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Pour un Sénégal émergent et paisible, positivons et avançons

Au Sénégal, on a l’impression, surtout quand on est à l'étranger, qu’à tout moment, les sénégalais vont s’entretuer. On peut s'en convaincre facilement en écoutant attentivement les échanges verbaux entre concitoyens à travers les différents moyens de communication.


Rédigé par leral.net le Lundi 7 Septembre 2015 à 09:51 | | 0 commentaire(s)|

Pour un Sénégal émergent et paisible, positivons et avançons
En illustration, l’opposition et le pouvoir se comportent comme des ennemis et non comme des adversaires politiques qui ambitionnent le développement du Sénégal. Des menaces, des insultes, des injures, de gros mots fusent des deux côtés, à contre-courant. Ces comportements détestables s’aggravent à la veille des consultations électorales, surtout la présidentielle. Ce n'est pas nouveau, ça a été toujours ainsi depuis 1960.

Les Sénégalais semblent aimer se faire peur. Dans cet exercice, ils pourraient dissuader aussi les partenaires économiques du Sénégal, ils ternissent l'image du pays à l'étranger. Finalement ce comportement est un obstacle au développement du pays.

Dans les partis politiques massifs, les membres de la même formation sont normalement des camarades mais en réalité, ce sont de vrais ennemis. Ils se font souvent la guerre en utilisant tous les moyens imaginables : injures, insultes, invectives, provocations, chantage,….

Tout le monde est démocrate mais personne n’accepte l’alternance chez lui. Un parti politique a un chef qui a tous les droits et tous les pouvoirs. Il finance seul, commande seul, il se trompe seul et les autres paient ses fautes et erreurs. Toute contestation du chef est sanctionnée par une exclusion immédiate et sans recours possible. Le chef ne tolère pas qu'on parle d'alternance dans son parti. Il est le seul habilité à être candidat à l'élection présidentielle. Pour les législatives, il occupe la première place sur la liste nationale.

En cas d'alliance avec le pouvoir, compétent ou non, il est ministre ou ministre conseiller. Dans les partis politiques c'est le nivellement. Toute tête qui émerge est coupée immédiatement. Je ne suis pas sûr que si Obama était sénégalais il serait président de la république. Pour être président au Sénégal, il faut créer son parti. C'est certainement une des raison de la pléthore de partis politiques au Sénégal.

Le résultat de tout ça est une situation de blocage de la vie politique sénégalaise : l'opposition cherche à empêcher le pouvoir de gouverner et le pouvoir réplique en cherchant à empêcher l'opposition de s'opposer et les sénégalais trinquent.

On a également l'impression que des sénégalais se plaisent à détruire d’autres sénégalais par presse interposée, souvent pour des raisons inavouées.

Le manque de démocratie dans les partis politiques empêche nos meilleures ressources humaines d’émerger et de montrer leur talent. Je crois aux primaires dans les partis politiques pour choisir les candidats à l’élection présidentielle. Positivons dans les partis politiques et donnons leur chance à tout le monde et c’est possible avec une réelle démocratie interne.

Dans les journaux et dans la presse en ligne, on trouve régulièrement des articles et des contributions assassins dont le but est de détruire, de démolir un concitoyen. Il y a des spécialistes du dénigrement gratuit qui ont des banques de données noires pour détruire des adversaires ou des hommes politiques, syndicaux ou autres personnes par méchanceté ou par haine. Certaines personnes profitent aussi des forums de discussions ou de commentaires d'articles publiés dans la presse en ligne pour insulter et dire des insanités sur d'honnêtes citoyens. Cela est sur le point de devenir une spécificité sénégalaise et ce n’est pas bien à mon avis.

Les dénigreurs se considèrent comme des saints alors qu’en réalité, ils ne sont pas meilleurs que ceux qu'ils insultent et cherchent à salir. Ces dénigrements gratuits ne nous apportent rien en termes de développement, de bien-être et de cohésion nationale. Ils nous retardent plutôt. Mettre nos talents à nous insulter, à nous calomnier est donc sans intérêt pour notre pays. Positivons sénégalaises et sénégalais. Ne parlons pas si ce que nous disons n'est pas utile et n'écrivons que si notre texte peut faire avancer notre pays. Ceux qui ont des notions sur le développement personnel savent que le succès et la réussite appartiennent aux positifs. Les pays qui nous qui ont devancé sont ceux là qui utilisent leur énergie dans des activités de développement et non dans des débats futiles à longueur d’année.

Passer son temps à déterrer les erreurs ou les bêtises vraies ou imaginaires des autres est sans intérêt pour les sénégalais en particulier pour les jeunes. Éduquer les gens c'est leur montrer les bons exemples et non égrener un chapelet de contre exemples imaginaires ou vrais.

Madiambal Diagne, un homme de réflexion, a écrit tout récemment que ce qui est possible chez les autres devrait l'être chez nous. Oui monsieur Diagne mais à condition que nous sénégalais nous soyons positifs, disciplinés et solidaires dans notre commun effort de développer notre pays :
- Mettons en relief ce qui est positif et donnons-le en exemple aux jeunes,
- Mettons de la rigueur dans tout ce que nous faisons.
- Respectons et faisons respecter le bien public,
- Érigeons la discipline en vertu première en tout lieu et en toute circonstance,
- Cultivons le culte de résultats dans toutes nos activités,
- Arrêtons le gaspillage en fondant nos activités dans la politique de qualité
- Reconnaissons le mérite de nos concitoyens même s'ils sont nos adversaires,
- Faisons confiance au peuple qui nous a donné 2 alternances en 12 ans pour décrisper la vie politique nationale,
- La politique ne doit pas être l'occupation principale de notre élite,
- Mettons en activité nos meilleures ressources humaines en ne nous fondant pas seulement sur l’appartenance politique,
- Érigeons la compétence comme premier critère pour occuper une fonction quelconque.

Nos débats ne portent pas toujours sur le développement. Nous perdons beaucoup d'énergie et de temps à tourner et retourner des thèmes qui ne nous font pas avancer dans notre quête d'émergence. Le thème sur la transhumance en fait partie. Ces derniers temps, les politiciens et les acteurs de la société civile dont beaucoup sont des politiciens ont beaucoup parlé et écrit sur ce thème. Globalement, la transhumance est condamnée et considérée comme inacceptable dans notre pays. Je voudrai dire sans risque d’être démenti que le Sénégal est un pays de transhumants et de transhumance, historiquement.

Depuis Senghor, la transhumance est pratiquée dans notre pays. Si le premier Président à pu gouverner le Sénégal, c'est parce qu'il a utilisé intelligemment la transhumance. Senghor utilisait la fusion absorption pour intégrer ses transhumants. C'est pourquoi il a pu travailler avec Maitre Lamine Guèye, avec le Pr Assane Seck et avec d'autres leaders d’envergure. Le Président Abdou Diouf a également bénéficié des avantages de la transhumance pour gérer le pays pendant 20 ans. C'est grâce à la transhumance qu'il a pu contenir le chef de l'opposition Abdoulaye Wade. Quand au Président Wade, il n'aurait jamais pu nous laisser un bilan si élogieux sans la transhumance. Tout semble montrer, en tout cas, que les présidents sénégalais ont besoin de la transhumance pour gouverner.

Le Président Macky Sall s'est moins servi de la transhumance pour gouverner le Sénégal. Cela pour 2 raisons à mon avis.

- Le président Sall s'appuie sur une alliance avec des hommes d'état qui jusque là jouent le jeu tout en gérant leurs intérêts et ceux de leurs partis. .

- Le Parti du Président, l’APR, a refusé d'accueillir les transhumants dès le début de la magistrature du Président Macky Sall. Finalement les transhumants sont retournés dans leurs partis d'origine ou sont allés ailleurs. Est ce bien pour le pouvoir ? On verra.

La transhumance est une réalité dans beaucoup de secteurs d'activités au Sénégal. Les journalistes sont des transhumants et ce n'est pas condamnable à mon avis. Ces professionnels de l’information et de la communication doivent être libres de monnayer leur talent là où ils s'épanouissent le mieux. Les universitaires transhument aussi et cette transhumance est appelée communément fuite des cerveaux. Les ingénieurs transhument également pour mieux se « vendre », etc.

Les partis politiques encouragent tous la transhumance et cela est facilement vérifiable. Tous les moyens sont bons pour réussir les opérations TOXU, méthode utilisées par le Grand Parti pour saigner l’AFP. Les transhumants sont fêtés, exhibés, comblés de cadeaux de toutes natures et chantés par les partis politiques. Des meetings publics, meetings de ralliement, sont organisés à leur honneur pour les intégrer avec des financements colossaux. Les partis politiques s’enorgueillissent en montrant à la télé leurs transhumants. Un transhumant qui n'organise pas un meeting de ralliement est généralement mal intégré dans son nouveau parti.

Les partis politiques sont donc mal placés pour condamner la transhumance.

La transhumance est une manifestation de la liberté individuelle et le législateur n'a pas le pouvoir de l’interdire constitutionnellement. Cependant, si les partis politiques le veulent bien, il n y aura plus de transhumants au Sénégal.

Dans l'intérêt de notre pays, polissons les relations entre hommes politiques, entre hommes politiques et acteurs de la société civile. Portons le débat politique sur le terrain du développement et de la citoyenneté. Positivons nos débats et nos actions sans démagogie.

Il y a vraiment nécessité d'opérer une rupture dans notre façon de faire de la politique et de gérer nos relations communicationnelles et c’est une des clefs du développement de notre cher Sénégal.

Pr Demba Sow
Ecole Supérieure polytechnique de l’UCAD