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Prise en charge des diabétiques: Le Covid-19 a tout aggravé

La prise en charge des diabétiques devient de plus en plus difficile. Le taux de mortalité, lié aux infections par le Covid-19 en Afrique, est nettement plus élevé chez les personnes diabétiques. Au Sénégal, la pandémie a provoqué la baisse du niveau de consultation et réduit les capacités litières du centre Marc Sankalé.


Rédigé par leral.net le Samedi 13 Novembre 2021 à 12:17 | | 0 commentaire(s)|

Prise en charge des diabétiques: Le Covid-19 a tout aggravé
Le fardeau pour la prise en charge du diabète, en Afrique, est de plus en plus lourd. L’Organisation mondiale de la santé (Oms) a publié une étude tirée des données issues de 13 pays et portant sur les affections sous-jacentes ou les comorbidités chez les Africains testés positifs au Covid-19. «Il ressort de cette analyse que le taux de létalité du Covid-19 est de 10,2 % chez les patients diabétiques, contre 2,5 % pour l’ensemble des patients atteints de Covid-19. Le taux de létalité de la Covid-19 chez les personnes atteintes de diabète était également deux fois plus élevé que chez les patients souffrant de n’importe quelle autre comorbidité. Sans compter le diabète, les trois affections sous-jacentes associées aux taux de létalité dus auCovid-19 les plus élevés incluent le Vih et l’hypertension», dévoile l’Oms, en prélude à la Journée de lutte contre le diabète prévue demain.

Il faut savoir que ces données ont été fournies par le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, l’Eswatini, la Guinée, la Namibie, le Niger, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Rwanda, les Seychelles, Sao Tomé-et-Principe, le Tchad et le Sénégal. Interrogée sur la situation de notre pays, Pr. Maïmouna Ndour Mbaye, cheffe de l’Unité de médecine interne à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et directrice du Centre national de lutte contre le diabète Marc Sankalé, explique l’impact du Covid-19 sur la prise en charge du diabète : «La pandémie a provoqué des perturbations considérables dans les services de soins du diabète et des maladies non transmissibles en général. Les infrastructures et le personnel de soin ont été affectés à la riposte au Covid-19. Par exemple, dans notre département de diabète, 20 lits sur 40 ont été affectés aux cas de Covid-19. Des activités considérées comme non urgentes, telles que le contrôle systématique des complications chroniques du diabète, ont été repoussées, y compris les rendez-vous de suivi.»

Elle enchaîne : «La progression du diabète au Sénégal est semblable à celle du reste du monde. Bien que la collecte de données ne soit pas faite systématiquement, la première étude à l’échelle nationale effectuée en 2016 a montré une prévalence de 3,4 % chez les personnes âgées de 18 à 69 ans et de 7,9 % chez les plus de 45 ans. Les statistiques hospitalières, notamment celles du Centre national de lutte contre le diabète, donnent aussi une bonne idée de la progression : dans les années 1980, 200 nouveaux cas en moyenne étaient signalés chaque année. Depuis 2005, ceci a augmenté jusqu’à près de 2500 nouveaux cas par an. A l’heure actuelle, près de 60 000 patients diabétiques de toutes les villes du Sénégal, et même des pays voisins, sont suivis.»

A cause de la pandémie, note Pr. Mbaye, le nombre de consultations a augmenté de plus de 20 % entre 2018 et 2019. En 2020, ce nombre a considérablement chuté, du fait de la pandémie du Covid-19. «La progression rapide du diabète est l’un des principaux défis du Centre national de lutte contre le diabète, dont la capacité de gestion des cas a été largement dépassée. Ceci a un impact sur la qualité des soins du patient : au lieu de faire des examens tous les deux ou trois mois tel qu’il est recommandé, nous ne pouvons fournir que deux, ou même une seule consultation, par an», alerte la responsable du Centre Marc Sankalé.

Il faut noter qu’environ 24 millions de personnes vivent avec le diabète en Afrique en 2021, selon la Fédération internationale du diabète, et le continent devrait connaître la plus forte augmentation du nombre de cas de diabète dans le monde. En effet, le nombre d’Africains souffrant de cette maladie devrait atteindre 55 millions d’ici à 2045, soit une augmentation de 134 % par rapport aux données disponibles en 2021, prévient l’Oms. «L’Afrique est le continent comptant le plus grand nombre de personnes qui ne connaissent pas leur statut pour le diabète. On estime ainsi que 70 % des personnes diabétiques ne savent pas qu’elles sont touchées par cette maladie», note l’Oms.

Aujourd’hui, la prise en charge du diabète est un fardeau pour la plupart des pays africains fortement touchés par la maladie. Alors que les personnes atteintes de diabète ont été jugées prioritaires dans tous les pays du monde pour recevoir des doses de vaccin anti-Covid-19, cette stratégie n’a pas été appliquée en Afrique où l’accès aux vaccins reste limité. Jusqu’à présent, seulement 6,6 % de la population africaine est entièrement vaccinée contre la Covid-19, contre une moyenne mondiale de 40 % environ. Les données issues de 37 pays indiquent que, depuis mars 2021, plus de 6,5 millions de doses de vaccin anti-Covid-19 ont été administrées à des Africains présentant des comorbidités, soit 14 % de toutes les doses administrées jusqu’à présent. Les efforts visant à donner la priorité aux personnes souffrant de comorbidités, comme le diabète, s’accélèrent ; près de la moitié de ces 6,5 millions de doses ayant été administrées au cours des deux derniers mois. Cependant, beaucoup reste à faire pour que les personnes à haut risque reçoivent effectivement les vaccins dont elles ont besoin.







Le Quotidien

Ndèye Fatou Kébé