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Politique: L’APR face à son destin! (Analyse de Mamadou Mouth Bane)

L’APR est une exception dans le landerneau politique sénégalais, au vu de son parcours en 03 ans (2008/2012). Dernier des partis nés à cette époque, il est arrivé au pouvoir laissant derrière des formations qui triment depuis plus de 40 ans. Mais, à l’exercice du pouvoir, une autre Apr est née avec des problèmes structurels et des querelles de clochers qui n’ont pas affecté sa compétitivité électorale.


Rédigé par leral.net le Mardi 8 Décembre 2020 à 10:10 | | 0 commentaire(s)|

Politique: L’APR face à son destin! (Analyse de Mamadou Mouth Bane)
Instabilité Aux Postes de Directeur de Cabinet Et de Secrétaire General de la Présidence

Depuis 2012, le président de la République Macky Sall n'arrive pas à stabiliser son cabinet à la présidence de la République. Aux stations de Directeur de cabinet et de Secrétaire général, les hommes font des escales et continuent leur chemin comme à la gare des Baux Maraîchers.

Abdoul Aziz Mbaye, Mme Aminata Tall, Oumar Youm, Makhtar Cissé, Jean Maxime Simon Ndiaye, Mahammed Boun Abdallah Dione, Oumar Samba Bâ, Mahmoud Saleh ont défilé dans l’une de ces stations. A ce rythme de départs et d’arrivées dans le Cabinet présidentiel, on peut retenir que Saleh et Oumar Samba Bâ partiront sur la pointe des pieds tels des mannequins en pleine prestation. Car la fluidité de la circulation dans le cabinet du Président semble être une approche de management du chef, prompt à changer ses proches collaborateurs.

C'est aussi à l'image du Gouvernement où la seule constante parmi les ministres demeure Abdoulaye Daouda Diallo, qui reste l'unique ministre et membre fondateur de l’Apr à ne l'avoir jamais quitté depuis 2012, année de sa nomination au Ministère du Budget. Cette inamovibilité, il la partage avec sa sœur de parti, Mme Mariama Sarr. En dehors des Ministres des partis alliés (Ps/Afp), aucun autre ministre de l’Apr ne peut jurer de son maintien dans le gouvernement, au prochain remaniement puisque, lorsqu’il s’agit de «couper des têtes», le président de l’Apr ne «sabre» que les responsables de son parti. Il est difficile alors de le croire lorsqu’il dit «je ne lâche pas l’Apr» dans la mesure où, des actes qu’il pose tous les jours, apparaissent un rejet systématique du parti au profit d’autres formations.

Par exemple, les ministres alliés Serigne Mbaye Thiam, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, Alioune Sarr, Alioune Ndoye, Samba Sy n’ont jamais quitté le gouvernement depuis leur entrée. Ce qui donne du crédit à ceux qui parlent de «Gouvernement de quotas», du fait que souvent, le Président Sall fait du changement de poste pour poste. On se rappelle Malick Gackou de l’Afp a été remplacé par Alioune Sarr au Ministère du Commerce. Aminata Mbengue Ndiaye a remplacé Ousmane Tanor Dieng au HCCT et a été succédée par Alioune Ndoye à la Pêche.

Qu'ils soient compétents ou pas, ils restent dans le gouvernement pour des raisons purement politiques. Et curieusement, les ministères dirigés par les alliés socialistes ont connu les plus grandes crises depuis 2012: Education et Hydraulique sous Serigne Mbaye Thiam, Pêche sous Alioune Ndoye.


On se demande entre le Président Sall et Alioune Cissé, entraîneur des "Lions", qui change le plus son groupe? A chaque match, une nouvelle équipe, Sadio Mané étant presque l'unique constante. Du côté de l’équipe gouvernementale, les véritables constantes sont les ministres des partis alliés : PS/AFP.


Mais pourquoi le Président Macky Sall se débarrasse-t-il tout le temps de ses Directeurs de Cabinet et de ses Secrétaires Généraux ? Des rumeurs ne manquent pas sur des fautes qu'auraient commises certains sur cette liste de Directeurs de cabinet et de Secrétaires généraux.

Aujourd’hui, les heureux nommés à ces postes (SG-DC) devraient avoir du souci à se faire, au vu de ces nombreux départs dans le cabinet présidentiel en 8 ans. Si certains ont quitté leur poste ( DC ou SG) pour entrer dans le Gouvernement comme Makhtar Cissé, qui a fait une escale à la Senelec avant de revenir, pour occuper le Ministère du Pétrole ou Oumar Youm, pour devenir ministre des Collectivités Locales puis des Transports, d'autres ont été tout simplement remerciés pour un aller simple (sans retour), à l’instar de Jean Maxime Simon Ndiaye.

Au niveau du Secrétariat général du Gouvernement également, a été remarquée cette même instabilité dans le choix des hommes. A cette station, les «aller-retour» entre Seydou Guèye et Abdou Latif Coulibaly ont été remarquables. Toutefois, le départ de certains a suscité beaucoup d'incompréhensions et de commentaires. C'est le cas de Jean Maxime Simon Ndiaye et Mahammed Boun Abdallah Dione, surtout ce dernier dont la loyauté envers Macky Sall n’a jamais souffert d’aucune fissure.Les interrogations sur son départ s’enchaînent, car, il est connu par tous pour sa fidélité inoxydable au Président Macky Sall et pour son engagement sans calcul. Au lendemain de la réélection du Président Sall, il était impossible de prédire le départ de Boun Dionne du cabinet présidentiel d’ici 2024.

Jean Maxime Simon Ndiaye est connu pour sa neutralité politique. Mais il semblerait qu'il ne s'entendrait pas avec une personnalité influente dans l'entourage proche du président de la République. Ses absences répétées pour des raisons médicale,s ont été aussi avancées pour expliquer son départ.


Le président Sall a ses propres critères d'appréciation qui orientent ses choix. Il connaît mieux que quiconque les profils, la moralité et les compétences des femmes et des hommes qui l'entourent. Mais ce qui demeure intolérable, c’est de mettre le clientélisme politique au-dessus de la compétence.

Le Cas Saleh

Mahmoud Saleh Directeur de cabinet du président

Les révélations du Ministre Chef de Cabinet du président de la République, Monsieur Mame Mbaye NIANG (MMN), ont installé un malaise jusqu'au sommet des Institutions. Une confusion troublante est née des propos de l'ancien ministre du Tourisme, qui a véritablement posé une question de bonne gouvernance et de transparence dans le choix des hommes. De l'avis du Chef de cabinet du Président Sall, le nouveau Directeur de cabinet Mahmoud Saleh n'a pas le grade (Hiérarchie A) indispensable, pour occuper cette fonction. On pouvait douter de la véracité de tels propos s'ils sortaient de la bouche d'un opposant. Mais non, c'est une personne avertie pour sa proximité avec le chef de l'Etat, qui a levé le lièvre. Le Ministre MMN est une pièce centrale dans l'«IPhone» de la famille Sall.

Par la suite, le 02 Décembre 2020, un groupe dénommé «Le Collectif pour la Restauration de l'Ethique en Politique (CREP)» a, par le biais de son conseiller, El Moustapha NDIAYE, saisi la Cour suprême pour un recours en annulation du décret nommant Monsieur Mahmoud Saleh au poste de Directeur de Cabinet du président de la République. Ensuite, le Collectif a adressé le 03 Décembre 2020, une lettre au Chef de l’État Macky SALL, pour solliciter la communication du décret nommant le Directeur de Cabinet qu'il doit remettre à la Cour suprême.

Dans le premier courrier, on peut : «Que 04 jours après, c’est-à-dire le 01 novembre 2020, le président de la République procédant à de nouvelles nominations a pris 04 décrets dont le décret N°2020-2103 portant nomination de Monsieur Mahmoud SALEH au poste de Ministre d’Etat Directeur de Cabinet du Président de la République ; Que le décret en question a été rendu public et largement diffusé le même jour à travers sa lecture faite devant la presse convoqué à cet effet au palais de la République ; Que c’est contre cette décision N° 2020-2103 que le présent recours en annulation est dirigé».

Les auteurs du recours en annulation ajoutent que «le décret N° 2020-2021 du 1er Novembre 2020 doit être annulé pour excès de pouvoir».

Dans leur argumentaire, le Collectif ajoute : « il ressort des dispositions du décret n°2007-909 du 31 Juillet 2007 portant organisation et fonctionnement de la Présidence de la République que le Directeur de Cabinet est nommé parmi les fonctionnaires de la hiérarchie A ; Qu’ainsi donc, en application du texte précité, ne peut valablement être nommé Directeur de cabinet du Président de la République que seuls les agents remplissant les conditions prévues par les dispositions légales en vigueur ; Or, le sieur Saleh, promu au poste de Directeur de cabinet, ne remplit nullement les conditions exigées ; Qu’en effet, il n’est ni de la hiérarchie A et ne justifie, au jour de sa nomination, d’aucun diplôme encore moins d’un niveau équivalent à la hiérarchie A».

En outre, il soutient que «sa nomination ne repose sur aucun texte législatif ou réglementaire en vigueur ; Qu’en nommant un Directeur de cabinet qui, manifestement ne satisfait pas aux conditions exigées par le décret 2007-909 du 31 Juillet 2007, le Président de la République n’a pas donné de bases légales à sa décision ; Qu’il s’en suit que sa décision encourt l’annulation pour excès de pouvoir ; Qu’il faille en conséquence d’annuler le décret 2020-2103 en date du 1er Novembre 2020 portant nomination de Monsieur Mahmoud SALEH au poste de Ministre d’Etat, Directeur de cabinet du président de la République».

Le 03 Décembre 2020, dans un autre courrier adressé au Chef de l’Etat, et dont l’objet est : «Demande de mise à disposition du décret 2020-2103», le Collectif écrit : «En vertu de vos pouvoirs constitutionnels, vous avez à la date du 1er Novembre 2020, pris un décret N°2020-2103 portant nomination de Monsieur Mahmoud SALEH au poste de Ministre d’Etat, Directeur de Cabinet du Président de la République. En effet, cette décision bien qu’ayant un caractère individuel, nous intéresse à plus d’un titre. Pour cette raison, nous vous prions de bien vouloir mettre à notre disposition une copie du décret N°2020-2103 en date du 1er Novembre 2020 portant nomination de votre Directeur de Cabinet ».

Aujourd'hui, le président de la République a les mains liées, car il est tenu de respecter la décision de la Cour suprême si cette dernière cassait le décret de nomination de Saleh. Son remplacement serait alors une obligation de bonne gouvernance et de respect des principes de l’Etat de droit.

Mais, dans ce cas d'espèce, le principal concerné sera-t-il interrogé par la Cour suprême pour fournir les preuves de son éligibilité aux fonctions de DC ? Ou bien, c'est le Pv de l'enquête de moralité qui va aider la Cour à prendre la bonne décision ? Car tout devrait figurer sur ce document d'enquête de la gendarmerie, qui précède toute nomination à certaines fonctions.

L'autre aspect de la question c'est que, si les propos de MMN, sont avérés, Monsieur Saleh peut démissionner de ses fonctions pour mettre à l'aise le Président Macky Sall qui lui a fait confiance. Autrement, il pourrait être démis de ses fonctions pour éviter un feuilleton judiciaire qui mettrait à nu les carences du pouvoir. Sur cette affaire, sera jaugée la grandeur des hommes qui nous dirigent. Car une erreur commise par le Président et reconnue par ce dernier, est à moitié résolue. Toutefois, il doit aller jusqu'au bout de la logique de transparence dans le choix de ses collaborateurs. Par contre, Saleh peut saisir la justice s'il s’est senti diffamé par son frère de parti. L’un dans l’autre, le destin de Saleh est entre les mains de la Cour suprême. Ce débat est posé par un politique, mais il n’est pas politique. Donc, ne cherchez pas à trouver sa réponse sur le terrain politique. Les fonctions du DC sont organisées et encadrées et le Président Sall ne peut pas ignorer ce fait.

A la Présidence, le directeur de Cabinet assiste le président de la République dans tous les domaines. Il «supervise les actions relatives à la sécurité ». Le directeur de Cabinet «prépare les décisions et arbitrages du Président et le tient informé de leur mise en œuvre ». Il est «présent au Conseil des ministres, aux Conseils présidentiels et aux Conseils interministériels, il participe aux séances de travail du Président de la République». En outre, «recevant délégation de signature, il contrôle les actes relevant de sa compétence, notamment ceux qui doivent être signés par le Président». Il est aussi précisé que «le directeur de Cabinet peut s'entourer d’un ou plusieurs directeurs de Cabinet adjoints, qui ont rang de directeur de Cabinet ministériel et dispose d’un chef de Cabinet, d’un Secrétariat et de chargés de mission». Saleh ne risque-t-il pas d’avoir un adjoint plus gradé que lui ? Il a l’Inspection Générale d’Etat sous ses ailes, pourra-t-il alors commander les fonctionnaires de l’IGE ?

Voilà, pourquoi, d’une part, nous estimons que l'autre conséquence immédiate de cette situation, c'est que le maintien de Saleh (si effectivement il n'est pas de la HA), pourrait créer des prétextes d'insubordination parmi les fonctionnaires qui seront sous sa responsabilité. D’autre part, l'on peut aussi se demander si les actes qu'il prendra dans le cadre de ses fonctions, ne seront pas frappés d’illégalité ?
Le Président Macky fait alors face à deux équations :

1- Risque d’insubordination des fonctionnaires sous la tutelle de Saleh

2- Risque d’illégalité des actes que prendra Saleh

Il va falloir alors, mettre la lumière sur cette confusion qui pourrait avoir des conséquences sur le plan politique et administratif, avec des retombées néfastes dans le fonctionnement de l’Etat.

Le Ministre Chef de Cabinet du président de la République Mame Mbaye Niang (MMN), au-delà de la polémique politique, a posé une question d’éthique et de transparence, adressée d’abord au président de la République Macky Sall, mis aujourd’hui, devant ses responsabilités. A ce niveau, le recours, se trouvant à la Cour suprême, est soustrait du débat politicien, pour devenir plutôt une affaire administrative et judiciaire.

La réplique des adversaires de MMN(ou partisans de Saleh) a été de formuler des accusations fallacieuses contre lui, qu’ils accusent d’être propriétaire des ICS de Mboro et de la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS), deux entreprises créées avant la naissance de Mame Mbaye Niang. Ce n’est pas sérieux quand même.

Il faut reconnaitre les mérites de Monsieur Saleh dont la fidélité est prouvée et la confiance du Président SALL ne lui a jamais fait défaut depuis toujours. Il peut bien servir son pays dans d’autres stations aussi prestigieuses.

Mais, dans une République, il faut toujours se soucier du respect des normes et de l’orthodoxie, comme dans tout Etat de droit qui se respecte. Et le Chef de l’Etat doit en être le garant.

L'APR face aux crises internes et aux défis à venir

L'Apr est un miracle politique. Pourquoi ? L'Apr est l'unique formation qui a accédé au pouvoir sans jamais aller seule à une élection. Depuis sa création, ce parti a participé à ses premiers scrutins dans la Coalition de Dekkal Ngor, d’abord aux élections locales de 2009 et avec Benno Bokk Yakaar en 2012, en passant par Macky2012.

En 2012, l'Apr s’est faufilée entre les grands partis comme le PS, l'AFP, LE PIT, LE AJ, REWMI, LA LD, LE PDS, ETC... pour prendre le pouvoir, alors que son acte naissance date en 2008. Au début, c'était une rébellion de frustrés du régime de Wade, soupçonné de vouloir positionner son fils. Finalement, le Président Macky Sall regroupera plusieurs parmi ses frères de parti au Pds, à la CIS, structure des Cadres, et ses copains et sympathisants pour aller à la conquête du pouvoir.

Ce projet porté par un petit groupe d'amis connaîtra son premier succès en 2012. Depuis lors, le président du parti demeure son unique centre de gravité. Très offensif de 2008 à 2012, l'Apr a sombré dans la léthargie dès son accession au pouvoir. La structure des jeunes bat de l’aile. Le Mouvement des femmes perd son dynamisme de même que celui des Cadres. Finalement, le parti fonctionne selon les humeurs de son président, qui convoque le Secrétariat National, l'unique structure du parti qui se réunit, selon sa disponibilité et sans aucun planning de rencontres défini au préalable.

La coalition BBY qui l'a porté au pouvoir ne se porte pas mieux que l'Apr. Mais curieusement, cette situation n'impacte pas ses résultats électoraux car depuis 2012, l'Apr et sa coalition ont gagné toutes les élections. C'est peut-être la raison pour laquelle, le Président Macky n'a pas perdu du temps pour organiser son parti, le structurer et encourager les animations politiques au niveau des organes de base.

Ce parti a vécu des crises dont le Président Macky Sall qui en a été à l'origine, a su gérer et contenir sans dommages. La première a été le départ d'un des membres fondateur Alioune Badara Cissé, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Il fut le numéro 2 du parti et «géniteur» de l’Apr comme il aimait le répéter. Mais son départ n'avait nullement impacter négativement le fonctionnement ni les résultats de cette formation. La crise s'est limitée entre les deux hommes : Macky/ABC.

Et depuis son départ du Gouvernement et son gel des activités politiques, ABC comme l'appellent ses proches, a politiquement perdu toute son influence électorale. Ensuite, Abdoul Mbaye ancien premier ministre, Thierno Alassane Sall, Moustapha Diakhaté n'ont pas réussi à faire mieux que ABC. Au contraire, en dehors des émissions dans les médias, ils n'ont pas pu rebondir. Leur influence politique ne se reflète pas dans les urnes, ils sont ainsi devenus des chroniqueurs politiques à la merci de la presse à émotion.

Qu'en sera-t-il pour Oumar Youm, Amadou Bâ, Aminata Touré, Makhtar Cissé et Aly Ngouille Ndiaye ? Une chose est sûre, si le pouvoir tente de les écraser à travers des dossiers judiciaires, il pourrait avoir un effet contraire comme en 2008, lorsque les Libéraux voulaient arrêter le président de l’Apr sur une fausse affaire de blanchiment d’argent. Passer par la justice pour briser la carrière politique de Makhtar Cissé, d’Amadou Bâ, d’Aminata Touré, d’Aly Ngouille Ndiaye ou d’Oumar Youm, comme cela a été réussi avec Khalifa Sall et Karim Wade, serait une grosse erreur de la part du pouvoir. L’histoire politique du Sénégal a montré que les départs de Djibo Kâ et de Moustapha Niasse ont précipité la chute d’Abdou Diouf en 2000. La mise à l’écart d’Idrissa Seck et de Macky Sall a été à l’origine de la défaite de Me Abdoulaye Wade en 2012. Alors, le Président Sall gagnerait à ne pas négliger l’influence politique d’Oumar Youm, d’Amadou Bâ, de Makhtar Cissé et d’Aly Ngouille Ndiaye.

En politique, les exclus ne bénéficient souvent du soutien et de la sympathie des populations que lorsqu’ils deviennent surtout des victimes du pouvoir qu’ils ont eu à servir. Ces retrouvailles avec Idrissa SECK pouvaient se heurter à des difficultés, le jour où le président Sall s’engagera dans un génocide politique, en tentant d’écraser ses anciens collaborateurs. L’électeur sénégalais est sentimental, et il tombe souvent sous le charme des opprimés politiques, par exemple les cas de Djibo KA en 1998, élu avec un groupe parlementaire pour sa première participation, Moustapha Niasse en 2000, classé 3e et devient faiseur de roi avec 16,77% pour sa première participation, Idrissa SECK en 2007, classé 2e derrière Me Wade pour sa première participation, Macky Sall en 2012, élu président de la République dès sa première participation, Ousmane SONKO en 2017 et 2019, élu député et classé 3e dès sa première participation. Ils étaient tous des victimes du pouvoir en place. Oumar Youm, Amadou Bâ, Aminata Touré, Makhtar Cissé et Aly Ngouille Ndiaye peuvent créer la surprise, le jour où le pouvoir tentera de les opprimer.

Pour certains, le dernier remaniement a fortement affaibli le parti de Macky Sall à Dakar, avec les départs de Amadou Bâ et de Abdou Karim Fofana, qui encourageront la montée en puissance de Barthélemy Dias, à Mbour avec le départ de Oumar Youm, à Linguère, ville de Aly Ngouille Ndiaye, à Dagana, avec l'absence de Makhtar Cissé et enfin, à Kaolack chez Aminata Touré.

Le président de l’Apr a inauguré l’ère de l’ouverture politique au détriment de son parti. Car, comme c’est remarqué par tous, le départ des ténors du parti va fortement réduire son influence dans les localités comme Dakar, Linguère et Mbour, surtout.

Qui dans l’Apr, fera face à Barthélémy Dias aux prochaines élections locales à Dakar ? Macky fera-t-il confiance à un jeune de l’Apr (Mame Mbaye NIANG, Karim Fofana etc…) pour défier le Maire de Mermoz, qui sera certainement candidat à la mairie de Dakar, dans une coalition qu’il pourrait créer avec Khalifa SALL (comme conseiller) et Ousmane SONKO ?

A Dagana, faudra-t-il maintenir Oumar SARR, faute d’un candidat valable de l’Apr ? Comment réussir un casting dans le département de Mbour après le départ d’Oumar Youm ? L’Apr aura-t-il un candidat plus influent qu’Aly Ngouille Ndiaye dans le Djolof ? Concernant Aminata Touré, c’est un secret de Polichinelle de dire qu’elle n’a aucune chance de gagner les élections locales à Kaolack, encore moins à Grand-Yoff. Par conséquent, l’Apr ne peut nullement souffrir de son absence sur ses listes aux prochaines Locales.

Au vu de tout cela, certains ont raison de conclure que le Président Sall a lâché son parti. L’Apr originel, ce parti de combat, c’était : Alioune Badara Cissé, Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lo, Me Djibril WAR, Diéne Farba SARR, Abdou Abel Thiam, Mame Mbaye Niang, Mariama SARR, Abdoulaye Daouda DIALLO, Marème Badiane, Thérèse Faye, Biram Faye, Abdou Mbow, Abdourahma NDIAYE, Farba Ngom, Mor Ngom, Thierno Alassane SALL, etc…

Au second tour de 2012, des ralliements ont eu lieu pour renforcer ce parti. C’est lorsqu’il a été élu président que l’Apr a évidemment connu des adhésions massives. Mais, il faut rappeler la première alliance politique signée par l’Apr avec le Model de Ibrahima SALL, ancien Directeur général de la Sicap. On l’oublie souvent, mais le leader de MODEL a porté Macky SALL sur ses épaules dans sa marche vers le Palais, au moment où personne n’y croyait. Ça c’est l’Histoire.

Aujourd’hui, plusieurs parmi ces responsables qui composaient le premier bataillon de l’Apr, ont été écartés de la gestion du pouvoir. En vérité, avant de s’ouvrir aux autres, il faut d’abord renforcer son propre parti. Macky lui élargit sa coalition au détriment de l’Apr qui risque de disparaître, au lendemain de son départ du pouvoir, ou peut-être même avant.

La mise à l'écart des ténors pourrait avoir des conséquences politiques dans un futur proche. Pour le moment, les responsables mis à l'écart ont renouvelé leur allégeance au Président, mais le clash n’est qu’une question d’opportunité et de temps. Pour rappel, en 2004, lorsque Idrissa SECK et Wade se séparaient, c'était juste provisoire le temps de laisser les rumeurs sur la dualité au sommet de l'Etat mourir de sa mort. Mais les adversaires d’Idrissa SECK se sont engouffrés dans le vide qu'il a laissé autour de Wade pour l'écarter. C’est valable pour Macky Sall et ses 04 Ministres remerciés.

Face à cette situation marquée par la Covid-19, la Relance Economique, l’émigration clandestine des jeunes, les inondations etc…, le pouvoir doit relever les défis du redressement économique d’abord, mais aussi ceux liés aux enjeux politiques à venir, auxquels l’Apr sera seul à y faire face.

Il est évident que ce parti fera face à plusieurs dissensions internes les mois à venir. Car, des choix politiques du président Sall vont provoquer des séparations avec certains de ses alliés et de ses proches. C’est évident. Macky aura besoin d’une Apr forte, soudée, avec une jeunesse politique engagée et loyale prête à contenir les assauts d’une Opposition jeune et ambitieuse, d’une Société civile souvent accusée de partialité, des Mouvements citoyens virulents et d’influenceurs et lobbyistes extérieurs.







Mamadou Mouth Bane