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Oumou Sow, chanteuse-danseuse: « L’argent d’abord, un mari après »

Oumou Sow a donné une dimension moderne à la danse au Sénégal. Mieux, elle forme plusieurs jeunes filles passionnées par cet art aux multiples préjugés. Elle se réjouit aujourd’hui que les gens commencent à comprendre que la danse est un métier qui peut nourrir son homme. Si ses premières amazones ont trouvé des époux, Oumou Sow prend son temps. Elle veut avant tout se faire une assise financière avant de se marier.


Rédigé par leral.net le Samedi 21 Février 2009 à 14:01 | | 0 commentaire(s)|

Oumou Sow, chanteuse-danseuse: « L’argent d’abord, un mari après »
La danseuse Oumou Sow n’est une pas une inconnue dans son coin de la Médina, non loin du bureau de la Senelec de ce quartier. « Elle habite au 3e étage de ce immeuble », nous oriente le jeune garçon. La preuve qu’elle ne passe pas inaperçue. Cette dame a de la cote dans ce quartier où les anciens édifices résistent à l’épreuve du temps et où des immeubles modernes prennent de l’espace. Toutes les sorties d’Oumou Sow sont suivies de près. Elle trouve souvent à son retour d’une émission un attroupement chez elle. Au 3e étage, elle est là, dans son salon, à papoter avec tout le monde. Elle se laisse emporter par les plaisanteries de sa petite sœur et d’un autre garçon qui ne cesse de l’agacer. Sa petite sœur Ndèye Yacine Sow lui lance : « Ah ! Oumou, c’est temps ci, vous avez pris du poids et vous êtes très belle ». Le charme se dégage sa parure. Mais Oumou est insatisfaite. « Aujourd’hui, je ne me suis pas encore maquillée », dit-elle tout en ajutant sa chevelure. Oumou Sow affectionne les belles choses. Elle aime porter des habits et des effets qui attirent les regards. Elle y met les moyens pour se rendre belle. Ses bagues aux doigts, ses boucles d’oreilles s’échangent très chers. Ce goût du beau est aussi affiché dans son salon. C’est aussi le signe qu’elle vit de son art. « Je remercie le Bon Dieu. Grâce à la danse, je parviens à régler mes problèmes et ceux de ma famille », dit-elle. Ce n’est pas des propos de circonstance. C’est sa petite sœur qui fait le témoignage. « Tout ce qu’elle gagne, elle le partage avec les membres de sa famille. Elle s’occupe bien de ses frères, tantes, et parents. C’est le lieu de la remercier », soutient, Ndèye Yacine Sow très enthousiaste.

La discipline, une culture chez les Amazones

Révélée au public depuis quelques années, Oumou Sow avait fait de la réussite dans la danse une fin en soi. Elle a fait fi de tous les préjugés dans ce métier pour se tailler une place de choix dans le monde la culture et replacer la danse au centre de la promotion de la musique. « Aujourd’hui, un artiste quelque soit sa renommée, a besoin des danseurs ou des danseuses pour faire un bon concert. Les danseuses ont un rôle clé dans la réussite d’un concert », soutient-t-elle. Oumou et ses vingt-cinq amazones ne s’engagent à pas faire des clips pieds et mains liés. Elles conçoivent elles mêmes leurs chorégraphies. « Je refuse qu’on m’impose la manière de danser. D’ailleurs, la plupart des artistes nous laissent dérouler notre chorégraphie. L’essentiel, pour moi, c’est de faire ressortir le thème de la chanson dans nos mouvements », confie la chanteuse. Oumou Sow n’est pas venue dans la danse à pied levé. Elle a été formée à la bonne école. Elle a fait le Ballet Africa, le Ballet Saly Djiba, le Ballet Issa Sow, le Ballet les Inconnus de Fass. Après ce temps d’apprentissage, cette fille née il y a bientôt vingt neuf ans à Amitié II, prend le risque de voler de ses propres ailes. Tant mieux. Aujourd’hui, son nom est associé à la danse. Mieux, elle forme des filles qui nourrissent l’ambition de faire carrière dans la danse. Les critères pour intégrer l’école d’Oumou sont clairs. « La première condition pour devenir Amazones, il faut d’abord aimer la danse. En plus, les filles ne doivent pas fumer. Elles doivent rentrer chez-elle tout juste après la fin des répétions ou des spectacles. Une éducation de base est exigée. Aujourd’hui, ce sont les parents qui m’amènent leurs filles », révèle la chanteuse qui a porté les Amazones sur les fonts baptismaux le 14 mars 2003.

L’assise financière avant le mariage

La chance a souri aux premières amazones. Certaines d’entre elles propulsées au devant de la scène au gré des tournées européennes, ont trouvé des époux, en Italie, d’autres en Espagne, aux Etats-Unis. Mais pourquoi Oumou Sow traîne encore le pas pour se marier ? La réponse est sans appel. « Avant de me marier, j’aimerais avoir une assise financière. J’aimerais apporter une contribution dans les dépenses de la famille. Je ne veux pas laisser l’époux tout faire. Aujourd’hui, si une femme veut que son époux la respecte, elle doit prendre en charge certaines dépenses », explique ce talibé mouride. Le mariage n’est pas donc à l’ordre du jour pour la belle toucouleur qui consacre son temps aux répétitions et à la préparation de son prochain album. Elle a réussi à faire la transition entre la danse et la chanson. Elle aimerait aussi marquer de son empreinte la scène musicale. Elle a développé un concept de promotion d’album qui a porté ses fruits et qui risque de faire tâche d’huile. « Après la sortie de mon premier album, j’ai pris un camion avec la sonorisation, pour faire le tour des villes pour la faire la promotion. Lors de ces séances, nous avons vendu beaucoup d’exemplaires. Le premier tirage de 1000 exemplairs est épuisé. Il en est de même du second tirage de 1000 casettes. Nous avons vendu lors du dernier tirage 2500 cassettes », révèle l’artiste. Elle a plus de coudées franches depuis la sortie de son produit. Parce qu’elle puise dans son répertoire pour bercer ou tenir en haleine le public dans les boîtes de nuit ou lors de ses tournées. Mais il y a de réelles motivations qui ont conduit Oumou à allier la danse à la chanson. « La danse c’est pour un temps éphémère. Lorsqu’on prend un certain âge, on ne peut pas danser. C’est pour cela que j’ai fait de la musique pour continuer à plaire à mes fans », explique cette dame qui fait montre d’une connaissance des affaires dans le monde du Show-biz. Au juste, dans ce milieu, son conseiller, c’est le lead-vocal du groupe « Raam-dann », Thione Ballogo Seck. « C’est Thione Seck qui est la première personne à m’amener en tournée internationale. C’est lui qui m’a révélée au public. C’est lui mon conseiller. Je ne peux pas le payer », dit-elle d’un ton sincère.

Oumou déteste l’ingratitude. C’est peut-être pour cela qu’elle critique certaines vedettes de la musique qui ne viennent pas aux anniversaires de son groupe. « Je pense que certains artistes doivent être reconnaissants à l’égard des danseuses. Lorsqu’ils commençaient, nous leur avions fait des chorégraphies ; actuellement, qu’ils se sont fait un nom ils ne viennent pas assister aux anniversaires des troupes de danses », regrette aujourd’hui Oumou Sow.

Idrissa Sané
Source Le Soleil

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