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Professeur Abdoul Kane : « La cardiologie fait encore face à des contraintes »

Soigner les maladies cardiovasculaires coûte cher. Dans cet entretien réalisé en marge du 5e Congrès des cardiologues, le professeur Abdoul Kane fait le point sur les innovations et les difficultés dans la prise en charge. Il souligne la nécessité d’équiper les hôpitaux à Dakar et dans les régions, et surtout fait un plaidoyer pour que l’Etat subventionne les traitements qui coûtent des millions.


Rédigé par leral.net le Dimanche 13 Décembre 2020 à 09:07 | | 0 commentaire(s)|

Professeur Abdoul Kane : « La cardiologie fait encore face à des contraintes »
Aujourd’hui, prendre en charge un syndrome coronarien, c’est-à-dire une crise cardiaque, la prendre en charge dans les mêmes conditions et les mêmes modalités, cela parait à une lueur, c’est possible. Quelqu’un qui fait une mort subite et à qui on doit mettre un défibrillateur, c’est techniquement possible et l’expertise existe.

Après, je pourrais vous dire que, malheureusement, un de ces soins va monter à 1 million-1,5 million. Pour d’autres, on dépasse les 5-6 millions. Aujourd’hui, on parle de l’accessibilité. Vous imaginez bien que beaucoup de Sénégalais qui auront besoin de cette technologie-là, malheureusement, ne pourront pas payer. Et cela limite l’activité. Si vous vouliez implanter 10 Sénégalais, les 9 ne pourraient pas sortir 1 million, a fortiori 5 millions.

Les contraintes auxquelles fait face la cardiologie au Sénégal

Les contraintes, c’est d’abord lié à l’équipement de nos structures. Il faut vraiment faciliter l’implantation de cette nouvelle technologie qui est très diverse. Cela va de l’IRM au scanner, en passant par ce qu’on appelle la coronarographie, les centres de rythmologie. On a besoin de tout cela.

On a aussi besoin d’appareils pour dépister l’apnée du sommeil, parce qu’on s’est rendu compte que les gens qui ont des troubles du sommeil risquent de faire une maladie du cœur. On a besoin d’avoir des centres de réadaptation, c’est-à-dire, dans nos structures de soins, ou en dehors, on doit avoir des lieux où les malades peuvent faire des exercices physiques, bénéficier d’une séance thérapeutique. Ce qui existe très peu dans notre pays.

Son plaidoyer pour une amélioration considérable

Il y a plusieurs facettes de la cardiologie qui doivent être aujourd’hui plus renforcées au Sénégal. Et quand je dis au Sénégal pas Dakar, c’est parce qu’on a quelques centres, certes, pas nombreux, mais qui s’arrêtent à Dakar. Il faut penser à l’égalité des territoires, penser aux autres villes du Sénégal. Mais il faut qu’on renforce mieux l’hôpital public, mieux ces centres et nos structures de santé sur les différents outils. Cela va de l’électrocardiogramme aux analyses de biologie qui ne sont pas toujours accessibles.

Il y a la salle de coronographie qui existe, mais qu’il faut renforcer. C’est tout cela qu’il faut mettre en place et accompagner par l’Etat. Parce qu’une chose est d’avoir les outils pour que les Sénégalais puissent se soigner par rapport à l’accessibilité géographique, mais l’autre est aussi financière. Que tout cela soit subventionné.

Rien n’est plus terrible que de devoir soigner quelqu’un et qu’on se mette à lui dire de surveiller ses moyens, parce que sa vie dépend des moyens dont il dispose. Donc, je pense que ces urgences doivent être absolument subventionnées. C’est un plaidoyer important. Quelqu’un qui a une urgence qui arrive à l’un de nos hôpitaux, aujourd’hui, il doit être pris en charge, quel que soit le coût. La personne peut après payer, si elle a une assurance-vie. S’il ne peut pas, je pense que ce serait bien que l’Etat prenne le relais et que les médecins ne posent pas de question en face de cette urgence et fassent leur travail.

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