leral.net | S'informer en temps réel

Procès pour terrorisme: Devant la barre, Imam Alioune Ndao nie tout et explique sa conception du Jihad


Rédigé par leral.net le Jeudi 3 Mai 2018 à 15:22 | | 0 commentaire(s)|

Comme annoncé par Leral, le procès pour terrorisme qui implique une trentaine de personnes est entré depuis lundi dans une face décisive, avec l’audition des deux principaux accusés : Matar Diokhané et Imam Ndao. C’est ce dernier qui comparaît ce jeudi devant la barre. Il était tout de blanc vêtu dans un caftan, barbe bien taillée.

Comme ses prédécesseurs, le religieux a nié les faits qui sont reprochés. Il dit ignorer tout des agissements de ses co-prévenus dont certains avaient rejoint les rangs de Boko Haram. Même s’il reconnait que le nommé Ibrahima Diallo alias Abu Omar lui a remis les sommes de 1500 euros (1 million de francs) en guise de prêt et 25 billets de 500 euros (8 millions de francs) à titre de dépôt, l’imam de Kaolack dit ignorer l’origine des sommes d’argent.

Contrairement aux déclarations de son co-accusé devant le juge d’instruction qui auraient précisé au religieux qu’il revenait du fief de Boko Haram et il ne savait pas quoi faire avec sa fortune.

« J’ai connu Ibrahima Diallo par le biais de Matar Diohané. Lors de notre première rencontre, il était venu récupérer le livre de Matar. La deuxième fois, il m’avait sollicité dans le cadre d'un contrat de travail pour enseigner dans mon Daara. C’est suite à cela, qu’il est revenu avec les sommes d’argent en me demandant si je n’avais pas des problèmes à régler dans mon Daara. Comme j’avais besoin d’installer des panneaux solaires dans mes champs, je lui ai emprunté les 1500 euros. Et, il m’a confié les 25 billets de 500 euros en me disant qu’il revenait du Nigéria et non de Bokko Harram et il envisageait d’ouvrir une boutique de quincaillerie », explique l’accusé.

« La Charia ne peut être appliquée au Sénégal, sans la volonté du peuple »

Pour ce qui est du présumé projet d’instauration d’une cellule Djihadiste au Sénégal par son acolyte Matar Diokhané, l’accusé a souligné qu’il n’a jamais été au courant d’un tel projet. A l’en croire, depuis que Moctar a quitté Kaolack, il ne l’a revu qu’une seule fois et c’était lors d’une conférence au Stade Amadou Barry. A cette occasion, le présumé recruteur Djihadistes lui a remis un tract dans lequel, il appelait tous les musulmans à l’unité. Mais il ne lui a jamais offert de l’argent. Même le fils adoptif de sa troisième épouse qui étudie dans son Daara, fait partie des cas sociaux. « De retour du Nigéria, il est passé en mon absence deux fois chez moi. Et ce sont les membres de ma famille qui m’en ont informé parce qu’en ce moment, j’étais parti à Dianwar pour animer des conférences comme on était au mois de ramadan», a-t-il précisé.

A la question du juge de savoir, s’il est prêt pour l’application de la Charia au Sénégal, l’accusé de rétorquer : « La charia est la loi de Dieu sur terre. Mais pour son application au Sénégal, il faut une adhésion de tous les citoyens parce que l’islam ne recommande pas la contrainte».

Dans la même veine, l’accusé de soutenir qu’il y a trois formes de Jihad. « La première c’est le fait de faire des efforts pour connaitre sa religion et l’appliquer. La deuxième c’est le fait pour un musulman de partager sa richesse avec ses concitoyens. C’est la troisième forme du Jihad qui fait appel à la force comme l’avait pratiqué le prophète Psl lors de ses différentes batailles. Mais ce qui se passe en Lybie, Nigéria… est en déphasage avec le Jihad. Mes co-accusés ont été trompés par les personnes qui ont interprété les textes. Ce sont des jeunes qui ont commis des erreurs et je pense qu’ils doivent être pardonnés. Parce que l’erreur est humaine », a-t-il plaidé.

La preuve ajoute-t-il, « lorsque mon voisin Saliou Ndiaye alias Baye Zale m’avait informé de son projet de voyage en Afghanistan, c’est moi qui l’en a dissuadé. Je lui ai dit que le Jihad pour toi, c’est de bien s’occuper de ton épouse, de ses enfants et de tes parents ».





Kady FATY, leral.net