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Police nationale: Concours professionnel aux grades de sous-officiers et officiers, le DGPN « donne un coup de pouce » à la gent féminine

Remous ou plutôt des remous encore à la maison Poulaga. Après le scandale portant sur le gel des promotions de plusieurs centaines d’agents de police qui devraient étrenner leur grade de brigadier et la décision de déloger des cantonnements du GMI, tous les fonctionnaires en service dans d’autres directions, l’Inspecteur Général de la police Bocar Seydou Yague vient à nouveau de poser un acte extrêmement décrié par ses subalternes. A quelques jours du concours professionnel, une note signée par le DGPN, organise des révisions pour les agents femmes qui postulent au concours.


Rédigé par leral.net le Samedi 28 Août 2021 à 15:15 | | 0 commentaire(s)|

En apprenant la nouvelle, plusieurs agents contactés ne pouvaient croire que leur hiérarchie pouvait se permettre une telle légèreté. Mais, ces derniers se rendront vite compte que leurs collègues femmes avaient été invitées à participer à une révision encadrée à l’École Nationale de police, pour acquérir plus de connaissances sur certaines matières. Du jamais vu, même si certaines des futures candidates contactées, disent qu’il ne s’agit point d’un parti pris de la hiérarchie, mais d’une volonté d’apporter l’équité au sein de la police nationale.

Alors que le concours des officiers s’est déjà déroulé, les postulants au grade de sous-officier de police ne comptent pas laisser passer ce qu’ils considèrent comme une forfaiture du DGPN. En effet, pour certains qui ont accepté de donner leur avis sur ce sujet délicat, « équité, oui mais, au nom des principes généraux de l’administration et non par la triche ou par la promotion pour des questions purement politiques ».

« Une équité par le mérite, nous taperons des deux mains pour encourager nos collègues femmes. Mais, vouloir privilégier au nom de la politique de genre de l’État, une frange n’honore pas celles-là qui réussiront car, ayant bénéficié d’un coup de pouce. Qui respectera un chef admis par des subterfuges ? », nous confie un agent, très amer. D’ailleurs, poursuit ce dernier, « c’est un précédent dangereux, car non seulement le DGPN et le ministre ne font rien pour que nous étrennions nos grades de brigadier mais en plus, on privilégie d’autres dans un concours ».

« Pourquoi avoir limité ces révisions aux grades de sous-officiers et officiers et non à celui des commissaires de police ? Cela prouve que malgré les travaux effectués pour une relecture des Statuts de 2017, les changements préconisés ne seront pas pris en compte. Des agents menacent de saisir la Chambre administrative de la Cour Suprême si les résultats sont biaisés ».

Interrogé sur le contenu de la note du DGPN, Pr. Ngouda Mboup de nous apprendre, « Si des personnes de sexe masculin collègues à ces femmes et partageant le même service avec elles, n’ont pas pu bénéficier de ce cours, il y a rupture du principe d’égalité ». Et le professeur de droit de poursuivre, « la rupture d’égalité des chances est un traitement différent dans une même situation. L’égalité repose sur un principe simple : À situation égale, traitement égal, à situation différente, traitement différent ».

« C’est inédit et durant toute ma carrière jusqu’à ma retraite, c’est la première fois que je vois déjà autant d’associations et amicales dans la police mais surtout, que des candidats à un concours soient pris en charge par la Direction générale pour organiser leurs révisions », révèle un commissaire de police à la retraite. Pour ce dernier, « si cette démarche du DGPN passe, il ne faut pas écarter demain, qu’on organise des révisions encadrées pour des candidats issus d’une communauté religieuse ou ethnique ».

Selon notre interlocuteur âgé aujourd’hui de plus de 70 ans, « à l’époque du ministre de l’intérieur Médoune Fall, il existait des quotas pour les femmes dans la police et cela avait permis d’enregistrer l’arrivée des premières femmes au sein de la police. Mais cela n’avait mis en cause l’égalité des chances comme c’est le cas avec le concours professionnel des officiers et sous-officiers ».

« En 1982, quand on avait rompu le principe d’égalité des candidats, en ne faisant passer que des maîtrisards et des bacheliers, le président Abdou Diouf alerté, avait cassé la 16e promotion de l’ENP pour lancer un nouveau concours. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une discrimination positive, avec la bénédiction d’Antoine Félix Diome. »

Cette directive de l’Inspecteur Général de police Bocar Seydou Yague, qui a reçu sans aucun la bénédiction du ministre de l’intérieur, rappelle tristement les États-Unis au plus fort de la ségrégation raciale ou la loi sur « l’Affirmative action », pour permettre aux noirs d’accéder aux universités. Ce qui est constant c’est que depuis l’érection de département Genre dans les ministères et directions générales, la tendance est de plus en plus à faciliter aux femmes l’accès à certains grades. Ce qui relègue le mérite au second plan.

Pour ce futur candidat, « ce qui est dramatique avec cette décision, c’est de voir des agents qui ont attendu depuis douze ans où plus pour réussir, se voir éliminer de facto et de voir une collègue qui vient de faire quatre années de service, rafler la mise. Ce qui est organisé, c’est juste une élimination avant l’heure ». Et d’alerter le président de la République, « nous ferons comme nos aînés de la 16e promotion qui, pour des arrangements flagrants, avaient saisi le président Abdou Diouf, qui avait fini par casser le concours, nous attendons ça à défaut de freiner le DGPN ».
Joint au téléphone, le patron du Bureau des Relations Publiques de la Police nous apprend qu’il est en congé et qu'il n'est au courant d’une telle note. « Je vais me renseigner et je vous reviens », nous a-t-il promis mais sans plus. Par ailleurs, le commissaire Guèye acceptera de confirmer qu’il existe bel et bien un département GENRE au sein de la police et mieux, il y a un point focal.





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