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Procès Hissein Habré : Un ancien collaborateur se braque et révèle les circonstances de la mort d'Idriss Miskine

Amputé d’une jambe et portant actuellement une prothèse, Djede Kourtou Gamar est un ancien directeur de l’Agence tchadienne de presse et ancien directeur de la radio « libre du Tchad » et du quotidien « El Watane ». Présentement Directeur de Cabinet du ministre des Infrastructures, Djede Kourtou Gamar est revenu sur ses relations avec Hissein Habré et les causes de la mort du leader des Hadjaraïs, Idriss Miskine.


Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Octobre 2015 à 08:24 | | 1 commentaire(s)|

Procès Hissein Habré : Un ancien collaborateur se braque et révèle les circonstances de la mort d'Idriss Miskine
« J’étais avec trois journalistes lorsque la voiture de la Bsir nous a pris en chasse. Les faits se sont déroulés le 03 mars 1983. Lorsque la voiture est arrivée sur nous, ils ont tiré des rafales sur notre voiture. J’ai été touché au mollet et le sang a giclé. Ils ont essayé de me tirer de la voiture, mais les gens du village sont sortis et ils sont partis. C’est alors qu’ils m’ont amené à l’hôpital », a déclaré M. Djede Kourtou Gamar qui a perdu une jambe au cours de ces événements. « On a essayé de m’éliminer en 1983. On m’a attaqué lorsqu'il y a eu une certaine méfiance entre Habré et Miskine. Cette attaque visait à m’éliminer. Car, j’étais le seul cadre de la communauté des Hadjaraïs à suivre Hissein Habré dans le maquis », informe-t-il. M. Gamar d'indiquer que lorsqu’il est revenu de l’hôpital en 1984, après son évacuation au sud de la France pour une rééducation, l'ancien Président Hissein Habré a envoyé un de ses ministres et secrétaire général pour s’enquérir de ses nouvelles. Il l’a nommé directeur de la radio en 1984. Aussi, narre-t-il : « M. Habré m’a rencontré pour me dire que les gens disent que c’est moi qui aie voulu le tuer, mais ce n’était pas moi ». La collaboration entre les deux hommes s’est poursuivie, malgré les déboires de l’un et la chasse aux Hadjaraïs qui a atteint son summum en 1987.

Selon l’ancien responsable de la radio « libre du Tchad » et du quotidien « El Watane », pendant la conquête du pouvoir de Hissein Habré, la popularité d’Idriss Miskine a créé des jaloux dans l’entourage de l'ancien Président du Tchad et Habré même. « C’était, Habré lui-même qui avait attaqué publiquement Idriss Miskine lors d’un point de presse en disant que son pouvoir était très menacé », renseigne-t-il précisant que « c’est en 1983 que le problème des Hadjaraïs a commencé ». Ainsi, soutient-il, cela a abouti à la mort de Idriss Miskine. « Oumar Adamou était un homme de confiance de Hissein Habré, il a invité Idriss Miskine pour un repas chez lui en janvier 1984. Miskine s’est rendu à cette invitation. C’est au courant même de ce déjeuner qu’il a senti le malaise », révèle-t-il ajoutant qu’il s’est rendu chez Miskine vers 17 heures et l’a trouvé en train de baver. Dans la même nuit, Miskine a rendu l’âme.

La mort de l’ancien collaborateur et leader des Hadjaraïs a soulevé des soupçons. Pour lui, personne dans la communauté n’a osé lever le ton dans la communauté des Hadjaraïs, mais ils se sont regroupés après la mort de Miskine pour créer un fond pour aider les Hadjaraïs. « Pendant le règne de Hissein Habré, je n’ai jamais vu quelqu’un porter plainte contre quelqu’un au Tchad. Personne ne pouvait penser porter plainte contre un proche de Hissein Habré ou un homme de main de Habré. Si tu t’aventures à le faire, tu te retrouveras dans un trou », révèle-t-il.

Le journaliste a, par ailleurs, informé aux Cae les raisons qui l'ont poussé à porter plainte contre son ancien compagnon d’armes. « J’ai porté plainte pour deux raisons : je suis handicapé à vie. J’ai beaucoup souffert et je continue à le faire. La deuxième raison, je suis un intellectuel et j’ai assisté à beaucoup de choses que j’ai besoin de relater », renseigne-t-il.