de sécurité sociale ou une autre entité communément désignée sous ce nom ?

Quand vous écrivez : « Tout comme la CSS, l’Etat ne doit plus continuer à maintenir à flots… », devrait on comprendre que vous demandez à l’Etat d’adopter une démarche semblable à celle de la CSS, ou bien alors votre idée est autre, et simplement mal exprimée ?

Vous parlez de régénérescence des Vallées fossiles. La question a été à l’ordre du jour dans les années 1990. On a renoncé à l’idée et arrêté d’en parler à partir de 2000, c’est-à-dire 12 ans avant que Macky SALL ne devienne Président.

Vous vous insurgez contre une certaine opacité qui entourerait l’exploitation de l’or au Sénégal et vous vous interrogez sur l’existence d’une politique de prise en compte de la dimension environnementale de cette activité minière. Mais vous savez bien que vous parlez d’une situation qui a existé sous les Présidents Diouf puis Wade et que Macky SALL, arrivé il y a juste 2 ans, a trouvée en place. Vous semblez ignorer cependant que le récent Conseil des ministres à Kédougou a permis au Président SALL de poser la problématique et de donner une idée de la politique alternative dont il est porteur pour ce secteur.

En vérité M NDAO, dans tout le tableau que vous peignez, le seul élément imputable à Macky SALL, c’est le projet de construction de l’autoroute Thiès – Touba. Vous le dénoncez, vous ne lui trouvez aucune pertinence. Car dans votre logique, une autoroute ne sert qu’à écouler de la production consommable ; et dans le cas précis, vous prétendez que ce projet n’aurait pu trouver de la pertinence que si « le pôle de consommation que constitue Touba » était arrivé à saturation, et que le besoin de transférer le surplus de la grande production polarisée par cette agglomération se posait. Je vous dis sans ambages que vous débitez des stupidités qui ne vous honorent pas.

Comment peut-on faire preuve d’une vision aussi bornée ? Le flux démographique qui emprunte en permanence cet axe routier, tout le long de l’année, avec comme point culminant le grand magal au cours duquel pas moins de 3 millions de personnes s’y meuvent, ne justifie-t-il pas la réalisation de cette autoroute ? Etes-vous si limité que vous ne seriez pas en mesure d’envisager les opportunités économiques, sociales et autres, rattachées directement à l’amélioration significative de la mobilité entre Thiès, Khombole, Bambey, Diourbel, Mbacké et Touba, un axe urbain qui, bien relié à l’agglomération du Cap Vert, interconnecte 30 à 40% de la population nationale ? Ou alors, votre souci excessif de trouver matière à reprocher à Macky SALL vous a-t-il aveuglé à ce point ?

En vérité M NDAO, vous avez emprunté la démarche inverse de ce que devrait être un raisonnement intellectuel. Motivé sans doute par le souci d’accéder à une certaine reconnaissance en tant qu’obscur Président d’une toute aussi obscure Alliance baptisée avec des velléités manifestes de confusion (Alliance démocratique pour la République ne fait elle pas penser à la prodigieuse Alliance pour la République du Président Macky SALL ?), vous avez éprouvé le besoin d’attaquer d’abord, et après seulement, chercher les éléments de légitimation de cette attaque. L’indigence de votre cause vous a amené à poser une thèse totalement gratuite, pour ensuite broder une argumentation spéculative. Ceci vous a conduit dans une errance intellectuelle pitoyable.

Si vous avez bien suivi le Président Macky SALL, dans le discours et dans les actes, depuis sa prise de fonction à la tête de l’Etat, vous auriez constaté l’évidence que constitue sa prise de distance nette avec ce qui s’est fait jusqu’à maintenant en matière de politique agricole dans ce pays. Vous auriez constaté que son intérêt pour le monde rural a fait l’objet d’un programme agricole qui constitue la substance de ce PSE que les bailleurs et autres partenaires au développement ont très positivement sanctionné à Paris, sans aucune possibilité de soupçon de complaisance, parce que ce sont les mêmes qui y mettent leurs milliards.

En attendant la mise en œuvre de ce programme agricole révolutionnaire et ambitieux, le Président SALL a utilisé les grands moyens pour améliorer le système qu’il a trouvé sur place, au grand bonheur des paysans, et ce, dès sa prise de fonction en avril 2012. Héritant de la gestion d’un Etat qui n’avait rien prévu pour la campagne agricole en vue, à 2 mois de l’hivernage, le Président SALL avait réussi la prouesse de mobiliser 30 milliards de francs CFA dans des délais record pour permettre aux paysans sénégalais d’aborder l’hivernage dans les meilleurs conditions envisageables. Cette année-là, ce sont 80 mille tonnes d’engrais qui ont été mises à la disposition des agriculteurs, un chiffre qui n’a jamais été atteint par une quelconque politique agricole dans ce pays. La conséquence directe a été que le cours de l’engrais sur le marché est aussitôt descendu à son niveau d’il y a 25 ans, bien avant la dévaluation du franc CFA. Au terme du processus de production, l’Etat mit sur la table une autre bonne surprise pour les paysans, en augment de 30% le prix du kilogramme d’arachide au producteur. C’était tellement incroyable que beaucoup parlèrent d’épiphénomène sans aucune chance de prospérer. Pourtant, pour la 2ème campagne agricole qui a eu lieu sous la Présidence de Macky SALL, le même prix « fantastique » a été reconduit, après avoir été annoncé dès le début du mois de novembre alors que les récoltes n’étaient pas encore faites, pour barrer la route aux spéculateurs qui jouent souvent sur l’inconnu prix pour inciter les paysans à bazarder leurs récoltes avant le démarrage officiel de la campagne de commercialisation.

En matière de semences, après plus d’une décennie au cours de laquelle les premières pluies tombaient sans que les graines soient mises à disposition, les paysans ont salué des changements bénéfiques à partir de 2013, avec la mise en place de tout le nécessaire dès le mois de mai. Et en cette année 2014, le système, sous l’impulsion du Président SALL, s’est révélé encore plus performant. Dès la 2ème quinzaine du mois d’avril, on s’attelait déjà à la mise en place des semences et des intrants. Et à plus d’un mois de l’échéance à laquelle les premières pluies sont attendues, le paysan sait déjà où il peut trouver ses semences en quantité suffisante. En qualité aussi, le Président SALL est arrivé accompagné du vent du changement positif. Les semences sélectionnées et semences certifiées sont de plus en plus vulgarisées pour être accessibles à tous. A titre illustratif, pour la catégorie dite certifiée, là où avant l’élection du Président SALL la quantité mise à disposition n’a jamais atteint 5 mille tonnes, ce sont 24 mille tonnes qui sont destinées cette année aux agriculteurs sénégalais, au prix de… 160 F CFA le kilogramme. Beaucoup moins que le prix auquel le paysan a vendu sa récolte il y a juste quelques mois. Quant à la catégorie dite sélectionnée, son prix au kilogramme est fixé cette année à 150 F CFA. Les chiffres énoncés ici sont très bons, même s’ils peuvent paraître incroyables, car on n’a pas l’habitude d’observer ce rapport où les semences coûtent beaucoup moins cher que les récoltes. N’est-ce pas là le reflet d’un souci majeur de promouvoir le paysan ?
Et ces milliards investis dans l’agriculture pour moderniser l’outillage de production du paysan ?
M NDAO, vous semblez n’être au courant de rien de ce qui se passe, vous vous levez, et avec beaucoup d’imprudence, vous vous laissez aller à des déclarations tout simplement ridicules.
Heureusement pour vous que ce ridicule ne tue pas.


Thérèse Faye Diouf
Apr