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Pape FALL « Je n’ai jamais pensé devenir chanteur »

Le maestro Amadou FALL dit Pape FALL, grand « salsero» de son état, dit n’avoir jamais pensé être un chanteur de sa vie. Et pourtant des cubains lui ont même nié sa nationalité sénégalaise après avoir écouté un de ses albums, pensant que l’interprète était l’un des siens. Tellement que cet homme savait bien chanter la salsa. Mais selon lui il fallait tout simplement chercher les explications dans la langue mandingue qui est aussi parlé au Cuba, d’où peut-être la facilité des sénégalais à interpréter mieux que quiconque les textes cubains…


Rédigé par leral.net le Mercredi 10 Juin 2009 à 04:22 | | 0 commentaire(s)|

Pape FALL « Je n’ai jamais pensé devenir chanteur »
Dakar Musique : Pape FALL qu’est ce qui vous a amené à la musique ?

Je dois d’abord dire que je n’ai jamais pensé être chanteur de ma vie. Si je peux m’exprimer ainsi c’est par pur hasard que je me retrouve dans le milieu de la musique. En effet, je suis un lébou de Rufisque, et il n’y a rien qui présageait que je devienne un « salsero ». C’est un ensemble de concours de circonstances qui m’ont amené à chanter : lorsque j’étais en classe de quatrième (4ème) secondaire, Je côtoyais des voisins qui jouaient de la musique afro-cubaine avec des instruments fabriqués localement c'est-à-dire avec de vieux seaux, des pots de nescafés vides plus une guitare sèche et l’orchestre est en place. Alors j’ai aimé leur musique et je commençais à interpréter les textes espagnols que je traduisais en wolof avec l’aide de Mlle BOURGIE qui était étudiante en espagnol. Comme les Lébous sont de grands conservateurs, je limitai mon art à ma seule passion. Un jour cet orchestre dont je viens de vous parler avait été sélectionné pour une audition à l’université et il se trouvait que leur lead vocal était au travail car il était employé l’usine « Bata », ils m’ont proposé de venir le remplacer, chose que je ne pensai pas pouvoir faire, d’abord parce que je ne savais pas ce que je pourrai bien chanter mais également il y’avait ma famille. Ils m’ont répondu que j’allai chanter ce que je chante tout le temps au quartier, les textes que j’interprétai pour mon propre plaisir. J’ai donc accepté de leur rendre ce service et nous avions été retenus pour la finale. Et là je pouvais plus faire marche arrière car ne voulant pas les poser de tort, je peux donc dire que c’est ainsi que tout à vraiment commencer. La musique me prenait alors tout mon temps avec les répétitions, les prestations etc. J’ai intégré ensuite le groupe African Jazz qui appartenait à un gambien et qui est un ami de Laba Socé, puis la Jeunesse Band et en 1969 j’intègre le Jaaraf Champion. En 1976 j’intègre le Miami avec les Youssou NDOUR, Laba Socé, Mass SECK, Idrissa DIOP. Et c’est seulement en 1981 que j’ai formé mon premier groupe l’Africa Band. En 1995, j’adhère au groupe de Kassé Star d’Alioune KASSE.
Et c’est depuis 1996 que j’ai constitué le groupe African Salsa avec qui j’évolue jusqu’à présent.

Dakar Musique : Parlez nous à présent de votre groupe : l’ « African Salsa » ?
Comme je l’ai dit c’est un groupe que j’ai formé en 1996, nous avons quatre albums sur le marché et tous ont été produits par Tala DIAGNE. Nous avons fait des tournées en Europe notamment en Hollande, en Angleterre, en Amsterdam, et en Afrique surtout dans la sous région entre autre pays nous avons fait la Mauritanie, la Gambie, la Côte d’Ivoire et le Bénin.

Dakar Musique : C’est quoi la salsa et quel est son rapport avec le Sénégal ?
La salsa c’est toute une histoire, c’est une musique d’anciens d’esclaves qui a suivi la route du commerce triangulaire. En traduction littérale salsa veux dire « source » en français. Mais la vraie signification c’est qu’elle est tout simplement une musique afro-cubaine. Une musique cubaine donc avec une forte présence de sonorités africaine. La preuve c’est quand on visite les musées au Cuba on se rend compte de la présence de la langue manding dans ce pays, et c’est sans doute pourquoi les chanteurs sénégalais réussissent mieux la salsa. D’ailleurs les membres de l’Orquesta Aragon disent souvent que, s’ils viennent au Sénégal c’est avant tout pour se ressourcer. Et je me rappel un jour que le Ministre Cheikh Tidiane GADIO qui partait en mission à Cuba avait amené dans ses mallettes mes CD et ceux d’Omar SECK et les cubains après avoir écouté les disques ont eu du mal à croire que se sont des non cubains qui ont chanté ces morceaux. Ainsi nous les avons accueillis lorsqu’ils étaient à Dakar et ils nous ont invités à participer en 2001 au festival de Santiago.


Dakar Musique : Dans les années 2000, le Sénégal a vu l’avènement d’un autre genre musical tiré de la salsa, plus précisément le salsa-mbalax. Qu’est ce qui explique cela ?
En 1980, c’est le mbalax qui avait fait ombrage à la salsa car les « salseros » reprenaient textuellement les chansons cubaines. Donc lorsque le mbalax qui n’est pas celui d’aujourd’hui bien entendu est venu, il était senti plus sénégalais par ses notes, sa langue et son style, la salsa a été reléguée au second plan. Donc vers les années 2000 de nouvelles formations de salsa ont apparu au devant de la scène musicale sénégalaise avec des groupes comme African Salsa et le Super Cayor. Nous avons ajouté des instruments traditionnels à la salsa classique et les gens ont beaucoup aimé.

Dakar Musique : Préparez vous une nouvelle génération pour assurer éventuellement la relève de la salsa au Sénégal ?

Oui la relève elle est assurée, ya beaucoup de jeunes qui s’y intéressent qui font de belles choses, je peux citer Prince SAKHO, Saer SECK qui est le petit frère de Mass SECK, Fomba etc. Vraiment ils sont nombreux à assurer cette relève.

Dakar Musique : Comment se porte cette musique sur le marché sénégalais ?
Sincèrement si ce n’était pas la piraterie, les choses marcheraient certainement mieux que ça. Toutes les formations de salsa jouent au moins cinq (05) fois par semaine ce qui est très considérable, ça se passe donc bien.

Dakar Musique : Sur quoi est ce que vous êtes entrain de travaillé actuellement?
Nous préparons un documentaire et un film DVD qui doit sortir en France.

Dakar Musique : Quel message vous lancez aux acteurs de la musique sénégalaise ? Surtout les jeunes.
Je leur dit d’être plus patients car le chemin est parsemé d’embûches et que Paris ne s’est pas fait en un jour. Seul le travail paye.

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