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Monsieur le ministre Mansour Sy, vous hésitez à porter plainte contre M. Ousmane Sonko ?

Le courrier que je vous ai adressé le jour du Magal et dont j’attends encore la réponse a été rédigé dans le même contexte que cette lettre ouverte qui sortira les Sénégalais de la ferveur religieuse dans laquelle ils sont plongés pendant ces grands moments de commémoration de la naissance du Prophète Mouhamed. Paix et salut sur Lui.


Rédigé par leral.net le Dimanche 27 Décembre 2015 à 15:09 | | 0 commentaire(s)|

Monsieur le ministre Mansour Sy, vous hésitez à porter plainte contre M. Ousmane Sonko ?
Vous m’avez inutilement élevé au rang d’ennemi alors que je ne cherchais qu’à vous servir en toute loyauté. Vingt-trois (23) jours après mon point de presse, vous avez effectué votre première sortie pour banaliser l’affaire sur un plateau de télévision (la RTS) et le classer définitivement comme un «incident» clos alors qu’il s’agit d’un scandale qui perturbe au quotidien votre sommeil. Pis, vous menacez de porter plainte contre un honnête citoyen (je n’ai pas suivi l’émission) qui n’a fait que reprendre quelques échos de la sortie d’un de vos agents.

Vous savez consciencieusement que vous m’avez relevé de mes fonctions d’Inspecteur régional du Travail et de la Sécurité sociale parce que j’ai refusé de satisfaire votre commande m’enjoignant d’autoriser le licenciement des travailleurs, délégués du personnel. Les inspecteurs du travail au Sénégal ont fait face à toutes sortes de difficultés dans l’exercice de leur fonction depuis que ce corps a été érigé mais l’histoire retiendra que vous êtes le premier à offrir la tête d’un de vos agents à un employeur.

Monsieur le ministre, pouvez-vous apporter des éléments de réponse clairs par rapport aux questions suivantes, ou s’agit-il de simples coïncidences?

- Pouvez-vous nier m’avoir demandé de licencier les travailleurs alors même qu’on n’avait pas encore bouclé l’enquête?

- Le secrétaire général du ministère M. Ablaye Guèye n’était-il pas à vos
côtés quand il m’appelait le jour (26 octobre 2015) où on devait rendre la décision après que je lui ai notifié le refus d’autoriser, pour dire: « Non M. Loum, le ministre dit qu’il faut licencier les travailleurs parce qu’il en avait déjà parlé avec votre Directeur général », alors que vous étiez hors du pays ?

- Qu’est-ce qui vaut au patron de Aviation Handling Services (A.H.S.) l’honneur d’avoir la primeur de la mutation de l’inspecteur régional alors que l’intéressé au premier chef n’était pas au courant ?

- Que le patron de A.H.S. se mette à plastronner devant ses travailleurs, on peut toujours conclure qu’il s’agit de simples rodomontades d’un employeur dans son entreprise. Mais qu’il se mette à vociférer pendant toute une journée: « Vous n’avez plus besoin de vous fatiguer dans cette bataille puisque j’ai fait relever l’inspecteur régional du Travail en personne », obligeant ses employés à appeler avec insistance à l’inspection pour vérifier l’information; et qu’on se rendît compte de l’évidence de ses propos 24heures après, cela sort de l’imaginaire et ne fait que confirmer la sentence: « Un crime n’est jamais parfait ».

- J’avais déjà confié à un autre collègue le dossier de l’atelier qui s’est tenu à Saly du 23 au 25 novembre 2015. Quand j’ai su que c’est vous qui alliez en présider l’ouverture je l’ai repris. C’était juste pour mettre en pratique une méthode élémentaire de l’enquête: le regard. Une occasion inestimable de vous rencontrer pour la première fois après cette forfaiture et probablement pour la dernière fois en tant que ministre. Et quand mon regard inquisiteur eut du mal à croiser le vôtre fuyant devant votre simple agent lors du tour de salut, je venais d’établir la dernière preuve de votre culpabilité.

Au cours du point de presse que j’ai tenu, j’ai avancé des dates, indiqué des heures et des minutes et brandi des papiers, preuves irréfragables de mes propos. Voudriez- vous vous prononcer sur les quatre dossiers dont j’ai parlé pour un besoin de clarification?

C’est bien dommage que les journalistes que vous avez approchés n’ont pas eu la présence d’esprit de lire ma réponse à votre demande d’explication pour en apprécier la teneur administrative. Pouvaient-ils d’ailleurs le faire ? En auraient-ils le loisir ? Ce n’est d’ailleurs que de la pure diversion.

Vous savez, votre entourage sait et tous les agents de l’administration du Travail savent pertinemment que cette supposée «convocation d’un ambassadeur» n’a rien à voir avec le contentieux qui nous oppose.

La seule « faute lourde » que j’aurais commise se résume en la défense devant qui de droit de manière constante et obstinée des Inspections régionales du Travail eu égard à la paupérisation dans laquelle elles végètent à longueur d’année. Alors que les moyens sont là en train d’être distribués à tire-larigot aux copains et aux coquins. Il fallait alors après de vaines tentatives de me faire taire; me faire payer cette insolence si c’en est une.

J’ai demandé aux journalistes lors du point de presse de vous interroger sur le nombre de véhicules que vous avez chez vous, sur le nombre de véhicules distribués à votre entourage; alors qu’à titre d’exemple, au niveau d’une inspection comme l’IRTSS de dakar il n’y a pas un seul véhicule en état, depuis deux ans, pour contrôler près de 10.000 entreprises. La conscience professionnelle aurait-elle un sens pour vous ?

Quand une centrale syndicale m’a informée qu’elle allait tenir une conférence de presse pour me soutenir j’ai répondu que « je ne suis, ni demandeur ni preneur d’une quelconque intervention syndicale». On m’a appris par la suite que ses membres en ont été dissuadés en ces termes « Attention, vous ne savez pas ce qu’il a fait. Il ferme l’inspection pendant trois jours pour aller se faire de l’argent dans les entreprises ».

Ces propos m’ont rempli de tristesse. Cette méthode de formation est effectivement la mienne et est le fruit d’un capital d’expérience. Elle consiste à descendre sur le terrain et former, en fonction du niveau du conflit qui sévit dans les « entreprises à problème », la direction, les délégués du personnel, les travailleurs influents non élus et même les partenaires extérieurs de l’entreprise. Rien que la démarche pour sa mise en œuvre a séduit plus d’un employeur septique. C’est une méthode qui sort des sentiers battus. Son efficacité n’est plus à prouver puisque m’ayant permis de stabiliser le climat social le long de mon séjour au niveau des différentes régions où j’ai été responsabilisé. Et l’ingénierie et les supports sont mis au point par moi-même.

La première entreprise où elle a été appliquée à dakar après ma prise de service est une banque, la CBAO en l’occurrence. Sur instruction de ma hiérarchie, la direction et les travailleurs étaient à couteaux tirés et ces derniers munis de leurs brassards rouges faisaient couvrir leurs manifestations par les media (radios et télévisions). Il fallait intervenir. Quand le Directeur des Ressources humaines en désarroi vint me voir il avait même du mal à convoquer ses délégués sur l’étendue du territoire. Au bout de trois jours de formation la paix sociale est revenue à la banque et depuis, je n’ai même plus entendu au téléphone le DRH. Allez lui demandez combien de millions ils m’ont donné ?

« Je ne parle pas d’argent à un employeur encore moins à un travailleur ». Mes collègues dont l’ingéniosité est à l’origine du concept « fonctionnaire nguir Yalla» pour me taquiner vous répéteront à satiété cette rengaine. Pour qui connaît l’aridité qui sévit dans l’administration du Travail, y évoluer pendant treize ans dans des régions différentes et n’être obligé de baisser le regard devant n’importe quel magnat… C’est ce genre de discours que je tiens aux collègues stagiaires de l’ENA pour lire immédiatement l’effet sur eux.

J’ai mal pour ma hiérarchie qui par haine ne me connaît même plus. Cependant, « la haine ronge son homme » nous enseignait le président Abdou Diouf. La précipitation dans laquelle a été prise la décision pour faire un effet de surprise et me « coller un motif » est on ne peut plus scandaleuse. En lieu et place d’une surprise ils auront droit à un effet boomerang. L’arrêté portant nomination d’un Conseiller technique de Département est truffé de fautes et on n’est même pas capable d’écrire mes prénoms, encore moins mon matricule.

Je m’appelle: Mouhamed Mactar, matricule n° 604462 / J

On me substitua à un certain: Mouhamadou Moctar, matricule n° 604462 / O.

En pleine réunion de coordination vous vous êtes écrié un jour, sous l’effet d’un accès de colère: « Je ne vous connais pas! Je ne vous connais pas! …». Une erreur stratégique. La préoccupation première de tout leader doit être d’avoir une parfaite connaissance, une maîtrise bien assise de la personne des différents membres de son équipe. En réalité si vous me connaissiez, jamais il ne vous serait venu à l’esprit de me faire faire la sale besogne.

Dans l’intimité de votre bureau nous étions trois un jour. Un honorable député maire d’une localité, venu se plaindre à votre niveau d’avoir été convoqué à l’inspection, vous et moi. Il termina son exposé en ces termes: «Je n’aime pas l’injustice». Quand j’ai pris la parole pour expliquer la régularité de la procédure qui lui était appliquée, j’ai commencé par dire: « Honorable, vous n’aimez pas l’injustice. Quand il s’agit d’injustice je n’utilise pas le verbe aimer mais je la flétris et l’abhorre…» Vous m’avez interrompis et naturellement l’honorable député-maire ne pouvait pas comprendre. Je ne peux pas cautionner l’injustice et d’où qu’elle vienne.

Le débat sur ma mutation a tourné autour de preuves et d’argumentaire technique jusqu’au jour où cet irresponsable (l’appellation est atténuée) répondant au nom de Waly Ndiaye et à qui on a fait porter ce fardeau d’insanités qu’il débite de toute part se hasarda à y évoquer… satan et Dieu. En insultant ces braves Messieurs, Inspecteurs et Contrôleurs du travail, tous issus d’un corps d’élite. J’ai appelé le doyen Ibrahima Samb pour lui demander d’ignorer royalement ce torchon, une pseudo-réponse, sur laquelle on s’est échiné collectivement, à sa belle contribution d’ordre technique. Les désarmés n’ont que l’insulte à la bouche.

Qui mieux que moi peut parler de Dieu dans cette affaire ?

Un croyant peut-il demander le licenciement de travailleurs qui n’ont rien fait ?

Qui mieux que moi peut parler de Dieu dans cette affaire ?

Toute cette histoire n’est qu’une manœuvre perfide et « la manœuvre perfide n’enveloppe que ses propres auteurs » (Coran). Au lieu de vous entourer de techniciens pour réussir votre mission, vous avez préféré une cour de flagorneurs opportunistes à souhait qui se faisait un point d’honneur de me combattre pour me faire quitter. Mission réussie et bravo, mais vont-ils survire à mon départ ? On poussa le ridicule jusqu’à me proposer quelque planque alors que les postes qui me revenaient de droit étaient donnés aux autres et tout ce qui pouvait me profiter systématiquement bloqué.

Ces veules comploteurs vous ont amené à vous en prendre frontalement à mon innocence au mépris de l’intérêt majeur et suprême du Sénégal et du coup, vous avez pris la décision dont l’amer regret vous consumera à vie.

« Ceux qui sont venus avec le mensonge sont un groupe d’entre vous. Ne pensez pas que c’est un mal pour vous, mais plutôt, c’est un bien pour vous. A chacun d’eux ce qu’il s’est acquis comme péché. Celui d’entre eux qui s’est chargé de la plus grande part aura un énorme châtiment». (An-Nuur, v. 11)

Qui mieux que moi peut parler de Dieu dans cette affaire ?

Monsieur le ministre, Dieu qui est avec moi (Exalté soit-Il) et qui flétrit par-dessus tout l’injustice, m’a appris depuis le 06 décembre 2015 que vous êtes relevé de vos fonctions de ministre du Travail.

Je vous prie de bien vouloir accepter à l’avance ma casquette d’inspecteur en guise de souvenir d’une collaboration alambiquée.

Mouhamed M. LOUM