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Pays Bas : L’appel de Ady Diop à la diaspora en faveur des albinos ou « Pounés » stigmatisés

Appelés « Pounés » en wolof, les albinos sont rejetés par la société qui les considère comme une malédiction. Stigmatisés, ils sont, dans la majorité des cas, dépourvus de leurs droits à l’éducation, au travail et en général dans la vie en société. Des sénégalais établis dans la diaspora sensibles à cette situation injuste ont décidé de joindre leurs efforts pour défendre la cause des albinos. Parmi eux, Ady Diop des Pays Bas, fervent militant des causes sociales, dans l’entretien accordé à wabitimrew.net revient sur les véritables enjeux de leur combat qui gravite autour de l’association Les Petites Gouttes.


Rédigé par leral.net le Lundi 15 Août 2016 à 15:41 | | 1 commentaire(s)|

En tant qu’acteur de la diaspora sénégalaise aux Pays Bas, parlez-nous de votre engagement pour les causes sociales et particulièrement sur le sort des Albinos ?
Étant né et grandi dans un quartier populaire de Dakar et ayant toujours baigné dans une ambiance où le » social living » était érigé en mode de vie, mon engagement dans le social est tout à fait naturel. Une seconde nature que j’ai en bandoulière qui m’a suivi dans mon parcours jusqu’ aux Pays-Bas, mon pays de Résidence. Aux Pays-Bas, nous essayons de faire ce qu’on peut pour la communauté Sénégalaise en prenant des initiatives dans le sens de renforcer nos liens de solidarité entre frères et sœurs pour la prise en charge des problèmes de la communauté par elle même. Notre engagement pour la cause des personnes atteintes d’albinisme est venu tout à fait par hasard. En effet, c’est au détour d’une émission de télévision sur les Albinos que l’intervention de Bamba Diop, président de l’ ANAS a attiré mon attention. Cette personne qui est lui aussi atteint d’albinisme expliquait comment le cancer de la peau faisait des ravages dans la population albinos et l’importance cruciale de l’utilisation des crèmes solaires dans la prévention de cette maladie.. Alors je me suis donné le devoir de relayer la sensibilisation en créant une chaîne de solidarité qui procurerait des crèmes solaires à nos frères et sœurs. Nous avons ainsi créé un groupe sur Facebook dénommé: » un facebooker une crème solaire » qui compte actuellement 577 membres. Dans le cadre de ce groupe nous nous sommes rapprochés d’une fondation hollandaise qui a mis à notre disposition une quantité de crèmes solaires d’une valeur de 10.000.000 de fcfa et parallèlement nous avons demandé à l’association Les Petites Gouttes, de son expertise, d’être notre plateforme d’exécution de la distribution des crèmes au Sénégal.

Présentez-nous l’Association des Petites Gouttes
L’association Les Petites Gouttes a été créée en 2014 par des Sénégalais vivant à Grenoble en France. L’association regroupe en son sein des personnes d’origines diverses de par leur nationalité, leur milieu social, leur profession et leur âge. Aujourd’hui l’association compte des membres un peu partout (au Sénégal, en France, en Espagne, en Allemagne, aux Pays -Bas, aux USA etc..) qui participent d’une manière volontaire et bénévole au bon déroulement des différents projets et différentes actions. Le point commun qui lie les membres de l’association est le fort engagement d’offrir un horizon meilleur aux personnes vulnérables comme les Talibés, les personnes vivant avec un handicap et les personnes atteintes d’albinisme.

Parlez-nous de la journée du 21 mai.
Le 21 mai a été la journée de lancement de notre programme » un an sous le parasol ». Une journée de distribution de crèmes solaires mais aussi de consultation médicale pour les 118 personnes bénéficiaires du programme. Un an sous le Parasol est comme son nom l’indique un programme de protection contre le soleil par des crèmes solaires. Un an sous le Parasol est un programme qui prend en charge 118 albinos pendant toute une année en leurs procurant des crèmes solaires. Ce programme prend aussi en charge le suivi médical car il faut aussi savoir qu’en dehors du besoin des crèmes solaires, les albinos sont confrontés à des problèmes de vision et des problèmes de peau, entre autres. C’ est pourquoi nous collaborons avec des dermatologues et des ophtalmologues et nous organisons tous les samedis des visites groupées pour les bénéficiaires du programme. Vous aurez compris que tout cela coûte énormément d’argent. Par ailleurs, nous allons vers des établissements boursiers, des actions sociales à toutes les bonnes volontés qui voudraient nous accompagner dans la prise en charge du suivi médical.

Selon vous, quelle serait la posture des sénégalais de la diaspora pour ces nobles causes ?
Nous comptons beaucoup sur la diaspora sénégalaise car cette diaspora a les moyens intellectuels et financiers de jouer une belle partition dans l’accompagnement des actions sociales en faveur des personnes vulnérables ou vivant dans la précarité. Cela ne demande pas beaucoup d’argent si tout le monde y mette du sien. La diaspora peut, à l’instar des fondations occidentales, venir en aide aux compatriotes restés au pays. Une aide et un accompagnement plus structurés et plus organisés au-delà des divergences politico religieuses. La diaspora compte pas moins de 3 millions de personnes. Imaginons que chaque personne participe pour 1 petit euro par mois et faites le calcul, vous vous rendrez compte du potentiel que constitue une diaspora organisée, solidaire et économiquement patriote. Je rêve d’une diaspora consciente de son potentiel. Une diaspora solidaire et patriote qui va vers l’essentiel. Une diaspora qui est l’équidistance des partis politiques, même si chacun est libre de militer où il veut. Une diaspora qui est prend de la hauteur par rapport à cette façon politicienne de faire la politique. Une diaspora intransigeante dans les principes et les bonnes valeurs. Il est bien d’envoyer de l’argent au pays pour soutenir la famille et les amis mais il tout aussi important d’envoyer de l’éthique pour préserver les bonnes valeurs pour une bonne gouvernance.

Entretien Jamil Thiam-wabitimrew à Amsterdam


Ndèye Fatou Kébé