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Obtention du titre d’asile: L’autre pénible traversée des migrants

Dans un rapport accablant, Amnesty international dénonce les conditions d’accueil et d’accès à la demande d’asile dans les Canaries. Saturation des hébergements, manque de protection des mineurs non accompagnés et personnes vulnérables... Le tout, dans un contexte où le nombre d’arrivées a implosé en 2020, avant de connaître une légère baisse en 2021.


Rédigé par leral.net le Jeudi 23 Décembre 2021 à 08:57 | | 0 commentaire(s)|

Obtention du titre d’asile: L’autre pénible traversée des migrants
Pour des centaines de jeunes sénégalais, éblouis par la lumière de l’Europe, les îles Canaries sont souvent le point de chute après avoir échappé à la mort. Amnesty international a publié ce 17 décembre, un sévère rapport sur le système d’asile dans les Canaries, intitulé «Un an d’analyse, dix ans d’échecs des politiques migratoires».

Il détaille les obstacles à l’accès au droit d’asile dans l’archipel espagnol, ainsi que le manque de protection des plus vulnérables. Et, il est accablant. En 2020, l’Espagne a reçu 88 826 demandes d‘asile. Or, seulement près de 3000 demandes ont été enregistrées dans les îles Canaries, soit 4,4 %.

En cause ? «L’absence d’accès à l’information, à une assistance administrative et à l’interprétariat, ainsi que les délais et obstacles pour formaliser les demandes d’asile dans les îles», déroule l’Ong.

Entre avril et octobre 2021, la «quasi-totalité des personnes», avec lesquelles les observateurs d’Amnesty international se sont entretenus, n’avaient jamais été informées de leurs droits au sein du Centre de séjour provisoire pour étrangers (Cate). Quant aux délais, il peut se dérouler plus d’un an d’attente avant de décrocher un premier entretien, dans le cadre de la demande d’asile.

Ces lacunes ont des conséquences pour les plus vulnérables, en particulier les mineurs non-accompagnés (Mna). Manque de protection des Mna et personnes vulnérables. Selon Eurostat, en 2020, seules 45 demandes d’asile pour mineurs non-accompagnés ont été traitées par l’Administration espagnole. Or, pas moins de «300 mineurs nécessitant une protection internationale, ont été comptabilisés par la Direction de la protection de l’enfance des Canaries» en 2021, compare Amnesty international.

Toujours selon le rapport, le «manque de coordination et de protocoles communs entre les administrations» du système d’asile aux Canaries, complique l’identification des diverses formes de vulnérabilité.

B.S, un Sénégalais de 29 ans ayant fui des persécutions subies en raison de son orientation sexuelle, raconte avoir été placé à l’hôtel, puis au grand campement de Las Canteras en février 2021.

«Là-bas, j’ai eu beaucoup de problèmes. Je ne veux pas les raconter, mais j’ai subi des menaces...», raconte-t-il dans ce rapport exploité par infomigrants.net. Les personnes victimes de réseaux de traite et/ou victimes de violences sexuelles avant ou pendant leur parcours d’exil, sont également peu prises en charge.

Fatima, une Marocaine de 31 ans, est arrivée enceinte dans l’archipel, à la suite d’un viol subi dans son pays. La jeune femme a en plus été rejetée par ses proches, après cette agression. «Quand je suis arrivée à Grande Canarie, j’ai raconté ce qui m’était arrivé. Mais, personne ne m’a aidée», témoigne-t-elle auprès d’Amnesty international. Elle assure n’avoir jamais reçu d’accompagnement psychologique. «Il y a des nuits où je ne peux pas dormir. Le pire, c’est l’incertitude.»

Les confidences d’un Sénégalais

Les lacunes de protection de ces personnes vulnérables s’inscrivent aussi dans un manque structurel de places d’hébergement. Amnesty international appelle donc le gouvernement central espagnol à mettre en place de nouveaux «mécanismes, afin de partager la responsabilité de l’accueil entre les différentes communautés autonomes, dès lors que l’une d’entre elles manque de ressources suffisantes, en cas d’augmentation des arrivées».

Le Plan Canaries, déployé en 2020 face aux arrivées importantes, avait permis la création de 7000 nouvelles places d’hébergement. Mais, certaines îles sont restées en dehors de ces nouveaux moyens, notamment El Hierro et Lanzarote. A El Hierro, «il n’existe pas non plus de possibilité de solliciter une protection internationale», souligne Amnesty international.

Les autorités espagnoles ont fait le constat de ce déséquilibre, en recevant les pré-conclusions du rapport d’Amnesty international. Le 13 décembre, le ministère de l’Inclusion, de la sécurité sociale et des migrations a promis une révision, «dans les prochaines semaines», du Plan Canaries. Celui-ci devrait être davantage étendu aux territoires les plus démunis de l’archipel







Le Quotidien