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Niger: vives inquiétudes après l'attaque d'une garnison à Inates

Rédigé par leral.net le Jeudi 12 Décembre 2019 à 11:27 | | 0 commentaire(s)|

Au Niger, le pays est sous le choc après l’attaque terroriste contre le poste militaire d’Inates ce mardi soir dans l’ouest du pays, près de la frontière avec le Mali. Le bilan est lourd : 71 militaires tués, 12 blessés, et des disparus.


Cette attaque est la plus meurtrière depuis le début de l'offensive jihadiste au Niger, il y a près de cinq ans. En juillet, 18 soldats nigériens sont morts lors d’une attaque sur ce même poste militaire. Avant cette dernière, une embuscade avait coûté la vie à 28 soldats nigériens, en mai dernier, dans une zone voisine.

Recrudescence des attaques

« Nous sommes particulièrement inquiets parce que le bilan est très lourd et ça montre que la menace est quand même assez proche, y compris dans notre capitale parce que Inates, c’est à moins de 300 km de Niamey », réagit Moussa Tchangari, secrétaire général de l'association Alternative Espaces Citoyens.

Les Nigériens sont inquiets face à la recrudescence de ces attaques. « C’est la énième attaque qui fait des victimes dans les rangs de l’armée, donc nous sommes de tout cœur avec les forces de défense et de sécurité, avec les familles des victimes », poursuit-il.

Selon le secrétaire général de l'association Alternative Espaces, « il faut s’interroger sur la façon dont nos forces sont gérées, et tout ça, ça démontre quand même des faiblesses, y compris dans la gestion et nous estimons que des chocs militaires doivent rendre compte sur la situation telle qu’elle est en train de se passer, aussi bien à Tillabéri que dans la région de Diffa. C’est quand même assez grave donc on est vraiment totalement indigné, et nous sommes sous le choc ».

« Mettre fin à ces assassinats »

L'attaque interpelle les Nigériens. « Aujourd’hui cette hécatombe interpelle tous les Nigériens. Cela implique et nécessite que nous nous retrouvons tous pour débattre cette question. À l’évidence aujourd’hui on ne va pas polémiquer, ni faire de politique politicienne, c’est un moment de recueillement, ce que nous souhaitons c’est que nous puissions trouver les formules les mieux adaptées pour assurer la sécurité des Nigériens et de leurs biens », explique Omar Tchiana l’ancien ministre d’État, passé dans l’opposition.

« Les attaques se multiplient et sont tous azimuts. Cela implique et nécessite réellement que les Nigériens se retrouvent pour trouver les meilleures formules pour mettre fin à ces assassinats que le Niger n’a jamais connu et qui sont inédits. Maintenant est-ce que les moyens de combattre sont les bons ? Assurément non. Nous avons toujours eu des militaires aguerris, courageux, je pense que le problème de moyens se pose véritablement, est-ce qu’ils ont les moyens nécessaires pour combattre ces terroristes ? Je pense que non », analyse Omar Tchiana, président de l’Alliance des mouvements pour l’émergence du Niger.

Un dispositif sécuritaire bien structuré

« On a des forces armées, à mon avis, qui sont déployées sur de très nombreux fronts, non seulement à la frontière avec le Mali, mais également sur le reste du territoire et en particulier du côté de Diffa, dans le quart du bassin du lac Tchad », relève quant à elle, Niagalé Bagayoko, chercheuse à l’African Security Sector Network.

Le Niger dispose d'un dispositif sécuritaire très bien structuré selon la chercheuse. « Mais ces forces, elles ne sont pas non plus uniquement déployées à titre national. Le Niger fait également un effort à titre multilatéral, multinational, avec des forces qui contribues au G5 Sahel pour patrouiller le long des frontières ».

« Il y a eu une contribution du Niger également dans le cadre de la force multinationale mixte mise en place par la Communauté du bassin du lac Tchad pour lutter contre Boko Haram, donc je pense que ce qu’il se passe c’est qu’on se trouve face à un ennemi dont les capacités sont indéniables parce que c’est un adversaire qui est furtif, qui est mouvant, et qui est surtout impossible à réduire à une unique catégorie, et sur un territoire bien entendu absolument immense », analyse Niagalé Bagayoko.
RFI