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Oumar Tamba, oncle de Kukoï : « Il leur avait dit que la chaleur du Mali était fatale à sa santé »

Finies les tracasseries qui ont émaillé l’enterrement de son neveu Koukoi Samba Sanyang, le vieux Oumar Tamba peut maintenant recevoir dans la cour de sa maison les condoléances. Fatigué, il consent néanmoins à raconter sa part de vérité dans cette histoire. Le voile se lève sur les derniers instants de la vie de Koukoi.


Rédigé par leral.net le Mardi 25 Juin 2013 à 09:49 | | 0 commentaire(s)|

Oumar Tamba, oncle de Kukoï : « Il leur avait dit que la chaleur du Mali était fatale à sa santé »
Comment avez-vous vécu l’expulsion de votre neveu vers le Mali ?

C’est le gouvernement qui avait décidé de le renvoyer vers le Mali. On n’y pouvait rien. Quand il a été expulsé, il est décédé peu de temps après. Il était malade et c’est cette maladie qui l’avait obligé à venir ici au Sénégal.

De quoi souffrait-il ?

A l’hôpital, les médecins n’ont pas dit de quelle maladie il souffrait. Finalement nous avons dû recourir à la médecine traditionnelle pour le soigner jusqu’à ce qu’on nous l’arrache.

Cette médecine traditionnelle avait-il commencé à faire des résultats probants ?

Oui. Il avait du mieux. Il recouvrait la santé petit à petit. Les résultats étaient satisfaisants. On s’était rendu compte que la médecine moderne n’y pouvait pas grand-chose. Quand les autorités sont venues le prendre, je n’étais pas là. J’étais en voyage à Ziguinchor. C’est de là que j’ai été informé de son expulsion. On m’a appelé pour me dire que Docteur Koukoi venait d’être expulsé parce que le gouvernement affirmait qu’il n’était pas un Sénégalais.

Il se dit que Kukoi leur a fait remarquer que son état de santé ne lui permettait pas de vivre dans un pays comme le Mali où il fait très chaud.

Oui, il leur a dit qu’il n’était venu ici que pour se soigner. Mais, on lui a opposé un niet catégorique. Quand je l’ai eu au téléphone, il m’a raconté qu’il leur avait clairement dit qu’il n’était au Sénégal que pour se soigner. Sa maladie n’était pas conciliable avec le climat d’un pays aussi chaud que le Mali. Ils ont passé outre et il en est mort.

Au Mali comment évoluait son état de santé ?

15 jours après son départ d’ici, sa santé a recommencé à se dégrader. Cela l’a tué finalement. Entre son départ d’ici et la date de son décès, il y a juste deux mois.

Peut-on savoir la nature du mal qui le minait ?

C’est une maladie qui n’est curable que par la médecine africaine. On ne peut pas dire que c’est telle ou telle maladie. Les guérisseurs essayaient leurs remèdes et finalement il avait commencé à recouvrer la santé. C’est le fait de l'avoir chassé d’ici qui a engendré tout cela.

Mais le rapatriement de sa dépouille a posé problème jusqu’à ce que l’Etat sénégalais prenne la décision de le faire. Comment analysez-vous cela ?

Nous avons été très contents. Quels que soient nos sentiments aujourd’hui, nous devons reconnaître que l’Etat du Sénégal a beaucoup fait pour qu’on puisse entrer en possession du corps. S’il ne l’avait pas fait, nous serions dans de beaux draps.

Mais cela sonne aussi comme une contradiction parce que c’est ce même Etat qui l’avait expulsé de son territoire avant de rapatrier son corps…

Sûrement, ils se sont rendu compte de leur erreur et se sont rattrapés. Le Sénégal est un pays de téranga et il n’y a pas sur terre une personne qui ne se trompe jamais. Ils ont réalisé qu’ils devaient rapatrier le corps et ils l’ont fait.

Ils ont toujours affirmé que Koukoi n’était pas Sénégalais alors que vous qui êtes ses parents soutenez le contraire

Je ne voulais pas répondre à cette question avant d’avoir enterré mon neveu. Maintenant que c’est chose faite, si l’Etat ou les journalistes veulent savoir si Koukoi est Sénégalais ou pas, qu’ils me posent la question. Je suis prêt à y répondre. Je développerai mes arguments.

Quels sont vos arguments ?

Il est né ici. Je connais son lieu de naissance, là où il a fait ses humanités, là où il a été à l’université au Sénégal. J’ai toutes ces informations dans ma tête.

Racontez-nous.

Aujourd’hui, je suis pris. J’ai beaucoup d’invités et je dois m’occuper d’eux, mais une autre fois, je vous parlerai de tout cela. Je suis ouvert à un débat pour prouver la nationalité sénégalaise de Koukoi.

Il a laissé combien d’enfants ?

Ses deux enfants sont ici. Koukoi, jusque dans sa dernière demeure, a été assisté de ses proches. Certains sont venus du Liberia.