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Procès Habré : Macky rend la gifle à Deby et "punit" cruellement les victimes sans le savoir


Rédigé par leral.net le Vendredi 28 Décembre 2018 à 08:21 | | 0 commentaire(s)|

Mission à moitié accomplie. C’est ainsi qu’on pourrait qualifier le procès de l’ancien président tchadien, Hissein Habré, organisé par le Sénégal à Dakar. En effet, après sa condamnation, à Dakar par les Chambres Africaines extraordinaires, la seconde étape consistant en l’indemnisation de ses victimes piétine encore.

Faute de moyens conséquents du  »bourreau » pour indemniser ses victimes, un fonds spécial a été créé à cette fin. Et des donateurs sont prêts à mettre la main à la poche. Seulement le Sénégal qui est le pays le mieux qualifié pour abriter ce fonds, refuse de l’abriter par pure vengeance.

Le Président  Sall croit devoir rendre la gifle à lui administrée par Idriss Deby, en refusant de retirer son candidat en faveur de celui du Sénégal (Abdoulaye Bathily), lors de la dernière élection du président de la Commission de l’Union africaine. La politique a donc clairement pris le dessus un dossier judiciaire. Conséquence, après le procès l’espoir des  victimes s’est effondré, beaucoup sont en train de mourir sans réparation.

Suite à la  reconnaissance du préjudice subi lors du procès, les victimes de Hissène Habré attendaient réparation. Mais depuis la fin de ce procès historique elles sont toujours dans l’expectative. Beaucoup sont en train de mourir avant d’avoir été indemnisé au grand regret de leurs avocats, notamment Me Assane Dioma Ndiaye. Au Tchad, l’avocate Cathérine Moudeina serait harcelée par des victimes.

En vérité, il faut une bagatelle de 82 milliards F CFA pour indemniser les 7396 victimes qui étaient venues à Dakar dans le cadre du procès. Alors que  tout était bien partie après la création du fonds par l’Union africaine destiné à cette indemnisation,  le président Sall  qui s’était personnellement engagé pour la tenue de ce procès, renonce à faire le nécessaire pour le finaliser cette seconde étape qui est la phase d’indemnisation des victimes.

Vengeance contre l' »ingratitude » d’Idriss Deby

Le président sénégalais estime n’avoir pas obtenu la monnaie de la pièce. Il a accepté d’ouvrir le procès à Dakar, de mettre ses infrastructures et des ressources humaines pour la tenue du procès. En retour, lorsqu’il y avait un poste à prendre à la présidence de la Commission de l’Union africaine, le Tchad aurait dû, en guise de reconnaissance, se retirer tranquillement en faveur du Sénégal. Mais le Tchad a préféré maintenir son candidat Moussa Mahamat Faki qui est aujourd’hui président de la Commission de l’Union africaine contre Abdoulaye Bathily, le candidat du Sénégal d’alors.

A la demande expresse de l’union africaine, le Sénégal avait accepté d’organiser le procès de l’ancien président tchadien Hissein Habré, réfugié à Dakar avec sa famille depuis son renversement en 1990 par l’actuel président tchadien, Idriss Deby. A cet effet, l’Etat du Sénégal a revu son arsenal juridique, puis les Chambres africaines extraordinaires furent créées.

Le procès se tient pendant au environ un an. Il fut financé à hauteur de 18 milliards de franc CFA, principalement par des bailleurs de fonds étrangers. Les présumées victimes y ont été amenées du Tchad dans la capitale sénégalaise pendant toute la durée du procès. Elles ont chacune été confrontées à Hissein Habré, leur présumé bourreau. Certaines ont à cette occasion, revécu la douleur et l’émotion des tortures, voire de la mort, qu’on leur a fait subir ou fait subir à leur proche ou parent.

Le procès s’est déroulé normalement et comme on pouvait s’y attendre sans surprise, Hissène Habré (74 ans) a été condamné le 30 mai 2016 après l’ouverture du procès le 20 juillet 2015. Une condamnation à perpétuité pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité », « tortures » et « viols » par les Chambres africaines extraordinaires (CAE). Habré  purge encore sa peine à Dakar.

Habré trop pauvre pour indemniser ses victimes

La peine sera confirmé 7 mois plus tard par la Cour d’assises d’appel en l’absence même de Habré, qui refuse toujours de reconnaître la cour d’exception qui le juge. D’ailleurs en première instance, il a souvent été amené de force à la barre et il refusait de prendre de répondre à quelque interpellation que ce soit de la cour. Mais des avocats avait été commis d’office pour lui, pour le représenter contre sa volonté. Parce que M. Habré avait lui-même commis des conseillers qui, eux, ont opté pour le boycott à la demande de leur client.

Pour la première fois, le tort aux victimes a été reconnu. Mais cela n’était que la première phase. Une deuxième phase, capitale pour les victimes devrait être l’indemnisation. Chaque victime devrait bénéficier d’une indemnisation de 10 millions à 20 millions selon le préjudice subi. Et le coût global de l’enveloppe nécessaire pour la réparation de toutes les victimes répertoriées, était de 82 milliards de francs CFA.

Seulement les biens répertoriés de Hissein Habré sont très largement insignifiants pour cette indemnisation. C’est alors comme il est de coutume dans les tribunaux d’exception, il est demandé la création d’un fonds qui serait alimenté par des bailleurs de fonds, notamment ceux ayant participé au financement du procès ou toute autre bonne volonté.

Ce procès a été jugé d’ «historique» sur le continent par les organisations de défense des droits de l’homme. Parce que cela a donné l’impression de la fin de l’impunité. Pour la première fois, un ancien chef d’Etat a été jugé par un tribunal africain pour violation des droits de l’homme, notamment pour des crimes que la Cour pénale internationale a compétence à juger.

«Un ancien dictateur n’avait encore jamais été personnellement reconnu coupable de viol par une cour internationale », a souligné le juriste américain Reed Brody, qui travaille avec les victimes du régime. Habré depuis 1999 pour le compte de l’ONG Human Righ Watch. Une commission d’enquête tchadienne avait estimé le bilan de la répression sous son « règne» à quelque 40 000 morts. Chiffre que beaucoup mettent en doute parce que l’enquête ne serait pas "objective". Vu la situation dans laquelle  se trouve les victimes, Senghane Senghor,  le chargé des questions  de Paix et sécurité à la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme, se demande s’il fallait vraiment organiser  ce procès.






Senenews

Alain Lolade