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Ouste, au lit ! Pour les neurologistes, le manque de sommeil est une crise de santé publique

Rédigé par leral.net le Mardi 29 Janvier 2019 à 14:26 | | 0 commentaire(s)|

Dans le tumulte de la vie moderne, le sommeil apparaît presque... superflu ! Nuit après nuit, nous escamotons notre repos au profit de tâches plus « urgentes », comme répondre à des mails, envoyer des salves de sms, consulter ses réseaux, enchaîner les séries... La veille sur écran et la pollution visuelle gardent nos yeux grands ouverts.

Or les scientifiques alertent une nouvelle donne : le manque de sommeil est une crise de santé publique croissante qui mérite autant d'attention que l'épidémie d'obésité. Parmi ces voix, on trouve notamment celle du professeur en neurobiologie de l’université de Berkeley, Matthew Walker et du Français Damien Léger qui dirige le Centre du sommeil de l'Hôtel-Dieu à Paris.

Sincere and reverent thanks to the @FinancialTimes for taking a risk on public sleep advocacy: Sleep expert Matthew Walker on the secret to a good night’s rest https://t.co/uS0z4CYA0l
— Matt Walker (@sleepdiplomat) 11 janvier 2019


Dites-moi comment vous dormez...

Et je vous dirais comment vous allez... Les recherches sur le cerveau démontrent que le manque de sommeil a une implication directe sur nos fonctions cognitives et psychologiques. En consultation, les médecins mesurent la pression et le poids, mais beaucoup ne demandent jamais aux patients comment ils dorment. Grossière erreur... Pendant notre sommeil, notre cerveau s’active : élimine ses toxines, trie nos souvenirs complexes et ses cellules se régénèrent. Un mécanisme parfaitement rôdé depuis la préhistoire.

«Quand vous dormez, vous ne trouvez pas de nourriture, pas de partenaire. Pire encore, vous êtes vulnérable à la prédation. S'il y avait une chance de réduire de 10 à 20% de ce temps de sommeil, la Nature l'aurait éliminé par le processus d'évolution» », explique Matthew Walker dans son livre «Pourquoi nous dormons».

Reste qu’aujourd’hui, nous abîmons nous-mêmes ce temps de repos. En France, environ une personne sur trois fait face à des troubles du sommeil (insomnie, apnée du sommeil, hypersomnie, narcolepsie…) et nos nuits ont rétréci d’une heure et demie en cinquante ans, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. 7 000 personnes consultent chaque année au sein du Centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu à Paris. 2 000 y sont hospitalisées.

«Avant, il était populaire pour les gens de dire : ‘Je dormirai quand je serai mort. L'ironie, c'est que ne pas dormir suffisamment, peut vous y amener plus tôt ! », relève Daniel Buysse, professeur de médecine du sommeil à l'Université de Pittsburgh.

Plus de siestes !

Le manque de repos pourrait augmenter le risque de développer la maladie d’Alzheimer et de tomber en dépression. A tout âge, il joue aussi sur la qualité de la mémoire. Les petits qui ont appris à jouer à des jeux de mémoire, obtiennent de meilleurs résultats après une sieste que s'ils avaient été maintenus éveillés. Cet été, les chercheuses américaines Tracy Riggins et Rebecca Spencer ont découvert que la sieste aidait à renforcer des souvenirs émotionnels complexes, mais seulement lorsqu'elle était combinée à une nuit de sommeil réparateur.

Des cours qui commencent moins tôt

La recherche est en train de changer la politique dans certains domaines, comme l’école, où il est envisagé de repousser l’heure de début des cours afin de correspondre aux cycles de sommeil des adolescents.

Si le sommeil est « un fournisseur de bonne santé », la recherche se concentre sur son amélioration comme thérapie. Actuellement un gros coup de projecteur se pose sur le bruit rose. Un son avec des fréquences allant de 20 hertz à 20 000 hertz, qui améliore réellement la phase de sommeil profond. Le bruit d’un torrent ou d’une cascade est celui qui se rapproche au mieux d'un bruit rose. Dormir avec ce son aqueux pourrait apaiser bien des nuits agitées !

Somnologue, un métier en plein essor

L’intérêt croissant pour le sommeil se joue aussi en dehors du laboratoire. Le salon National Sleep Foundation, qui se tiendra à Houston en mars, accueillera 200 marques et entreprises et devrait attirer 10 000 consommateurs. Il proposera une large gamme de produits technologiques, y compris des matelas et des dispositifs de suivi du sommeil. une énorme manifestation qui montre que les somnologues ont le vent en poupe !

« La qualité des signaux est comparable à celle d’un enregistrement #polysomnographique standard", Damien Léger, chef du centre du #sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu (Paris)https://t.co/tgNxfiHJH1
— Dreem (@dreem_official) 17 novembre 2017







Le Parisien