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Quand le Président menait les écrivains en bateau

En décembre dernier, au cours d’un Conseil des ministres tenu juste après la fin de la Foire internationale du livre et du matériel didactique (Fildak) — laquelle s’était étalée du 16 au 21 décembre 2013 —, le président de la République avait fait une longue communication consacréeà la politique gouvernementale du Livre. A cette occasion, il avait annoncé une batterie de mesures destinées à soutenir ce secteur. Il avait aussi fait part de son intention d’organiser un conseil interministériel 
sur le Livre et la Lecture… dans la première quinzaine de l’année 2014. Un conseil interministériel qui ne s’est toujours pas tenu.


Rédigé par leral.net le Mardi 8 Avril 2014 à 18:52 | | 0 commentaire(s)|

Quand le Président menait les écrivains en bateau
Après ce dernier Conseil de ministre de l’année 2013 et les déclarations du premier protecteur des Arts qu’est le président de la République relatives au Livre et la Lecture, des écrivains n’avaient pas hésité à prendre leurs plus belles plumes pour saluer les déclarations du chef de l’Etat. Ils étaient tellement enthousiastes du fait que le Président Sall répondait par cette communication en Conseil des ministres à leurs principales doléances qu’ils ne s’étaient pas privés de saluer avec des accents de griotisme ses recommandations.

Une sortie qui survenait juste après le succès de la 14èmeédition de la Foire internationale du livre et du matériel didactique qui s’était tenue du 16 au 21 décembre dans notre capitale. Et même s’il n’a pas visité cette foire,le président de la République avait dû avoir des échos de sa réussite. En effet, en plus de saluer le succès de cette foire, le chef de l’Etat avait aussi tenu à magnifier, au nom de la Nation, l’œuvre de toutes les générations d’écrivains sénégalais qui ont activement contribué au développement de notre culture, à l’éducation des citoyens et au prestige du Sénégal. Une manière pérenne de montrer aux écrivains tout l’intérêt qu’il porte à leur travail intellectuel. Et ce n’est pas tout.

D’un ton ferme, il avait aussi invité le Gouvernement à engager, « sans délai », l’exécution d’un Plan national de réhabilitation des bibliothèques et des centres de lecture et à veiller, dans chaque établissement scolaire et universitaire, au bon fonctionnement des bibliothèques. Des vœux pieux qui attendent toujours d’être traduits en actes. Car apparemment rien n’a été réalisé jusqu’à présent des promesses présidentielles. En effet, des bibliothécaires que nous avons interrogés disent toujours attendre l’exécution de cette décision présidentielle. Et au niveau des établissements scolaires, la même réponse est servie.

Pourtant, l’exécution de cette décision du Président permettrait à beaucoup de nos écrivains de mieux vivre de leur art, eux dont les ouvrages sont souvent en souffrance chez l’éditeur ou dans les librairies. Or, si l’Etat parvient à doter en livres les établissements scolaires mais aussi les bibliothèques publiques, ce serait du pain béni pour des écrivains qui peinent à écouler une dizaine de livres chacun.

Au cours du même Conseil des ministres décidément fertile en promesses à l’endroit du monde culturel, le président de la République invitait aussi le Gouvernement « à renforcer exceptionnellement et substantiellement les ressources allouées au Fonds d’aide à l’édition, en vue d’accroître le nombre de publications de livres, sous le double sceau de la qualité et de l’accessibilité ».



S’agissant de ce point précis, et d’après des sources contactées par nos soins, le montant du fonds serait passé de 600 millions à un milliard de francs tandis que les conditions d’octroi seront plus rigoureuses que par le passé lorsque ledit fonds était géré dans une opacité absolue. Il faudra sans doute attendre la mise en place effective de la dotation budgétaire de ce fonds avant de s’en féliciter publiquement… Mais toujours est-il que, si cette augmentation était avérée, elle constituerait une sérieuse bouffée d’oxygène pour nos écrivains. Lesquels, encore une fois, tirent le diable par la queue.

Lors de ce Conseil des ministres, le chef de l’Etat qui,visiblement, tenait à montrer tout l’intérêt qu’il porte aux écrivains, avait décidé de leur faire oublier leurs soucis quotidiens. Hélas, trois mois après sa tenue, les choses restent toujours en l’état pour ne pas dire que rien n’est fait. En effet le Président avait, en outre, demandé au Gouvernement d’appuyer davantage les maisons d’édition, notamment au plan fiscal, afin de rendre le coût du livre moins onéreux pour les éditeurs et donc plus accessible pour les populations, en particulier les élèves, étudiants, enseignants et autres lecteurs. 
Des directives qui attendent toujours d’être exécutées.

De même, on attend toujoursla mise en œuvre du plan de restructuration des Nouvelles Editions africaines du Sénégal (Neas). Idem de la relance du Grand Prix du Président de la République pour la promotion du livre. Un prix appelé à n’intéresser que les écrivains et qui devrait remplacer celui initié par l’ancien chef de l’Etat, M. Abdou Diouf, et qui portait l’appellation de « Grand prix du chef de l’Etat pour les Arts et Lettre ». Et c’est justement en concluant sa communication que le chef de l’Etat avait demandé au Premier ministre d’organiser « dans la première quinzaine de 2014 », un Conseil interministériel sur le Livre et la Lecture.

Des recommandations restées lettres mortes à moins que le Premier ministre ne juge le Livre et la Lecture de peu d’intérêt, elle qui avait pourtant promis lors sa nomination d’ « accélérer la cadence » gouvernementale. Quant au président de la République, il avait aussi promis de recevoir en audience, à l’issue de la séance, la communauté des écrivains du Sénégal, en vue d’arrêter le Plan national de Relance de l’Ecriture du Livre et de la Lecture (PERLE).


Tout cela, c’était en décembre dernier, mais rien n’a été fait depuis lors. Cela dit, c’est vrai qu’il n’y a que trois mois qui se sont écoulés depuis la tenue de ce fameux Conseil des ministres. Or, certaines mesures annoncées, demandent du temps pour être mises en œuvre effectivement. L’essentiel c’et qu’il y ait au moins un début d’exécution de… cette perle de promesses faites ! Ce qui n’est pas le cas, hélas…

ALASSANE SECK GUEYE

Article paru dans « Le Témoin » N° 1159 –Hebdomadaire Sénégalais (AVRIL 2014)