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Procès Imam Ndao et Cie- Me Mamadou Guèye : « Le procureur a tenté de diaboliser Mohamed Ndiaye...»

C’est la reprise du procès d’Imam Alioune Ndao et Cie ce jeudi 18 avril, devant la Chambre criminelle spéciale de Dakar. Suite au réquisitoire virulent du procureur Aly Ciré Ndiaye contre les 21 accusés sur les 29, lundi dernier, c’est la défense qui a démarré ses plaidoiries. Constitués pour Mohamed Ndiaye, alias Abu Youssouf qui risque la perpétuité, Mes Mamadou Guèye et Ndéné Ndiaye ont plaidé l’acquittement à titre principal et une application bienveillante de loi, à titre subsidiaire.


Rédigé par leral.net le Jeudi 17 Mai 2018 à 17:38 | | 0 commentaire(s)|

Procès Imam Ndao et Cie- Me Mamadou Guèye : « Le procureur a tenté de diaboliser Mohamed Ndiaye...»
Certes, les avocats de Mohamed Ndiaye, alias Abu Youssouf, précisent que leur client s’était rendu dans le fief de Boko Haram. Mais, il n’a jamais combattu auprès de cette secte. Même si sous le coup de la contrainte, il a eu à subir des entraînements physiques sur les lieux.

« On a des accusés qui portent leur religion dans leur cœur. Mohamed Ndiaye s’était rendu au Nigéria pour apprendre sa religion. Mais le procureur a tenté de diaboliser mon client, en collant son surnom Abu Yousouf à celui du terroriste égyptien qui appartient à la branche salafiste. Alors que mon client a dit clairement que c’est l’un de ses fils qui s’appelle Youssouf. Il n’a jamais été un spécialiste des explosifs. Il n’a subi  que des entraînements physiques dans le fief de Boko Haram sous le coup de la contrainte. Donc les conditions de l’article 279 qui sanctionne le crime d’acte de terrorisme, ne sont pas réunies. Car, il manque l’élément moral pour entrer en voie de condamnation », plaide Me Mamadou Guèye.

Poursuivant, la robe noire d’attaquer le Ministère public: « Le dossier est un immense vide. Le procureur n’a pas pu prouver ses accusations. Il s’est limité à nous servir un documentaire sur Boko Haram, des pages Facebook, des enregistrements audio… Je crois que le Sénégal est en train de mener une lutte qui n’est pas sienne ! Même si on a voulu seulement frapper les esprits en disant que le Sénégal l'a échappé belle.  Parce que tous les accusés ont nié d’avoir un projet d’instauration d’une cellule Djihadiste. Au contraire, ils ont tous regretté leur voyage. Mais, le procureur a fait de la théâtralisation, en tentant d’entrer dans leurs esprits ».   

Me Ndéné Ndiaye soutient: « Mohamed Ndiaye est un garçon qui manque de repères. Raison pour laquelle, il  a été un proie facile pour le recruteur de djihadistes, Aboubacry Gueye ».

Lors de sa plaidoirie, Me Ndéné Ndiaye a justifié le voyage de son client, plein de « désillusions », en revenant largement sur sa vie pour convaincre le juge de son innocence.  « Mohamed Ndiaye est né le 3 mars 1984 à Libreville (Gabon),de mère et de père sénégalais. C’est à l’âge de deux ans qu’il a été rapatrié au Sénégal et confié à son grand-père qui n’a pas les moyens de joindre les deux bouts. A 6 ans -7 ans, il intègre l’école française qu’il abandonne en classe de CE2. Il fait des études coraniques pendant une année avant de faire la mécanique, la maçonnerie pour atterrir dans la pêche. A l’âge de 23 ans, il se marie et commence à faire la navette entre la Mauritanie et le Sénégal.

 C’est dans ces circonstances qu’il a fait la connaissance du nommé Aboubacry Guèye à Rosso, recruteur de djihadistes. Comme, c’est un garçon qui manque de repères vu son parcours, il a été une proie facile pour Aboubacry Guèye, qui a réussi à l’enrôler. Mais, une fois au Nigéria avec ses co-accusés, quand ils ont su que la Charia n’était pas appliquée là-bas, vous avez vu qu’ils ont négocié avec Abubacar Shakau pour rentrer au Sénégal », défend Me Ndiaye.

Qui poursuit : « Mohamed Ndiaye est retourné en Mauritanie. Cinq mois après, il a été arrêté là-bas et extradé. Et même s'il a eu à commettre des actes de terrorisme au Nigéria comme mentionné par les enquêteurs dans le procès-verbal qui ne sert qu’à titre de simple renseignement. Il ne l’a pas fait contre l’Etat du Sénégal. Donc, je vous demande monsieur le juge, si vous êtes convaincu de sa culpabilité, de lui faire une application mesurée de la loi. Parce que demander la perpétuité pour un jeune 34 ans qui a commis une erreur et sans une quelconque preuve, c’est inhumain ».   



 
 
Kady FATY Leral