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POINT DE VUE SUR LA RECRUDESCENCE DE LA CRIMINALITE ET L’APPLICATION DE LA PEINE DE MORT.

Rédigé par leral.net le Lundi 18 Novembre 2013 à 10:37 | | 0 commentaire(s)|

On ne saurait contester, que le problème le plus préoccupant pour l’humanité toute entière à l’heure actuelle, c’est la recrudescence de la criminalité. Dans notre pays, comme partout ailleurs, elle vient de prendre une nouvelle dimension qui inquiète à plus d’un titre.


Il est clair qu’au-delà des statistiques qui du reste n’offrent que des indications théoriques susceptibles d’erreurs pour la simple raison qu’il y’a des cas peut-être qui échappent à la comptabilité des services de police, personne ne conteste, qu’en dépit de tous les moyens de répression mis en œuvre depuis des siècles, la population délinquante a atteint un pourcentage très élevé qui dépasse toutes les estimations et s’accroit de plus en plus, sans dénombrer bien entendu ces marginaux qui sont nés vers les années 1990 avant de grandir sans encadrement parce que dépourvu de noyau familial dans les différentes artères de Dakar Plateau (Pompidou, environs mosquée rue Carnot, les ravins des plages et autres).
C’est donc toute la communauté qui est interpellée, d’où la nécessité pour notre pays d’accorder une importance particulière à ce fléau qui, si on ne prend garde risque d’atteindre davantage des proportions aux conséquences désastreuses à tout point de vue.
Sous ce rapport je considère que c’est un devoir auquel je ne saurai me dérober en apportant ma modeste contribution, eu égard à la petite expérience acquise dans ce domaine.
 En ce qui concerne notre pays le Sénégal, qu’est- ce qui pourrait être à l’origine de ce fait inédit qui engendre cette violence inouïe et inhabituelle chez nous, comparé à ce qui se passait il y’a juste une décennie ?
 Quelles solutions durables peut-on envisager pour faire face à ce fléau qui gangrène notre société ?
Tels sont les chapitres que nous allons tenter de développer pour jouer notre partition, partant contribuer à apporter des pistes de réflexion sur ce sujet phénoménal.
Il faut d’abord avouer que le problème de la criminalité a toujours demeuré une préoccupation pour l’humanité toute entière. Le vingtième siècle ne sait pas fait faute de les multiplier avec des mouvements politiques de masse, des bouleversements gigantesques tant sociaux, industriels qu’économiques, autant de phénomènes qui ont contribué à engendrer des facteurs endogènes ou exogènes chez certains individus au point de les déshumaniser et de les amener parfois à se livrer à des actes inqualifiables que rien ne justifie.
Une forme de rébellion disait le Docteur LINDNER un consultant psycho-physiologiste dans une administration pénitentiaire américaine qui avait tenté de cerner l’origine du mal en 1954 dans un ouvrage, en donnant l’explication suivante.
« « L’homme extérieurement contraint de se conformer et intérieurement forcé à se rebeller s’en tire avec un compromis. Il se révolte alors dans les limites où le permet l’ordre social qui l’entoure. Poursuivant, il ajoute, que tout dans notre société requiert le conformisme, l’adaptation, la soumission (religion, éducation, œuvres sociales, philosophie, distraction, pédiatrie). Tout concourt à inculquer que le salut de l’individu et de la société dépend en grande partie du conformisme et de l’adaptation. Prisonniers ou victimes de nos erreurs voire de nos illusions, nos rejetons se sont bornés à faire un pas de plus sur la brèche laissée ouverte par la société où ils évoluent » ».
Qu’on soit d’accord ou non avec cet éminent spécialiste, il faut admettre que le comportement du criminel n’est pas une fin en soi : il n’est que l’expression d’une insatisfaction, pour la plus part associée avec le climat social et politique de notre époque, variant d’un sujet à un autre en fonction de l’environnement dans lequel il évolue et de sa propre personnalité.
D’où l’impérieuse nécessite d’étudier le fléau dans son véritable contexte en vue de trouver des solutions idoines à moyen et à long terme.
Il ne s’agit pas de vouloir défendre ces sujets mis en cause dans une affaire criminelle ou de justifier leur forfait. Mais de mon point de vue, le comportement criminel doit être analysé sous différents aspects pour mieux envisager les moyens à mettre en œuvre pour faire infléchir la courbe. Un facteur fondamental dans le domaine de cette étude mérite d’être pris en compte pour orienter les investigations dans ce domaine.
Il s’agit du mobile ayant entrainé l’acte criminel (souvent très difficile à déterminer ce ne sont pas ceux qui ont exercé le métier de Directeur d’enquête qui me démentiront).
Il existe plusieurs types de catégories de criminels :
- Les passionnels - Les professionnels - Les accidentels – Voire les criminels par perversion sexuelle.
Il faut le déplorer à juste titre, mais la plupart des jeunes d’aujourd’hui, souffrent d’une perte de crise des valeurs, j’allais dire, d’une très grave maladie mentale collective (port indécent d’effets vestimentaires – comportement inélégant vis-à-vis de l’autre – langage ordurier – impulsivité etc.) Certes toutes les générations s’épouvantent de la mentalité de celle qui les suit et pour cette raison même on pouvait ne pas attacher une importance particulière à ce type de comportements nouveaux. Mais pour le cas d’espèce, il ne s’agit plus de problème générationnel. Le fait est inédit du moins dans l’historique de notre nation. On n’a l’impression de vivre une épidémie qui affecte toute l’humanité et qui malheureusement vient de s’installer chez nous avec tout ce cela comporte comme conséquences.
Le père Kéba MBAYE confiait en 2006 entre autres recommandations avant de quitter ce bas monde ceci: « « FAITES ATTENTION NOUS SOMMES SUR LE CHEMIN D’UN MONDE SANS ETHIQUE » ». Moi je précise que nous y sommes déjà.
L’opinion ou du moins une partie par nature amnésique, a certainement tourné la page de l’histoire criminelle qui a secoué notre société, parce que n’étant point concernée. Qu’il me soit donc permis pour illustrer mon propos d’interroger le passé sur quelques sombres événements qui se sont succédés il y’a moins de deux années.
Qu’elle explication peut-on donner au geste crapuleux d’individus qui ont occasionné la mort d’un homme qui se promenait avec sa femme aux environs du stade Léopold Sédar SENGHOR la veille de l’Aïd-el-fitr 2012 ?
Cette agression a eu comme conséquence immédiate, la maman de la victime qui a rendu l’âme sous l’effet du choc, une vingtaine de jours plus tard.
Pourquoi Ibra DIOP a tué son frère ainé Dame DIOP à coups de couteau sous les yeux de leur propre mère dans la nuit du 21 au 22 août 2012 à Ouest Foire Dakar ?
A Keur Massar, la dame Rokhaya DIALLO reçoit trois coups de couteau et succombe à ses blessures au moment de regagner le foyer conjugal, après avoir rendu visite à sa mère malade dans la nuit du lundi 03 au mardi 04 septembre 2012. Selon toute vraisemblance ce crime odieux serait l’œuvre d’un criminel par perversion sexuelle qui aurait même récidivait après ce forfait avant d’être appréhendé (cf. OBS N° 2688/05.09.2012).
Pourtant en si peu de temps, des circonstances en ont provoqué d’autres événements analogues sinon plus graves, parce que justement la bonne solution tarde à venir.
C’est non sans surprise que j’ai relevé dans le site SENEWEB.COM, un article ainsi libellé « « Le Sénégal terrorisé par les agresseurs » », posté par un certain DIOP Saliou en date du jeudi 23 aout 2012 que je reproduis textuellement :
« « Le terrorisme au Sénégal et surtout à Dakar est le fait des agresseurs. En effet, il ne se passe pas un jour sans qu'une personne ne soit agressée. Désormais les agresseurs font régner la loi sous l'impuissance de l'Etat Sénégalais. Personne n'ose sortir après 21h ou après 19h dans certains quartiers de Dakar. Le mal est grandissant de jour en jour, il arrive même qu'ils agressent en plein jour. Il ne reste plus qu'aux agresseurs de défoncer la porte de nos maisons. Nous ne sommes plus en sécurité à Dakar. L'urgence est là: sonnette d'alarme !!!!
Certaines causes de la violence mortelle au Sénégal:
1) Abandon de l'éducation des enfants par les parents
2) Chômage grandissant des jeunes qui ne font qu'errer dans la rue
3) Multiplicité des bars : l'alcool (coule à flot 100 f) est quasiment accessible comme l'eau
4) Dégradation forte des mœurs et aucune crainte d'Allah de certains
5) Banalisation sexe, prostitution: la violence va de paire avec le sexe dans tous les pays
6) Abandon de la peine de mort: Grosse erreur de penser que c'est un avancement le fait d'abolir la peine de mort. Même quand tu massacres les gens, tu es juste mis à perpétuité au Sénégal, loger et bien nourri en prison.
7) La police ne fait plus son travail: elle ne travaille pas la nuit pour sécuriser les citoyens, heureusement, qu'elle commence à bouger un peu après la recrudescence des agressions. Il est temps que certains militaires qui ne font rien renforcent la police.
8) Impunité des agresseurs » ».
Bien entendu, les réactions n’ont pas manqué du coté de la société et cela se comprend. Déjà à travers les médias, beaucoup de gens s’accordent à croire que la lutte passe obligatoirement par une application de la loi du talion. Ils considèrent que le criminel reconnu coupable d’un acte criminel doit en conséquence subir la peine capitale. Un membre du Parlement envisage même de déposer dés mardi prochain 19 novembre 2013, une proposition de Loi tendant à faire revenir dans notre législation, la peine de mort.
Mais puisque la peine de mort est un sujet d’actualité, parlons-en. De mon point de vue, la peine de mort est très controversée notamment après la fin du 19° siècle.
Certains (partisans) soutiennent qu’elle est le moyen le plus sûr d’éliminer les criminels dangereux et incorrigibles. Mieux elle constitue un moyen exemplaire d’intimidation collective.
D’autres (adversaires) considèrent que la peine de mort est incompatible avec l’idée de civilisation parce qu’elle choque les sentiments humains. Qu’elle serait illégitime dans la mesure où le législateur n’ayant pas donné la vie, ne saurait s’arroger le droit de la retirer. Qu’elle est dangereuse parce qu’irréparable en cas d’erreur judiciaire souvent possible (cf. le dernier cas en date, l’affaire de l’exécution au mois de septembre 2011 de ce noir américain Troy Davis, 42 ans accusé d'avoir tué un policier blanc dans l'état de Géorgie, dans le sud-est des Etats-Unis en dépit d’une mobilisation internationale pour tenter d'éviter le pire. Jusqu'à l'extrême limite, ce condamné a clamé son innocence).
D’ailleurs il faut rappeler que la question dans notre pays était déjà tranchée. Puisque le Chef de l’Etat sortant Abdoulaye WADE a fait supprimer la peine capitale de notre législation par le parlement après avoir simplement annoncé sa volonté d’y mettre un terme dés son retour à Dakar alors qu’il se trouvait à l’étranger, sans même un débat très sérieux autour de cette question problématique à plus d’un titre.
A d’autres niveaux certains préconisent, faute d’application de la peine de mort, de prévoir des sanctions plus sévères, de renforcer les effectifs des services de répression et de mettre en œuvre le concept de police de proximité. Mais ceux-là aussi devraient s’interroger sur le taux de criminalité jugé très faible dans des zones de certains terroirs pourtant dépourvues d’unités de Gendarmerie encore moins de police pouvant appliquer, la police de proximité ?
Sous ce rapport, ma conviction qui d’ailleurs n’engage que moi est que, la solution pour freiner la recrudescence de la criminalité, est à rechercher sur un terrain beaucoup plus étendu que celui du domaine d’application de concept de la Police de proximité.
Naturellement, les pouvoirs publics ont l’obligation dans le cas d’espèce de prendre un certain nombre de mesures conservatoires qui vont dans le sens d’apaiser l’inquiétude des populations et de soulager leur désarroi (recrutement massif dans les services de Sécurité, Agence Nationale de Sécurité de Proximité etc..). Certes en renforçant de manière efficiente les moyens de lutte des services de sécurité et en faisant subir au personnel une formation technique appropriée pour lui permettre d’acquérir une stratégie plus adaptée en la matière pour pouvoir identifier les coupables de crimes et les traduire devant la justice, on pourrait dans le court terme limiter les dégâts. Je ne doute pas de l’efficacité de ces mesures qui sont de nature à faire reculer le phénomène, mais pour combien de temps ?
Ce qu’il faut surtout éviter, c’est de s’arrêter en si bon chemin au bout de quelques semaines d’efforts comme c’est souvent le cas en faisant croire à l’opinion que le problème est réglé en annonçant à travers les médiats la conclusion habituelle suivante « « LA PEUR A CHANGE DE CAMP » ».
En outre de mon point de vue, pour répondre à ceux qui proposent de renforcer les peines, si on se base sur l’adoption de la « «Loi LATIF GUEYE » » pour décourager les trafiquants de drogue et autres infractions sur les mœurs, les statistiques et les publications faites quotidiennement par la presse au cours de ces dernières années dans ce domaine sont révélatrices de l’inefficacité de cette mesure. D’ailleurs certains magistrats même préconisent de revenir sur la correctionnalisation de ces deux infractions.
Je voudrais aussi amener l’opinion de façon générale et en particulier appeler l’attention des pouvoirs étatiques, sur le fait que la lutte contre la criminalité ne saurait être exclusivement l’affaire des services de Police, du Tribunal ou de l’Administration pénitentiaire.
Autrement, la Police peut dire avec juste raison « « nous, on met en œuvre le concept de la police de proximité aux fins d’appréhender les criminels et de les déférer devant le Procureur au terme des délais impartis, notre responsabilité s’arrête là » ». Les juridictions de jugement peuvent dire à leur tour « « nous on condamne les coupables d’infractions, c’est cela notre responsabilité » » L’Administration pénitentiaire dira naturellement à sa décharge, « « notre seule responsabilité, c’est de veiller à ce que les condamnés payent leur dette vis-à-vis de la société en purgeant la peine infligée sous le contrôle du Ministère public. Peu importe que pour des problèmes d’ordre conjoncturel et l’engorgement des maisons de correction, nous empêchent d’appliquer correctement des dispositions prévues par le code de procédure pénale. Notamment dans ses articles 698 à 707 (Système progressif du régime privatif de liberté – l’orientation du travail pénitentiaire – l’Apprentissage à la liberté – le Rôle des visiteurs de prison) » ».
C’est exact que certains ne manqueront pas de s’interroger sur ce qu’il convient de faire au-delà de l’exécution des peines prononcées par les juridictions compétentes. Qu’ils comprennent, qu’à mon humble avis, autant les pouvoirs publics ont le droit d’arrêter les coupables de ces dérives pour les traduire devant la justice, autant ils ont le devoir de s’interroger sur les causes qui engendrent cette descente aux enfers lourdement préjudiciable à la stabilité de notre continent.
Je peux me tromper, mais l’expérience aidant, je pense que la réflexion devrait être poussée beaucoup plus loin aux fins de déterminer avec beaucoup plus de précisions, l’origine du mal et ce que l’on pourrait considérer comme une solution thérapeutique apte je dis bien, à infléchir la courbe, étant entendu qu’il s’avère pour le moment impossible d’annihiler ce fléau.
Entre autres solutions, au-delà de toutes les stratégies déjà mises en œuvre et c’est là ou je voudrais conclure, il est nécessaire que sous l’égide d’un Conseil interministériel, parents et organismes sociaux travaillent de concert avec l’aide des médias pour amener la jeunesse à une saine maturité. Ensuite l’hypothèse d’une Commission Nationale avec comme principales composantes des médecins, magistrats, parlementaires, sociologues, psychologues, psychiatres, officiers de police judiciaire et autres spécialistes en la matière, pour réfléchir sur cette question fondamentale, en tenant compte des générations futures, avant de soumettre leurs conclusions aux autorités compétentes, ne devrait pas être écartée sans quoi tout effort sera vain et la criminalité restera toujours d’actualité.
Les motifs ayant conduit à la mise en place de certaines Agences (OFNAC et autres) ne sont pas plus importants que les conséquences désastreuses qu’engendrent au quotidien la criminalité dans notre pays. Sans sécurité aucun Etat ne peut se développer.
Moi-même je l’avais pourtant préconisé mais hélas sans suite, dans un article publié dans le quotidien WAL FADRI au lendemain des événements des mouvements du 23 et 27 juin 2012 intitulé :
« « La situation nécessite que chaque Sénégalais considère comme reposant sur ses seules épaules le destin de notre pays » »
Cet article renfermait entre autres paragraphes ceci :
« «En effet, il va de soi que d’autres étapes non moins importantes resteront à franchir pour une paix durable, j’allais dire pour accroître la stabilité de notre pays, mais surtout pour plus de liberté et de progrès vers un développement économique majeur apte à la construction d’un avenir radieux au profit de notre nation toute entière.
Il ne fait pas de doute, que pour préserver nos valeurs morales et éthiques ou du moins ce qu’il en reste, pour juguler voire annihiler cette nouvelle forme de violence inédite, il est indispensable qu’au terme de ces compétitions électorales, qu’une large concertation sincère, désintéressée, fructueuse, basée sur des conditions que la société sénégalaise s’est toujours appuyée pour passer les ponts de l’histoire, puisse s’ouvrir entre les principaux concernés, mais en y associant bien sur des compétences en la matière, c’est bien possible encore d’y arriver, sinon tout effort sera vain. » ».
Encore une fois, Que mes compatriotes veuillent bien m’excuser s’il y a dans cette démarche quelque chose d’inopportune, mais je tenais simplement à jouer ma partition en tant que simple citoyen soucieux d’éviter à notre pays de se retrouver devant une situation que personne ne souhaite.



El Hadj Papa Cissé GUEYE
A/M Gendarmerie (er) COMICO N° 292
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