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Poids de l’économie informelle dans les pays émergents et en développement : Il y a de quoi s’inquiéter!


Rédigé par leral.net le Mardi 10 Août 2021 à 09:54 | | 0 commentaire(s)|

Le poids de l’économie informelle reste, aujourd’hui préoccupante dans les pays émergents et en développement, au moment de s’engager sur la voie d’un développement inclusif indispensable pour réparer les dégâts de la pandémie de Covid-19. Une situation qui amène Shu Yu, économiste et Dana Vorisek, économiste senior qui sont, toutes deux, du Groupe des perspectives de développement à la Banque mondiale à relever « cinq raisons de s'inquiéter du poids de l'économie informelle ».
Poids de l’économie informelle dans les pays émergents et en développement : Il y a de quoi s’inquiéter!
Première raison : l'économie de l’ombre est omniprésente

Dans les économies émergentes et en développement, le secteur informel contribue à pratiquement un tiers du Pib et représente plus de 70 % de l’emploi total, dont la moitié environ sous la forme de travail indépendant. Parmi les six régions émergentes et en développement, c’est en Afrique subsaharienne, en Europe et Asie centrale, et en Amérique latine et Caraïbes que le poids de l'économie informelle dans le Pib est le plus élevé. Tandis que la part des emplois informels (estimée en fonction du travail indépendant) est la plus importante en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud, et en Asie de l’Est et Pacifique.

Deuxième raison : un niveau élevé d’informalité rime avec une faible productivité

Dans les économies émergentes et en développement, la productivité du travail dans les entreprises informelles n'atteint qu’un quart en moyenne de celle que connaissent les structures déclarées. La rémunération des travailleurs informels est inférieure de 19 % en moyenne à celle des salariés du secteur formel. Un écart qui s’explique en grande partie par les caractéristiques qui distinguent ces deux catégories de travailleurs. De fait, dès lors que l’on prend en compte le faible niveau d'éducation, le manque d'expérience et d’autres traits caractéristiques des travailleurs informels, les disparités de salaire deviennent négligeables.

Troisième raison : l'économie informelle est corrélée à de multiples difficultés de développement 

Une plus grande pauvreté, des revenus par habitant plus faibles, des progrès plus lents sur les Objectifs de développement durable, des inégalités plus prononcées et des investissements moins importants. Environ un quart (26 %) de la population des économies émergentes et en développement dont le niveau d’informalité est supérieur à la médiane vit dans l'extrême pauvreté, contre un taux de 7 % seulement dans celles où l’informalité est inférieure à la médiane.

Quatrième raison : l’économie de l’ombre (informelle)    est généralement d’autant plus forte que les capacités de l’État sont faibles

La prépondérance du secteur informel s'accompagne d’un niveau de recettes et de dépenses considérablement moins élevé, d’institutions publiques moins efficaces, de pesanteurs réglementaires et fiscales importantes et d’une gouvernance plus fragile. Dans les économies émergentes et en développement où le degré d’informalité est supérieur à la médiane, les recettes publiques sont inférieures de 5 à 12 points de pourcentage de Pib à celles des autres économies.

Cinquième raison : Il n’y a pas de solution simple à l’économie de l’ombre (informelle) 

Pour certains, travailler dans le secteur informel est un choix. Pour d'autres, c'est un dernier recours. L’emploi informel recouvre un large éventail de situations : travailleurs indépendants, petits exploitants agricoles, employés sans contrat de travail, etc.  Dans les régions émergentes et en développement où les niveaux d’emploi informels sont les plus élevés, l’agriculture (un secteur où les travailleurs ne sont généralement pas déclarés) continue d’occuper une place particulièrement importante. Les causes de l’informalité sont trop diverses pour que les solutions conviennent à toutes les situations. Il faut par conséquent des réformes globales et adaptées au contexte national. 

En Afrique subsaharienne, où les travailleurs se tournent souvent vers une activité informelle par nécessité, les mesures se sont attachées en priorité à développer le capital humain et améliorer l'accès aux financements, aux marchés et aux intrants dans le but d'accroître la productivité du travail. En revanche, en Europe et Asie centrale, en Amérique latine et Caraïbes, et dans une grande partie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, elles ont avant tout visé à assouplir les contraintes réglementaires et à mettre en place des institutions plus efficaces et responsables, en mettant en particulier l’accent sur le renforcement de l’application de la loi et la lutte contre la corruption. 
Bassirou Mbaye
 



Source : https://www.lejecos.com/Poids-de-l-economie-inform...

La rédaction