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Pape DIOUF, président de l'Olympique de Marseille : ‘ Les joueurs de 2002 ont fait leur temps’

Comme tous ses compatriotes, Pape Diouf, le président sénégalais de l’Olympique de Marseille, est déçu. L’élimination des ‘Lions’ de la suite des éliminatoires de la Can et du Mondial 2010, il l’a vécue en direct, depuis les gradins du stade Léopold Senghor. Faire Marseille-Dakar pour regarder jouer l’équipe nationale était devenu une habitude chez lui. Mais, il risque d’être sevré pendant au moins deux ans, le temps que le Sénégal sera privé de compétitions officielles internationales. Malgré tout, l’ancien reporter sportif et agent de joueurs ne pointe personne de l’index pour désigner un responsable de cet échec. Il invite à une analyse de la situation loin des passions. Surtout, il demande à tout le monde d’oublier 2002 et de fixer l’avenir pour une réussite de la reconstruction.


Rédigé par leral.net le Mardi 14 Octobre 2008 à 15:12 | | 0 commentaire(s)|

Pape DIOUF, président de l'Olympique de Marseille : ‘ Les joueurs de 2002 ont fait leur temps’
Wal Fadjri : Quelle analyse faites-vous de ce match, qui a débouché sur un nul et l’élimination du Sénégal de la course pour les éliminatoires de la Can et du Mondial 2010 ?

Pape Diouf : Il est très difficile d’assurer un résultat quand il s’agit d’un dernier match. On a vu une équipe du Sénégal très contractée. Une équipe qui avait du mal à élaborer son jeu, à le maîtriser et à le développer. Contrairement à l’équipe gambienne qui était plutôt très décontractée et très relâchée. Je dirai même que si cette équipe gambienne avait bien exploité certains coups qu’elle s’est procurés, le Sénégal allait subir une défaite très corsée ce soir. Aujourd’hui, ce n’est pas le vrai visage de l’équipe du Sénégal qu’on a vu. Mais plutôt une équipe très contractée et brouillonne dans son jeu. Il m’a semblé aussi qu’elle était sous l’emprise de l’enjeu qui était colossal pour elle. Ce n’est pas aujourd’hui que le Sénégal a perdu sa qualification. Dans ce genre de compétition, tous les terrains et tous les points sont importants. Il faut jouer tous les matches à fond. Que ce soit à domicile ou à l’extérieur, il ne faut laisser filer aucun point. Malheureusement, on a laissé filer trop de points, notamment lors du match aller contre le Liberia à Monrovia. Peut-être aussi que c’est en Algérie qu’on a perdu cette qualification.

Wal Fadjri : Au regard du jeu produit jusque-là, le Sénégal méritait-il mieux ?


Pape Diouf : Ce match contre la Gambie est assez spécial, qu’il est très difficile à analyser. Ce n’était pas un match classique. On a d’ailleurs senti beaucoup de tension au niveau du public. Cette même tension se reflétait sur le terrain. Ce genre de match peut se jouer contre l’équipe qui subit trop la pression. Et en l’occurrence, c’est l’équipe du Sénégal qui a vraiment subi la pression du fait de l’attente populaire. Du fait aussi qu’elle jouait sur son terrain. Consciente qu’elle était condamnée à battre ou disparaître, c’était un peu très difficile pour elle de garder la lucidité et la sérénité. Il lui fallait justement le soutien du public pour qu’elle aille au bout de l’effort. Malheureusement, j’ai été surpris de voir le public statique. J’ai été déçu de ne pas voir le public pousser son équipe au bout de l’effort. Le public n’a été là que quand le Sénégal a marqué. C’est le seul moment où l’on a senti sa présence. J’attendais un soutien beaucoup plus actif, beaucoup plus bruyant du public. Malheureusement, ce soutien n’est pas venu des gradins. C’est dommage. On a même parfois entendu des critiques, alors que le match continuait à se jouer. Ça se ressent. C’est ça la petite déception pour moi.

Wal Fadjri : N’a-t-il pas manqué des éléments comme Mamadou Niang, Souleymane Diawara qui sont les joueurs sénégalais les plus en vue dans le championnat français ?

Pape Diouf : Le temps n’est plus aux commentaires. Octroyons le droit à l’entraîneur de faire ce qu’il a envie ou ressenti. Après, chacun aura à répondre des responsabilités qui l’engagent. A partir du moment où l’entraîneur a fait une sélection qui semblait être la meilleure pour lui, à lui de répondre de ça. Maintenant, le commentaire que j’ai à faire sur la sélection, est plutôt neutre. Je suis un peu juge et partie. Je n’ai pas envie de parler de Mamadou Niang aujourd’hui. Nous avons juste pris acte de sa non-sélection. Ce n’est vraiment pas le moment des commentaires.

Wal Fadjri : Cette élimination du Sénégal signifie aussi la fin de la génération des joueurs de l’épopée de 2002. N’est-ce pas ?

Pape Diouf : On ne doit plus avoir l’esprit figé sur l’année 2002. Il faut savoir tourner la page de l’histoire pour redémarrer. On ne fait pas le football en pensant aux matches précédents. L’année 2002 a certes été une très belle épopée du football sénégalais, mais ça date du passé. Les joueurs de l’époque ont eu leur temps. Ils ont dignement représenté le Sénégal que ce soit à la Can ou en Coupe du monde. Et l’ensemble du peuple sénégalais leur en sera toujours reconnaissant. Mais, on ne va pas passer tout le temps à penser au passé. Le passé doit servir à mieux préparer le futur et non le contraire. Si nous continuons à trop penser à 2002, ce n’est pas pour demain qu’on rebâtira le football sénégalais.

Wal Fadjri : Quelle solution faut-il aujourd’hui pour rebâtir le football sénégalais ?

Pape Diouf : Le ministre des Sports et des Loisirs, Bacar Dia, a raison quand il dit qu’il faut d’abord réfléchir avant de poser tout acte. La réflexion est l’étape initiale, la première étape à poser avant d’entreprendre quoi que ce soit. Mais, c’est une première étape à entreprendre en sérénité, non pas dans la turbulence. Ceci ne règle rien. Au Sénégal, il y a beaucoup de gens de grande qualit. Je le dis toujours. Ce ne sont pas des mots de circonstance. Des gens qui connaissent le jeu et le football. Et ces derniers sont tout à fait à même d’aider à faire redémarrer les choses. Il est tout à fait temps de poser les jalons à même de redonner à notre football son allant et son élan.

Wal Fadjri : Deux ans sans compétitions internationales, n’est-ce pas trop pour une sélection nationale ?


Pape Diouf : C’est beaucoup. Mais ça peut-être aussi la période nécessaire pour rebâtir ce dont on a besoin pour redémarrer le football sénégalais. C’est un temps bien indiqué pour préparer une équipe en conséquence. Un temps largement suffisant à même de nous permettre d’avoir un suivi plus important de nos jeunes compatriotes qui évoluent à l’étranger. Ce sont de jeunes joueurs qui peuvent, dans un futur très proche, être retenus et intégrés dans la ‘Tanière’. Il faut réfléchir. Il faut élargir le débat. Mais de manière sereine. C’est surtout ce qui me semble plus important. Beaucoup parler, hurler comme des loups comme certains ne manqueront pas de le faire, ne réglera pas le problème du football sénégalais. Il faut plutôt discuter en sachant raison garder. La déception est générale. Nous sommes tous déçus de cette élimination du Sénégal. Il n’y a pas que le supporter de base de l’équipe qui est déçu. Que ce soit les joueurs et les responsables du football, tous sont autant déçus. La déception est bien générale. Mais, ce n’est pas en hurlant ou en se criant dessus qu’on va régler le problème.

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